11 déc. 2020
Découvrir le dernier roman de Lyonel Trouillot, ‘‘Antoine des Gommiers’’ (Actes Sud, achevé d’imprimer en novembre 2020 à Lonrai, France et Editions Atelier Jeudi Soir, Port-au-Prince, décembre 2020), c’est un peu entrer dans la tête de cet esprit impertinent, imprécateur farouche parmi les rebelles de notre littérature, tant ce prototype lumineux contenait déjà tout l’imaginaire qu’il allait déployer par la suite : le balayage du pays du côté des bas-fonds, la constance dans certains effets de miroir et de choix thématiques (l’option préférentielle pour les pauvres, l’amour du beau, le goût des contrastes, l’esthétisation des personnages et des événements, l’enfermement ou le confinement des espaces réduits, la multiplicité des personnages),l’errance post-macoute érigée en principe de narration, et une écriture poétique dense tenant lieu de langage – ses romans sont peuplés de ces années perdues à l’image d’une jeunesse en déroute, sans avenir (sacrifiés comme on dit chez nous sur un ton résigné), portant l’échec collectif « à l’écran » comme jamais auparavant.