Depuis Bruxelles, l’appel profond de Sergine André, une passeuse d’images et de mondes
Bruxelles, capitale feutrée d’Europe, bruisse parfois d’échos lointains. Depuis quinze ans, une voix picturale singulière y chemine : celle de Sergine André, plasticienne née à Verrettes, au cœur de l’Artibonite. Si la distance géographique la sépare d’Haïti, son œuvre, elle, n’a jamais quitté les rivages brûlants de la mémoire collective, des esprits, des corps en migration, des mythologies vivantes. Artiste de l’intensité silencieuse, André peint comme on invoque : couleurs telluriques, formes organiques, totems intimes. À travers une monographie magistrale — coécrite avec le géographe Jean-Marie Théodat — elle dévoile les contours d’une œuvre habitée par l’exil, l’errance, les villes rêvées, les seuils entre les mondes. Ce livre, salué à la Foire du livre de Bruxelles par Dominique Gillerot, n’est pas un simple catalogue : c’est une traversée, un appel à l’écoute de l’invisible. En mai 2025, nous reprenons avec elle un dialogue entamé en 2019. L’artiste a poursuivi sa mue, et ses toiles, comme des peaux de silence, racontent sans bruit mais avec puissance ce qui nous relie à l’ailleurs — et à nous-mêmes.