Je vous présente un homme qui a osé tout dire, tout embrasser. Un homme qui a pris la parole non pas pour plaire, mais pour révéler. Walt Whitman est ce poète américain du XIXe siècle qui a transformé la poésie en un espace de liberté totale. Il n’est ni dans le costume ni dans les salons littéraires. Il marche pieds nus sur la terre, il embrasse les corps et les âmes, il célèbre le souffle humain, il chante l’univers dans un brin d’herbe.
Whitman, c’est le poète du « je », mais d’un je qui inclut tous les autres.
Il est le poète du peuple, du quotidien, de la sensualité, de la douleur et de l’extase. Il a écrit dans un pays divisé par la guerre, traversé par l’esclavage, rongé par les contradictions, et c’est dans ce tumulte qu’il a élevé sa voix comme une prophétie d’unité, de chair et de lumière.
Aujourd’hui, je fais résonner sa parole dans notre Haïti blessée mais vivante. Car dans un pays où les balles déchirent, la poésie répare. Dans un territoire fragmenté, la voix de Whitman unit. Face à la brutalité, il offre la tendresse d’une parole sans honte.
Il nous apprend que nos corps sont sacrés, que nos émotions sont légitimes, que penser librement est un acte de résistance. Il nous rappelle que la beauté est une flamme à garder vivante, surtout quand tout semble s’effondrer.
Whitman ne parle pas de loin. Il est avec nous — dans l’air que nous respirons, dans la marche de ceux qui n’abandonnent pas, dans le silence qui précède un cri, et dans la lumière fragile de ceux qui espèrent encore.