Qui donc ira jeter des fleurs au Pont Rouge?
16 oct. 2024
Comme d’habitude, tous les ans, on commémore le 17 octobre 1806. Cette année encore, des discours nous porterons à nous rappeler que Jean-Jacques Dessalines est l’un des pères fondateurs de notre patrie. Il est dans la galerie des héros qui mettent en relief le jour de la proclamation de l’Indépendance d'Haïti, le 1er janvier 1804. Ce 17 octobre 2024, est un jour de repos, un jour de commémoration où moutonneront les mêmes discours. De véritables clichés. Jamais on ne verra affleurer des paroles de vie, jamais ne se produira de l’électricité dans ces mots pour nous rappeler que ceux-là mêmes qui devraient nous guider vers la véritable indépendance d’Haïti sont aussi ces bras qui continuent à assassiner leurs frères de sang. Aujourd'hui, un discours sur l’assassinat de Dessalines ne devrait-il pas porter nos élites à prendre conscience de leur indifférence vis-à-vis de ce peuple abandonné sans éducation, sans école, sans université, sans travail, un peuple livré à lui-même et que l’on indexe partout où il passe sur la terre? Quelle douleur infinie pour un peuple qui court à droite et à gauche comme une poule sans tête! 218 ans après ce crime, Pont rouge devrait-il rester toujours comme un cliché? Lisons, dans Besoin de poème, ce morceau d'anthologie du cofondateur du Spiralisme, René Philoctète. Les mots de notre poète condensent en image et harmonie avec toute une force suggestive, tout ce qui pourrait se dire dans un fleuve verbal.