Ce familier de la grand-messe du livre qui signe ses ouvrages depuis 1997 à l’évènement organisé chaque année par Le Nouvelliste et la Unibank, c’est Prosper Avril, l’homme de Thomazeau qui fêtera ses 86 ans le 12 décembre de l’année en cours. À la 29e édition de Livres en folie, au Karibe, Juvénat, le jeudi 8 juin, cet auteur qui a enfilé plusieurs habits neufs durant son existence (général, ancien président de la République entre 1988 et 1990), accordait ses autographes en qualité d’invité d’honneur.
50 auteurs en signature. 1 180 titres disponibles. À l’ère du numérique, des achats en ligne ont commencé depuis le 5 juin pour prendre fin le 11 de ce mois. C’est dans un tel climat culturel que l’auteur à l’honneur a savouré sa joie. Attablé, entouré d’agents de sécurité et aussi de sa femme qui le couvre de ses yeux admiratifs, Prosper Avril ne cache pas sa satisfaction « Je suis vraiment envahi par les lecteurs. C’est bon signe. Le message est passé. La jeunesse va s’informer sur l’histoire de leur pays. »
Livres en folie débute à 9 heures du matin. À 4 heures, on doit plier bagages. Plusieurs auteurs ont déjà levé l’ancre. Les espaces se vident. Il est cinq heures, l’auteur de « L’armée d’Haïti, Gloire, errements, disgrâce et perspectives d’avenir » continue de signer. Pour lui arracher une interview, il fallait faire vite, dans la file d’attente, les lecteurs ne veulent nullement être dérangés.
On ne s’attendait pas à autant de monde au Karibe, vu la conjoncture sociopolitique à Port-au-Prince. Avril ne paraît pas étonné. « Livres en folie a réalisé des performances autrefois déjà. Le fait par Livres en folie de réaliser cette édition dans la situation actuelle donne la preuve que cet évènement a atteint la démocratisation de l’écriture. Que dire ? De la démocratie tout court », jubile l’auteur.
L’homme, qui aligne à sa table sept titres, voit dans le succès de cette initiative de Le Nouvelliste et de la Unibank le signe de la confiance que les gens attachent à cette grande foire annuelle organisée depuis 1995.
Tablant sur ce qu’il est en train de vivre le temps d’une journée, Avril déclare : « C’est un grand succès, un grand moment de l’histoire. Livres en folie a montré jusqu’à présent que l’Haïtien peut espérer, que ce pays peut revenir à ce qu’il était avant la crise. Un pays où il y a un havre de bonheur et de félicité. »
À l’heure où l’insécurité reconfigure dangereusement la république, dévitalise les consciences politiques, cet ancien homme d’État qui avait écrit Le livre noir de l’insécurité, a réédité ses ouvrages traitant de sujets actuels qui rythment notre vie.
Sur le plan émotionnel, en ce jour de fête, au Karibe, comment vit-il ce rapport avec ses ouvrages et la réalité ?
Prosper Avril confie ce qu’il a longtemps intériorisé : « On ne s’était pas rendu compte que le peuple haïtien c’est un peuple qui sait ce qu’il veut. On ne peut pas changer sa direction aussi facilement. Il a démontré que les livres de Prosper Avril sont très prisés par le peuple. »
Claude Bernard Sérant