Une communauté internationale en mode Ponce Pilate
« Le problème a été créé par les Haïtiens et par les étrangers. Ce sont les deux qui doivent le résoudre. Quand vous dites à l’étranger que c’est un problème Haïtien, on veut que cela soit résolu par les Haïtiens, il est très content. Il devient Ponce Pilate et vous dit de vous débrouiller. Et vous êtes incapables de vous débrouiller pour deux raisons. La première, on l’a vu. Dans les circonstances les plus difficiles, les Haïtiens n’arrivent pas à s’entendre. On n’est pas arrivé à nous entendre après le tremblement de terre de 2010 qui était catastrophique. Nous ne sommes pas arrivés à nous entendre après la mort du président Jovenel Moïse », a expliqué le Dr Pape, profondément choqué par l’assassinat du président Jovenel Moïse, chez lui, par un commando. « C’est clair. A cause des stupidités, des mesquineries, on n’arrive pas à s’entendre alors que le pays est en train de s’effondrer », peste le Dr Jean William Pape.
La demande d’intervention militaire, un aveu d’incapacité honnête du PM Henry
« Quand on me dit par exemple que cette force internationale va venir renforcer le PM Ariel Henry, je trouve qu’on a dépassé ce stade. Actuellement, quelle que soit la personne qui prend le pouvoir, elle ne pourra pas diriger. Pour diriger, il faut avoir une force, une légitimité. Personne n’a de légitimité, personne n’a la force. On a vu que la PNH ne suffit pas », a-t-il dit, estimant « le PM Henry a été assez honnête et courageux de demander une intervention ».
« C’est parce qu’il sait qu’il ne peut pas protéger les vies et les biens. On n’a pas à s’attendre à grand-chose du gouvernement. Il nous a tout dit. Quand il fait appel à l’étranger, c’est parce qu’il sait que le gouvernement ne peut pas et que la PNH ne peut pas », soutient le Dr Jean William Pape.
Enfermés dans une boîte
« Je crois qu’on s’est mis dans un boite parce que l’étranger utilise deux tactiques. La première, c’est qu’il nous a dit que les Haïtiens, le pays ne voulait pas d’une intervention. L’enquête de l’Agerca a montré le contraire, que la majorité des Haïtiens a besoin d’une intervention de façon à pouvoir fonctionner parce que le pays ne fonctionne plus. La deuxième chose est que l’étranger dit que nos partis politiques ne veulent pas d’une intervention. C’est ça qu’ils utilisent », a indiqué le Dr Jean William Pape, estimant « malheureux que sur un sujet aussi crucial que l'insécurité, qu'on ne puisse pas établir une plateforme commune pour avoir une vision commune ».
Cette mascarade que fait le Canada
« Toute cette mascarade que fait le Canada, je trouve que c’est vraiment très malheureux. C’est un pays que je respecte, que j’aime, mais je trouve que le gouvernement canadien à qui on a donné une patate chaude aurait dû dire qu’il n’a pas l’expérience de combattre les bandes armées », a tancé le Dr Jean William Pape. « Cette affaire d’envoyer un avion, des bateaux, je trouve que c’est tout à fait ridicule », a-t-il dit.
Un carnage pour justifier une occupation
« Au fond, ce que moi je vois, c’est que l’internationale attend que la situation pourrisse au point où tout le monde sera à terre, qu’il y aura un carnage et à ce moment-là, elle ne viendra pas uniquement pour fournir une sécurité au pays mais viendra pour occuper le pays. Ce qu’aucun Haïtien ne veut », a dit le Dr Pape qui appelle à de l’honnête, à la reconnaissance de cet échec collectif. « Je pense qu’il faut être honnête. On a échoué, avouons-le. Nous sommes tous coupables, l’étranger aussi. L’étranger doit nous aider et ne peut plus se laver les mains comme Ponce Pilate », a soutenu le Dr Jean William Pape, qualifiant de « blague » les annonces faites pour renforcer la PNH.
Renforcer la PNH pour combattre les bandes armées, une « blague »
« Quand il nous dit renforcer la PNH, c’est une blague. Est-ce qu’il y a un seul pays où la police a pu combattre des bandes armées ? C’est toujours une armée bien équipée et bien entraînée qui le fait. Or, pour des raisons que je ne comprends pas, on refuse d’organiser notre armée. On dit que c’est à cause des méfaits passés de notre armée. Mais l’armée argentine, colombienne, chilienne ont fait bien pire. Je ne comprends pas. Quand la Minustah est arrivée, a souligné le Dr Pape, ce n’est pas une composante police qui était entrée. Plus de 80 % étaient des militaires. Donc, on était en train de nous raconter des histoires ».
On est en train de tuer le pays
« Tout ce que je dis à mes amis qui sont contre cette intervention : donnez-nous la solution. Est-ce que vous pensez que quand vous-même vous serez au pouvoir à la place de M. Henry vous direz à ces bandes armées de rentrer dans leurs trous et de vous laisser gérer le pays ?... Je pense que l’on est en train de tuer le pays », a indiqué le Dr Jean William Pape, qui voit au plus près l’exode au sein de son personnel aux centres Gheskio depuis le programme migratoire de Biden. « On a perdu déjà 112 employés parmi les meilleurs et cela continue avec l’exode, avec Biden. Je ne peux pas leur tenir rigueur », a confié le Dr Pape qui appelle le pays à agir au lieu de se plaindre.