Je me réveille de ce peuple-léthargie jadis debout
qui s’allonge désormais au bord de l’abysse
le matin j’arpente ses territoires primordiaux
la nuit j’emprunte les sentiers
devant le conduire à s’éveiller une fois de plus à son étoile
Par là où tombent ses héros
je m’en vais semer les graines de la liberté pure
partout où gisent les aïeux se dresse mon fidèle panthéon
Je ne m’y réfugierai guère pour autant
je ne l’entourerai ni de gerbes trompeuses ni d’éternel aura
il ne deviendra non plus
le miroir-des-anges dans lequel je m’absorbe au quotidien
ce legs ne vaut que par sa transmission
Le présent voilà l’instrument pour sculpter cet or recuit et ductile
il appartient à chaque héritier
de se mesurer à la trempe reçue
mais chaque génération comparaîtra seule devant l’histoire
pour justifier les usages qu’elle aura faits de sa dévolution
Ainsi toi la mienne
puisses-tu me dire lequel du ciel ou de la terre verra
ou la clarté de ton front
ou le regret de tes mines
quelle main va te tendre Demain
si toi tu ne t’offres à pétrir Aujourd’hui
Je rejoins donc tous ceux qui se réveillent de ce peuple compagnon de soleils
afin que jamais – pour imiter l’autre – il ne soit dit
que le dévouement de ceux qui aiment cette terre est moindre
que l’acharnement de ceux qui travaillent à la détruire
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