Dimanche 5 avril 2020, le pays a déploré officiellement son premier décès. Un homme dans la cinquantaine qui, en plus de la maladie, avait des comorbidités. Ces maladies préexistantes qui prédisposent à une issue fatale en cas de Covid-19.

Deux millions d’Haïtiens sont dans ce tableau. À cause du diabète, de maladies cardiovasculaires, du sida, de la tuberculose et de surpoids, deux millions d’Haïtiens sont fragiles. Y compris tous ceux qui ont plus de soixante-cinq ans qui vivent en Haïti.

Si on souligne les faiblesses de nos capacités hospitalières, nos statistiques de personnes à risque peuvent exploser.

Le Dr Paul Farmer de Zanmi Lasante, grand connaisseur d’Haïti et de ses malades, ne cache pas ses appréhensions. Il dit craindre le Big One sanitaire avec le Covid-19 sur Haïti.

Lundi 6 avril, c’est une autre mauvaise nouvelle attendue qui s’est transformée en réalité. Le pays connaît son premier cas officiel de transmission communautaire. Un malade qui n’a jamais voyagé a attrapé le Covid-19 d’une autre personne touchée. Dans une épidémie, la transmission communautaire est une étape significative.

Il y a cependant des nouvelles rassurantes dans le panorama. Le président Jovenel Moïse a installé une commission multi sectorielles de gestion du Covid-19. Coprésidée par les docteurs Lauré Adrien et Jean William Pape, la commission va renforcer l’action du ministère de la Santé publique et de la Population. La commission, qui réunira secteur privé et secteur public, ONG et institutions internationales, va tenter de redresser la barre. Pas de remplacer le ministère, insiste un article du texte portant sa création. 

La machine qui se bat jusqu’à présent contre le Covid-19 ne convainc pas, communique mal, rassure peu. La commission doit accomplir le miracle de faire Haïti jouer ensemble dans un seul but: battre le Covid-19.

La commission a l’obligation de réussir un exploit. Et nous avons tous intérêts à la supporter dans ses actions. Il y va de la vie dans ce pays. De notre vie. 

Ce lundi, la mairie de Port-au-Prince a organisé, avec le support du MSPP, un séminaire pour les pompes funèbres de la région métropolitaine. Comment enterrer les malades décédés du Covid-19 n'avait pas encore une procédure connue. 

Ce séminaire pour les croque-morts est un pas vers la tombe qui est un pas pour protéger la vie. Le Covid-19 est une pandémie globale qui prend une forme de plus en plus réelle chaque jour en Haïti. Tous ses aspects doivent être adressés des tests en passant par chaque annonce. Des précautions à prendre, de la nécessité des gestes barrières jusqu'aux funérailles. 

En parlant de la létalité du Coronavirus, les USA sont passés d’un mort à dix mille morts en un mois et six jours. Il ne faut pas l’oublier.

Ici, il nous faut espérer un miracle tout en travaillant pour le meilleur chaque jour. C'est une obligation nationale.

Le Dr Pape a raison, Haïti doit jouer comme une seule équipe contre le coronavirus. Nous n'avons pas d'autre choix.