Le lancement de Transe Poétique a réuni pour sa première journée, artistes, représentants de la presse et amateurs des pratiques culturelles dans les locaux du Prince Hôtel. Malgré le climat de la situation politique et sociale tendue, la rareté du carburant, les embuscades dressées sur les voies publiques et les pneus enflammés sur les routes principales à Port-au-Prince, les organisateurs de ce festival affirment une volonté de fer pour sa réalisation et « une urgence de la poésie », comme l’a souligné l’invité d’honneur de Transe Poétique, Jean-Pierre Siméon.
« Il faut sauver en nous ce qui reste d’humain »
Sur cette même lancée, l’écrivain Makendy Orcel, qui animera des ateliers d’écriture dans le cadre de ce festival, a poursuivi en portant un regard sur la poésie qu’il voit comme « une expérience de vie, une forme de résistance et un champ d’action transversale qui permet la rencontre humaine».
Être en Haïti à une période pareille, même pour une première fois, peut procurer un sentiment de déjà vu ou vécu. C’est le cas de Jean-Pierre Siméon, un passionné de la littérature d’ici, qui affirme en de telles circonstances qu’« il faut sauver en nous ce qui reste d’humain ». Tissant des liens avec ce pays depuis des années grâce aux écrivains et aux poètes haïtiens, tel que l’auteur d’ « Hadriana dans tous mes rêves », René Depestre, ce prix Goncourt de la poésie a relaté ses expériences de voyages par la littérature qui offre d’autres mondes possibles à découvrir : « Je viens en France et là-bas on connait la poésie caribéenne, notamment celle d’Haïti. Avant, je ne connaissais Haïti que par la littérature, mais aujourd’hui je suis au cœur de toutes ces descriptions. »
L’auteur de la tirade « La poésie sauvera le monde » raconte une petite anecdote sur la façon dont il a apprivoisé Jean D’Amérique, directeur artistique de Transe Poétique. « C’est grâce à la lecture de son premier recueil de poèmes que j’ai fait la rencontre avec le poète Jean D’Amérique, un jeune poète prometteur qui a une force de caractère et une volonté de fer. Je suis ici car je veux être du côté de la jeunesse et du courage qu’elle manifeste en voulant affirmer l’importance de la poésie et l’urgence de la poésie », a-t-il expliqué, avant de rappeler qu’on a certes besoin des choses nécessaires au premier degré telles que le manger et le boire. Mais devant tout ce que représente la poésie et l’espoir qu’elle apporte, « je ne saurais, moi qui ai un statut de poète en Europe, négliger mes pairs en Haïti», a reconnu Jean-Pierre Siméon.
Lisette Lombé, slameuse congo-belge en résidence d’écriture au centre Pen Haïti, a aussi abordé cet aspect essentiel de la poésie et reconnaît la « force et le courage » dont fait montre cette génération de poètes.
En proclamant que « La poésie sauvera le monde si rien ne le fait », l'équipe organisatrice deTranse Poétique invite le public à prendre part aux activités de ce festival de poésie qui prendront fin le samedi 21 septembre 2019.
Comme l’avait souligné l’Académicien Dany Laferrière, « la culture est tout ce qui nous reste debout quand tout tombe en Haïti ».
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