La croissance de l’économie du pays ne passera certainement pas par le secteur de la sous-traitance, soutient l’économiste Camille Charlmers. Les exportations de l’Etat dans cette filière quoique représentant environ 980 millions de dollars, le dirigeant de la Plateforme Haïtienne de Plaidoyer pour un Développement Alternatif (Papda) estime toutefois que la sous-traitance ne peut prétendre à une telle contribution,puisqu'elle fonctionne complètement en dehors du système économique haïtien.
« Malgré les discours officiels, la sous-traitance est incapable de motoriser la croissance économique du pays », a affirmé Camille Charles qui intervenait à l’émission invité du jour de la radio Vision 2000.La raison avancée par l’économiste est simple. D’après lui, le secteur est totalement enclavé. Il est déconnecté du reste de l’économie du pays. Non seulement le produit final est exporté mais aussi le pays ne bénéficie pas vraiment de l’argent circulant dans les intrants. Vue que ces derniers proviennent de l’importation à plus de 60%. Le pays ne tire aucun profit des intrants comme cela aurait du être. « Tout l’argent généré par les intrants laisse le pays ». Il n’y a pas d’effet multiplicateur pour notre économie, a fait valoir l’économiste. Pour illustrer, il a fait remarquer que. « Dans le cas de production de souliers en cuir à partir des peaux de bête. Avec des intrants directement du sol, cela dynamiserait notre processus d’élevage et de tannage. A ce moment on aurait l’effet multiplicateur que devrait susciter ce marché sur d’autres secteurs. » Malheureusement tel n’est pas le cas aujourd’hui , reconnait Camille Charlmers.
Haïti est le premier pays de la caraïbe à faire l’expérience de la sous-traitance et des zones franches en 1969. De cette date à 1982, la république a connu une croissance exponentielle. Mais aujourd’hui fait remarquer le numéro un de la Papda le pays se retrouve moins diversifiés et plus pauvre comparé en termes de production à exporter comparé à cette période, souligne Camille Charlmers. En d’autres termes, affirme le spécialiste, ni l’état ni la bourgeoisie n’ont su apprendre de l’expérience 1969 -1982 pour définir des stratégies permettant la création de biens sophistiqués comme de vêtements chirurgicaux et tenue de sports ayant plus de valeurs sur le marché international, et en finir avec ces tee-shirts de bas de gamme. C’est dans ce cas de figure que l’économie haïtienne aurait pu espérer de la sous- traitance explique le responsable de la Papda.
Par ailleurs Camille Charlmers , réagissant sur le projet de loi sur l’augmentation du salaire minimum proposé par la chambre des députés, a qualifié cette décision d’électoraliste. Même s’il déclare qu’il est d’accord avec cette hausse accordée par les députés, l’économiste est convaincu, à juste titre , que cette décision ne verra jamais le jour. Profitant également de l’occasion, le chef de la Papda a réfuté les allégations faisant croire que toute augmentation du salaire minimum entrainerait la hausse des prix des produits sur le marché et la perte d’emplois.
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