Le célèbre militant panafricaniste Kémi Séba, président de l’ONG Urgences Panafricanistes, a foulé ce mercredi le sol haïtien pour une série d’activités dans le cadre de sa tournée panafricaine qui inclut également l’Éthiopie, le Gabon et la République Démocratique du Congo. Accueilli chaleureusement à l’aéroport international du Cap-Haïtien, Séba a immédiatement livré un message fort, en saluant le courage du peuple haïtien et en dénonçant vigoureusement l’impérialisme qu’il accuse de maintenir Haïti dans le sous-développement. « Certains n’ont jamais voulu voir Haïti debout, donc ils font tout pour l’ensevelir », a-t-il déclaré devant la presse, à l’aéroport du Cap-Haitien.

Cette visite marque la troisième venue de Kémi Séba en Haïti, mais la toute première dans la ville de Cap-Haïtien. Alors que Port-au-Prince est toujours en proie à une violence endémique alimentée par des gangs armés, la ville du Cap devient un point d’ancrage pour les grandes mobilisations intellectuelles, politiques et culturelles. Séba l’a choisi non seulement pour sa stabilité relative, mais aussi pour sa portée historique dans la mémoire révolutionnaire haïtienne. « Haïti, c’est notre terre chérie. C’est la Mecque du peuple noir, la Mecque de la révolution noire. C’est là qu’il faut aller pour prendre de la force », avait-il déclaré quelques jours plus tôt en quittant l’Éthiopie.

Durant son séjour, Kémi Séba entend multiplier les prises de parole publiques et les rencontres. Jeudi 29 mai, il tiendra une conférence de presse à Brise de Mer, Rue 29 Boulevard, au cœur du Cap-Haïtien. Le lendemain, vendredi 30 mai, il prendra part à un symposium organisé à la Faculté de Droit, des Sciences Économiques et de Gestion, aux côtés du Doyen Me Jusnerd Nelson. Le point culminant de son passage se tiendra le lundi 2 juin à l’Université d’État d’Haïti – Campus Henri Christophe de Limonade, pour une grande conférence publique attendue par des centaines d’étudiants et militants. « Que ce soit sur le terrain politique, social, nous sommes là pour apporter notre aide et donner tout ce que nous pouvons à la première république noire. C’est un honneur pour nous d’être ici. C’est une terre symbole », a affirmé le leader panafricaniste.

Dans un contexte national marqué par le chaos, la désespérance et l’incertitude, Séba veut incarner une voix d’unité, exhortant les Haïtiens à ne pas se battre entre eux, mais à concentrer leurs efforts contre les forces extérieures qui, selon lui, conspirent contre l’émancipation du pays. « Nous sommes ici pour rappeler au peuple haïtien que la guerre ne doit pas être faite entre Haïtiens. Le combat doit être mené contre ceux qui veulent mettre à terre Haïti », a-t-il conclu.

Né en 1981 à Strasbourg sous le nom de Stellio Gilles Robert Capo Chichi, Kémi Séba est une figure controversée mais influente du panafricanisme contemporain. Franco-béninois, il s’est illustré par son opposition farouche au néocolonialisme et à l’ingérence occidentale en Afrique. Son organisation, Urgences Panafricanistes, dont le siège est situé au Bénin, œuvre pour l’indépendance économique, culturelle et politique des nations africaines.

En avril 2025, il a été honoré d’un doctorat honoris causa en science politique par l’Université Bel Campus à Kinshasa, en République Démocratique du Congo, où il est également attendu dans les semaines à venir.

À travers sa visite en Haïti, Séba entend rappeler au monde que la première république noire est aussi le premier bastion de la liberté du peuple africain – et que cette mémoire doit nourrir la résistance d’aujourd’hui.

Kémi Séba en visite en Haïti

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