La crise haïtienne a des racines profondes et est fondamentalement liée à la fondation de la nation elle-même. Elle est non seulement engendrée et nourrie par le colonialisme, en raison même de l’indépendance proclamée en 1804 et de l’origine de l’insurrection qui a battu la plus grande armée du monde, mais également par la volonté des puissances esclavagistes et par la suite capitalistes, qui voulaient faire de cette expérience de la première république noire un échec pour servir d’exemple et de justification aux théories racistes et protéger le système économique de l’époque. En outre, les élites triomphantes à la tête du mouvement qui a vaincu la grande armée de Napoléon, formées dans les moules de la tradition française, ont reproduit dans leurs mentalités et dans les actes certains de ses aspects esclavagistes, discriminatoires et insensibles à la souffrance humaine. Ainsi, la dérive sociopolitique de cette culture a généré en Haïti, au fil des ans, une situation de coup d’Etat permanent, une crise idéologique profonde, une corruption généralisée, une crise de leadership national et une crise morale sans précédent. C’est la nécessité de soulever l’ensemble de cette problématique et la recherche de solutions qui justifient cette série d’articles.