Rareté des produits de première nécessité, manque de liquidités dans les institutions financières, rareté de carburant, remontée de l’insécurité, ce sont entre autres les problèmes qui font vivre des jours difficiles aux habitants du département du Sud, particulièrement ceux de la ville des Cayes. En effet, le chaos qui règne à Port-au-Prince fait payer un lourd tribut à la ville déjà fragilisée par le blocage de l’entrée sud de la capitale par des gangs armés depuis juin 2021.

Des produits très consommés comme le riz importé, le sucre, la farine, le blé, le saumon en conserve, le concentré de tomate et les haricots sont rares sur le marché local. Ce qui fait grimper leurs prix. « Nous sommes obligés d’aller chercher le riz à Cap-Haïtien à cause de l’impossibilité de traverser la capitale », a déclaré un commerçant au marché Relais des Cayes. Le sac de riz de 25 kg qui se vendait à 5 500 gourdes coûte 6 000 gourdes. Le sac de blé de 25 kg est passé de 4 700 à 5 500 gourdes. Le sac de maïs se vend sur le marché à 5 000 gourdes alors qu’il coûtait 3 750 gourdes au début de l’année. La farine a connu une légère augmentation. Le sac se vend entre 3 750 et 4 000 gourdes alors qu’il s’achetait à 3 500 gourdes. Le prix du sucre n’a quasiment pas changé. Le sac coûte 6 000 gourdes. Le sac de haricot de 50 kg connait une légère augmentation. Il fallait 13 500 gourdes pour se procurer un sac en janvier dernier. Sur le marché, il coûte 14 000 gourdes. Le gallon d’huile de cuisine de 20 litres est passé de 5 050 à 5 750 gourdes.

Si l’essence n’est pas disponible dans les stations-service, elle pilule sur le marché noir. Le gallon de gazoline se vend entre 1 250 et 1 500 gourdes dans les rues, dans les parages des stations d’essence. Dans les rares stations d’essence où le produit est disponible, il faut jusqu’à 950 gourdes pour le gallon. Même les mises en garde du commissaire du gouvernement des Cayes, Ronald Richemond, n’ont pas été prises au sérieux au niveau de ce secteur. La gazoline s’installe partout dans la ville et même à quelques mètres du parquet, du commissariat et du sous-commissariat des Cayes. Ces difficultés à trouver le carburant font grimper le prix du transport intercommunal et départemental.

« Deux ans de cela, pour aller à Port-au-Prince, il fallait payer 750 gourdes. De nos jours, il arrive que le trajet coûte à un passager jusqu’à 3 000 gourdes », a déploré Bertrand Jean Banatte, responsable Sud de l’Association des propriétaires et chauffeurs haïtiens (APCH). Selon lui, les postes de péage sont au nombre de six sur la route conduisant vers le Sud.

Dans le sud, pour se rendre dans la commune de Cavaillon depuis la ville des Cayes, le prix du trajet est passé de 50 à 100 gourdes. Celui de la commune de Camp-Perrin est passé à 200 gourdes au lieu de 50 gourdes. Le prix est le même pour Arniquet, Ducis et Saint-Jean du Sud. Un passager qui veut se rendre à Tiburon, dans la côte sud, sera obligé de débourser entre 1 500 et 2 000 gourdes pour son voyage qui coûtait 500 gourdes, selon les informations fournies par le représentant de l’APCH dans le Sud.

Bertrand Jean Banatte a souligné que plusieurs chauffeurs de tap-tap ont quitté Port-au-Prince avec leurs voitures et ont intégré le transport local. Ce qui diminue les recettes dans ce secteur déjà en crise.

Au niveau des banques commerciales et des maisons de transferts, la crise se fait aussi ressentir, avec notamment une restriction sévère au niveau des retraits d’argent en dollar américain. Selon des informations dont nous disposons, des banques commerciales ne permettent pas aux clients de retirer plus de 100 dollars, mais les transactions en gourde s’opèrent normalement. Des bureaux de transferts ne dépassent pas la limite de 200 dollars, bien que les transactions s'opèrent en gourde.

Sur le plan sécuritaire, personne ne connait le véritable plan que le conseil de sécurité de la ville a mis en branle pour empêcher des évadés de prison de Port-au-Prince et de Croix-des-Bouquets ou des bandits de s’infiltrer dans la ville. Il n’y a pas de poste de contrôle au niveau du poste de police de Bergeau et les contrôles routiers des policiers sont inexistants au centre-ville. Au début du mois d’avril, plusieurs cas de braquage à main armée ont été signalés dans la ville.

Dans la soirée du mardi 9 avril dernier, le journaliste de Radio Macaya et correspondant de Radio Vision 2000, Hans Jean-Louis, a été victime de braquage par des bandits armés dans la ville. Les braqueurs ont emporté une motocyclette 110 cc, des téléphones portables et plus de 80 mille gourdes. Jusqu’à cette date, les autorités sont restées silencieuses alors que la population est en quête d’assurance de leur part.

Les Cayes paie le prix du chaos qui règne à Port-au-Prince

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