"Ennui", poème de la mort d’Etzer Vilaire

Quand l’âme d’un poète s’ouvre comme un désert, le jour est plus noir que le fond de son coeur. Si Etzer Vilaire, le barde jérémien, vivait en Haïti en 2022, son encre serait-elle plus noire que la nuit qui enveloppe Haïti? Ce pays vogue sur l’océan des ténèbres, la vie a perdu tout son sens en Haïti. Seul les gens qui bénéficient dans toute son ampleur cette situation chaotique sont heureux, heureux de voir souffrir ce peuple qu’ils haïssent de toute leur âme. Il faut croire vraiment que le malheur des uns fait le bonheur des autres. Quel plaisir intense tirent ceux qui observent ce peuple courir après la gazoline, quand chez eux l’essence coule à flot! Ils doivent se croire ''dieu'', des dieux capables d’envoyer à la mort ce peuple trainé dans la boue. Voici l'Ennui, tiré de ''Les poèmes de la mort'', d'Etzer Vilaire.

Etzer Vilaire  (1898-1905)
Par Etzer Vilaire (1898-1905)
12 sept. 2022 | Lecture : 1 min.

Mon âme est un désert. Une lueur nocturne
Éclaire à l’infini sa face taciturne.
Pas un son, pas un bruit, pas une haleine, pas
Un bruit dans le chemin vague où s’usent mes pas.

Goutte à goutte, le ciel a tari sa vieille urne
Pour la terre altérée et marâtre, Saturne
Dévorant ses enfants mort-nés. Tout seul, hélas !
Je vis pour contempler l’universel trépas.

Je vais, ayant le cœur usé d’un centenaire.
Ma vie en ces lieux morts plus qu’un site lunaire,
C’est l’i

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