Après le meurtrier tremblement de terre du 12 janvier 2010, la chanson « Anba dekonb » de Tonymix (devenu entretemps le DJ # 1 du pays) a connu un succès fou en Haïti. « Chanter la douleur de ceux qui avaient perdu un proche sous une maison effondrée ou qui vivaient encore entre des murs fissurés faute de mieux était transgressif et… jouissif à l’époque. Cela a posé les bases du succès d’une tendance qui va plus loin dans ses textes que les autres musiques tout en étant diaboliquement entraînant. Personne n’imaginait que les « Anba dekonb » ou « Madanm papa » traçaient le chemin d’une nouvelle tendance musicale désignée « rabòday », estime Frantz Duval, directeur de Ticket magazine. Souvent décrié à cause de ses textes vulgaires et dénigrants pour la femme haïtienne, aujourd’hui, le « rabòday » est utilisé dix ans plus tard dans la sensibilisation à la Covid-19. Grâce à « Lave men nou », un remix de Tonymix, Maestro, Team Madada et co, la tendance offre le spot le plus efficace et le plus entraînant contre le coronavirus. Coup d’œil sur les origines d’un rythme sorti des matrices des musiques vodou et du rara, fête populaire s’il en est et éventail de controverses sur son avenir. Des experts, plutôt vieux, et des adeptes, plutôt jeunes, donnent leur point de vue.