Besoin de poème

Nous, Vous et Je vais vous dire de Carl Brouard

Si vous êtes confiné chez vous, lisez ces poèmes de Carl Broard que Mémoire d’encrier a vulgarisé pour votre bonheur, dans son Anthologie secrète. Dans La Presse, Montréal, novembre 2003, Dany Laferrière a eu ces mots touchants sur Carl Brouard : « Je l’ai vu pour la première fois du côté de la place Saint-Alexandre, en allant à la messe avec ma mère. Recroquevillé sur des morceaux de carton, les fesses à l’air. Quand nous sommes arrivés à sa hauteur, ma mère, sans lui jeter un seul regard, me siffla : « C’est un poète ». Voulait-elle me mettre en garde contre un danger que je n’arrivais pas à comprendre ? C’était raté. Fasciné, je retournai souvent le voir, le trouvant toujours en train de marmonner de mystérieuses imprécations. Plus tard, au secondaire, je le découvris, sous un autre jour, dans mon manuel de littérature haïtienne : veste, cravate, regard vif et sourire mondain de fils de la grande bourgeoisie. Il avait décidé de quitter sa riche demeure des beaux quartiers pour venir vivre, parmi le peuple, dans la boue de la place Saint-Alexandre. Sa poésie si légère m’a tout de suite plu. Contrairement à ses contemporains, si pesants avec leurs rêves chimériques de changer le sort du peuple, Carl Brouard (1902-1965) ne parlait que pour lui-même. Et c’est pour cela qu’il m’a été si facile de me retrouver en lui. »

Le Nouvelliste
Par Le Nouvelliste
20 mars 2020 | Lecture : 3 min.

Nous

Nous les extravagants, les bohèmes, les fous,
Nous
qui aimons les filles,
les liqueurs fortes,
la nudité mouvante des tables
où s’érige, phallus,
le cornet à dés.
Nous
les écorchés de la vie, les poètes.
Nous
qui aimons tout,
tout;
l’église,
la taverne,
l’antique,
le moderne,
la théosophie,
le cubisme.
Nous
aux cœurs
puissants comme des moteurs
qui aimons
les combats d

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