La Saline, le deuil impossible

Elles sont des survivantes. Les 13 et 14 novembre 2018, dans le quartier défavorisé de La Saline, Port-au-Prince, plusieurs femmes et enfants ont été victimes de viol collectif. Les gangs armés se disputant le contrôle du marché de la Croix-des-Bossales et le rançonnement de ses petits commerçants ont pris pour cibles les résidents. Hommes, femmes et enfants, ont été tués. Plusieurs dizaines de corps mutilés avant d’être brûlés. Au début, le massacre a été passé sous silence par les autorités. La mécanique du crime a laissé non seulement des morts sans sépulture, mais aussi des femmes et des enfants meurtris dans leur chair. La Saline est exsangue après cette tuerie sans pitié. Des femmes et des enfants traumatisés vivent dans les ruines de leurs maisons précaires incendiées. Un an après, en attente d’un procès, les victimes ne connaissent pas vraiment de répit à cause des affrontements réguliers entre différents gangs.

Ricardo Lambert
Par Ricardo Lambert
15 déc. 2019 | Lecture : 11 min.

Edline*, 21 ans, a grandi dans le quartier pauvre de La Saline. Elle vivait seule avec sa fille de trois ans. Le jour sombre du massacre, quand les hommes armés ont frappé à sa porte, prise de panique, elle s’est réfugiée avec d’autres femmes sous un autre toit. Ils les ont trouvées. Et, alors commença son cauchemar. Cloîtrée, battue, insultée et abusée sexuellement, elle a passé la nuit en compagnie des bouchers de La Saline. « Dans la nuit du 13, trois hommes armés ont essayé de me saouler, ensuite ils m’ont forcée à avoir des

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