Pour la première fois depuis 1991, le gouvernement américain a dépêché son ambassadeur aux Nations unies auprès des protagonistes dans une crise politique haïtienne qui menace l’effondrement du pays. Conseillers aux affaires politiques, responsable du dossier d’Haïti au Département d’Etat, sous-secrétaire d’Etat et secrétaire d’Etat sont pour la plupart les fonctionnaires et décideurs souvent envoyés en mission à Port-au-Prince dans les pires moments de nos crises récurrentes. Le coup d’Etat du 30 septembre 1991 a inauguré l’ère des missions de l’Organisation des Etats américains, de l’Organisation des Nations unies et du gouvernement américain dans notre pays. Depuis cette date, aucun gouvernement haïtien n’a échappé au syndrome de crise politique qui mine le terrain et compromet la stabilité de la terre de nos ancêtres.
Pourquoi le Département d’Etat a fait choix de la diplomate Kelly Craft pour conduire la mission à Port-au-Prince dans le cadre de cette crise politique coriace qui a ébranlé le pouvoir de Jovenel Moïse depuis le mois de septembre ? A-t-elle déjà travaillé sur le dossier d’Haïti au Département d’Etat ? En laissant de côté tous les officiels américains qui travaillent au Département d’Etat sur le dossier d’Haïti, le gouvernement américain s’est fixé un objectif. En désignant Mme Craft pour conduire la mission à Port-au-Prince, l’administration de Donald Trump veut-elle s’associer à l’Onu pour tenter de convaincre les protagonistes de prendre le chemin du dialogue ? Il n’est un secret pour personne que l’ambassade américaine, du début de la crise jusqu’à la mission de l’ambassadeur Craft, a publié plusieurs communiqués de presse et tweets pour demander aux protagonistes de résoudre la crise par le dialogue. Mais aucune suite n’a été donnée aux différents appels de l’ambassade.
Selon toute vraisemblance, depuis l’arrivée de Michel Martelly au pouvoir en mai 2011 jusqu’à la fin de son mandat en février 2016, le gouvernement américain ne s’est jamais démarqué de ses dérives, de ses manquements ni de sa gestion catastrophique. Son dauphin Jovenel Moïse bénéficie également du soutien de l’Oncle Sam. Le vote d’Haïti à l’OEA en janvier dernier contre le président du Venezuela Nicolas Maduro a renforcé l’appui américain à l’endroit de son administration.
La mission de Mme Craft va-t-elle contribuer à modifier les actes et actions des leaders de l’opposition ? Un accord inclusif entre les différentes forces de l’opposition et du parti au pouvoir tel que souhaité par Washington sera-t-il concrétisé avant la fin de l’année ? Le gouvernement américain dispose-t-il d’un plan B en cas d’échec de la mission de l’ambassadeur Kelly Craft ?
lbonneau@lenouvelliste.com
Réagir à cet article