Dans ce bus luxueux qui mène vers le Nord d'Haiti, mes yeux sont hypnotisés par ce vert immobile, figé comme dans une toile d'un de ces peintres naifs. Des silouhettes, au loin, plongées dans une marre jusqu'aux genoux ou jusqu'à la cheville, pour les plus grands. Ils perpétuent les gestes que j'ai vus, voilà 45 ans, alors que je traversais, cette même vallée, sur les genoux de ma defunte tante Alice.
Même si on remontait 100 ans, en arrière, ce cliché resterait le même : ciel bleu, rizières vertes, soleil jaune, peau noire de la même couleur