Il n’y a pas longtemps, chez nous, plusieurs organisations comme partout ailleurs, œuvrant dans la lutte contre la drogue, ont mis sur pied, selon leurs possibilités, des journées entières de sensibilisation aux stupéfiants, sur fond de table ronde, d’exposition de matériels jusqu’aux témoignages assez personnels et palpitants d’intérêt pour le grand public, mais à plus forte raison, pour tout spécialiste en santé mentale.
La question de la drogue, dans sa nature multiple, comme on peut le supposer, devra intéresser en première ligne les responsables de l’État dans leur programme de santé publique, lequel envisagera la création de centres à travers tout le pays, sinon, au niveau des départements, où la problématique sera traitée grâce à l’expertise d’un personnel qualifié.
Il faut dire que, partout où la drogue est posée comme sujet, elle attire des curieux et provoque l’étonnement de plus d’un, surtout quand celle-ci fait l’objet de débats à la télévision, par exemple, même avec un journaliste peu exercé et qui n'aide pas à saisir l’ampleur du problème.
Il faut aussi et surtout dire, à propos de la drogue, selon ce qui est admis dans la littérature psychopathologique, qu'aucun usager ne se remet de sa dépendance, à partir d’un simple et banal geste qu’il appelle « prise de conscience », peu importe son rang social ou son éducation.
En effet, les divers témoignages obtenus et qui abondent dans les cahiers de consultation privée en prouvent le contraire, malgré un suivi clinique correspondant. Les services d’entretien et d’aide offerts (il y en a très peu au pays) aux polytoxicomanes, sont d’abord de nature à permettre aux sujets de se refixer, d’apprendre à se percevoir comme une personne, avant de pouvoir travailler sur un autre plan exigeant une thérapie touchant plusieurs axes.
La réalité des drogués veut que le moment idéal qui se perd à jamais, occasionne chez l’usager d’autres types de réactions plus affutées toujours en quête de cette sensation, à l’instar du cri primal que l’on connaît chez le nourrisson.
Les études, notamment de René Spitz dans « La forteresse vide », renseignent à plus d’un titre sur les divers comportements évolutifs que la situation de sevrage peut créer chez tout individu présentant une dépendance émotionnelle, soit face à sa mère, soit face aux substances ou « accessoires de bonheur ».
Que l’on ne se trompe pas de nos jours sur la question de la drogue comme instrument susceptible d’offrir aux jeunes, certaines capacités dans des domaines plutôt intimes, où l’élément naturel fait largement défaut. Une telle pratique tend à s’installer de façon criante, en laissant la place à des états pathologiques sévères, affectant les relations sociopersonnelles, détruisant l’équilibre de la chaîne familiale, à en croire les données rapportées en consultation et sur la base d’observations cliniques.
Peu importent les raisons que l’on estime importantes et personnelles pour toucher à la drogue, le mieux serait de l’éviter et d'essayer de se rendre à un centre où l’on est sûr de trouver des professionnels de la santé mentale pour une aide compatible au besoin et à l’urgence. La présence déjà d’un thérapeute qui prendra en main le sujet dans son inconfortabilité, apportera un soulagement de taille à l’usager et à sa famille.
Il n’existe – dommage ! – chez nous, aucune étude verticale sur ce fléau, sauf (quelques notes de consultation) qui, de l’avis des experts a déjà fait trop de victimes parmi la population jeune et combien vulnérable. Les données étiologiques sont variables si l’on prend en compte les témoignages des parents qui se sont ouverts au moment de l’entretien préliminaire parce qu’ils n’en pouvaient plus. Autant dire que la drogue nécessite une approche thérapeutique sérieuse et profonde avec des professionnels en santé mentale, capables de fournir un travail devant répondre aux exigences de l’heure. Regardons bien les choses en face.
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