Il est six heures du soir. Assis sous une chocounette sur la plage de Ti-Mouillage, à Cayes-Jacmel, je m'imprègne de l'odeur saline de la mer dont l'immensité bleutée envahit mon horizon. Je savoure la sensation de bien-être que m'apporte chaque seconde de ce silence qui n'est troublé que par le bruit des vagues agonisantes sur le sable gris et le chant des oiseaux rythmé par le bruissement des feuilles de cocotier. Et je revis Jacmel, cette ville dont la poésie a accroché tant de coeurs, cette ville qui a tant fait rêver et fait couler tellement d'encre, cette ville que l'on croirait magique, si seulement... Mais cette ville, aussi romantique et charmante soit-elle, n'est qu'une ville d'Haïti parmi tant d'autres, avec ses espoirs et ses souffrances, ses problèmes et ses batailles qui ressemblent à tant d'autres. Et la brise qui caresse la mer des Caraïbes porte jusqu'à mes oreilles les paroles de l'artiste Ronald Mevs, un Jacmélien de coeur : « Il ne faut pas parler de Jacmel comme si c'était une île dans l'île. C'est un bout du pays où l'art -où n'importe quelle activité - subit les contrecoups de ce qui se passe dans le reste du pays, à quelque niveau que ce soit.