Quand un anthropologue se penche sur l’histoire récente d’Haïti

Dialogue entre Michèle Oriol et Jean-Philippe Belleau

Il y a quelques semaines sortait aux presses de l’Université de Columbia, Etats-Unis, le livre de Jean-Philippe Belleau, Killing the Elites, Haïti 1964. Ces quarante dernières années, on a beaucoup parlé d’Haïti à l’étranger – les journalistes, les politiques, les universitaires, haïtiens et étrangers. Très peu ont pris la peine de faire du terrain, de rencontrer les acteurs de tous bords, de retrouver des archives, de comprendre les lieux. C’est certainement le premier attrait du livre de Belleau : un travail qui prend le temps et qui s’appuie sur une connaissance de longue durée du pays et sur la patiente construction méthodologique des faits qui sont donnés à voir. Sociologues et anthropologues savent bien que les sociétés se cachent et que c’est à eux de retrouver les faits et les hommes derrière les discours.  Avec Belleau nous sortons de l’histoire et de l’anthropologie prétextes de ceux qui moralisent, philosophent autour des faits sociaux et qui emportent les sciences sociales loin du terrain, dans le commentaire de commentaire, dans la justification idéologique. Jean-Philippe Belleau enseigne l’anthropologie à l’Université du Massachusetts à Boston et fait partie d’un laboratoire de recherche à l’Université de Campinas au Brésil. 

Le Nouvelliste
Par Le Nouvelliste
19 févr. 2025 | Lecture : 15 min.

Michèle Oriol : Que nous dit le livre de cet événement connu en Haïti sous l’expression « massacre de Jérémie » ?

 Jean-Philippe Belleau : L’ouvrage effectivement est d’abord une ethnographie historique d’un massacre connu dans l’histoire orale haïtienne comme les « vêpres jérémiennes ».  Cet ouvrage est aussi un angle p

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