Par son style et son tempérament, Ernest Bennett occupe une place particulière dans notre panthéon littéraire. Densité, humour, quête du vrai et attachement à l'excellence, écriture fluide, autant d'atouts esthétiques et thématiques qui font de «tranches de vie», son dernier recueil de nouvelles et réussite étourdissante. «Tranches de vie» comporte dix-neuf (19) textes bien épicés, tirés pour la plupart de l'expérience désastreuse au Pénitencier National. Ce qui constitue, selon toute une évidence, la suite de son avant-dernier ouvrage «L'amour dans tous ses azimuts» qui a eu un succès remarquable. Avec la dénonciation de l'hypocrisie humaine, l'ingéniosité sont toujours au rendez-vous. Dans «Tranches de vie», les perles se ramassent à la pelle. Les dialogues, les citations, les figures de style, les références historiques ou politiques, les anecdotes forment un kaléidoscope irrésistible d'efficacité, un cocktail sensationnel. Les sentiments, le talent pur, le vécu s'allient à la qualité de la langue. Ce qui est, en Haïti, performance très rare. Peu d'écrivains haïtiens, même à succès, arrivent à s'imposer et à produire de façon satisfaisante. Ecrire est une chose, mais avec la même éclat tout au long d'une carrière, voilà un défi angoissant, exceptionnel... En dépit d'une vie tumultueuse, ponctuée par l'exil et l'emprisonnement, Ernest Bennett est resté fidèle à l'écriture, c'est-à-dire à sa passion de toujours. Mais avec quelle fougue ! Le récit «Lettre à une inconnue» (pp. 21 -26) en témoigne avec une étonnante verve.