Jeudi matin. «Pont Barque », entre Port-Margot et Borgne, dans le Nord d’Haïti. Sur les récifs, entre des vêtements déchirés, des bouts de planches fracassées et des bons samaritains transformés en sauveteurs, une femme, la vingtaine avancée, les cheveux soigneusement tressés, est allongée, la main droite sur le bas-ventre. Elle ne dort pas. Ses yeux, à jamais fermés, ne reverront plus les siens ni le soleil amer sur cette terre qu’elle a quittée la veille au soir, en toute clandestinité, la tête pleine de rêves des lendemains meilleurs à bord