Mardi 12 janvier 2010. Mardi 12 janvier 2021. Jour pour jour. Date pour date. A Fubar, il est 7 heures 30. Il y a 11 ans, à pareille heure, un séisme de magnitude 7.3 venait tout juste de frapper Port-au-Prince avant d’emporter sur son passage 300 000 vies, sans compter les blessés. Les biens, encore moins.
Dans ce club célèbre de la rue Grégoire à Pétion-Ville, à cette heure précise, rien n’indique qu’on allait quelques minutes plus tard assister à une soirée « en hommage » à ce jour fatidique. Rien ne fait référence à ce jour sombre gravé à jamais dans le mental de chaque haïtien et haïtienne. Sinon des serveurs qui donnent encore un coup de balai à l’espace et des invités s’amenant graduellement pour un mardi ordinaire à Fubar (Champagne ou autres boissons alcoolisées, cigares, chicha, applaudissements…). Le temps est un peu trop à la fête. Oublier pour mieux célébrez la vie tant qu’on y est, semble être le credo de la majorité des invités.
Certains artistes annoncés par Charline Jean Gilles, qui, en ce jour a troqué son chapeau de chanteuse contre celui de MC, n’échappent pas non plus à la règle. On se souviendra du 12 janvier 2010 en faisant la fête. En interprétant des chansons à l’air festif. Des chansons qui inspirent la gaité. Qu’ils s’agissent par exemple de « Tchimbe raid pa moli » de Saël interprétée par Simondy Jean, de « Ya danger » de Jean Jean Roosevelt la toute dernière prestation, clôturant en beauté cette nuit dédiée à tous les disparus.
Il a fallu compter sur la voix de Sterline Jean exécutant « W ale » de Rutshelle Guillaume, celle de Samantha Normil chantant « Sekou », Mackenson Brutus dans « Tribilasyon » de Boukman Eksperyans, tout comme Erol Josué dans ses deux interprétations parmi lesquelles Gason Kanson, Johanna à travers « Yo » de Tabou Combo, les propos de circonstances de Harry Luc accompagnées des 60 secondes de silence, des roses et des bougies allumées pour transmettre de l’émotion et nous rappeler que certaines personnes ont payé ce jour par leurs vies. Pour plus d’uns, le 12 janvier, depuis 11 ans, ne sera jamais plus un jour comme avant.