Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées ;
Mon paletot aussi devenait idéal ;
J'allais sous le ciel, Muse ! et j'étais ton féal ;
Oh ! là ! là ! que d'amours splendides j'ai rêvées !
Mon unique culotte avait un large trou.
- Petit-Poucet rêveur, j'égrenais dans ma course
Des rimes. Mon auberge était à la Grande-Ourse.
- Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou
Et je les écoutais, assis au bord des routes,
Ces bons soirs de septembre où je sentais
Besoin de poème
Ma bohème à moi d'Arthur Rimbaud
Quelle plénitude ! Quelle recherche de liberté ! Quel goût du voyage souffle dans “Ma bohème'', ce poème plein de fantaisie d’Arthur Rimbaud! Il n’avait que 16 ans, l’enfant de Charleville, quand il avait écrit ce sonnet. Quel bonheur peut savourer un jeune sur les routes où il se sent en sécurité. Je goûte ces images heureuses et insouciantes d’Haïti en pensant à Dany Laferrière qui avait évoqué un passage du texte de ce génie français dans une interview que je lui avais accordée avant son entrée à l’Académie française. Vous imaginez les rues de Port-au-Prince sans les bandits de grands chemins qui sèment la violence aveuglément. Fermez vos yeux et imaginez un jeune dans ces territoires dénommés zones rouges. À la place d’une arme, il égrène des poèmes, des chansons, quelque chose qui parle au cœur.
