<p></p><p>Des dizaines de milliers manifestants ont choisi le macadam pour répondre à la demande de trêve formulée par le président Jovenel Moïse. Des manifestations, émaillées de violences et de scènes de pillage ont eu lieu à Port-au-Prince, aux Gonaïves, à St-Marc, à Mirebalais, aux Cap-Haïtien, aux Cayes, à Jérémie, à Léogâne, à Petit-Gôave, etc</p><p>Port-au-Prince et plusieurs villes du pays connaissent une situation insurrectionnelle depuis au moins deux semaines. Vendredi, plusieurs milliers de pereonnes ont investi les rues pour exiger le départ du président de la République. Ces protestations réalisées un peu partout sur le territoire national sont émaillées d’actes de violence. Les manifestants s’en sont pris à des bâtiments publics, à des entreprises privées, etc. Plusieurs personnes sont mortes ou blessées par balle au cours de ces événements. Le Nouvelliste a contacté ses correspondants et d’autres sources afin d’avoir un bilan partiel de ces événements.</p><p>Au niveau de la région métropolitaine, le journal a appris qu’un incendie a touché l’entreprise Carribean Craft, situé à Maïs-Gâté, vendredi 27 septembre. Magalie Noël Dresse, la propriétaire de cette entreprise spécialisée dans la fabrication de produits artisanaux a confié au journal que les flammes ont dévoré les commandes pour de grandes compagnies américaines. Celles-ci n’ont pas pu être expédiées à cause des semaines de " peyi lòk" provoquées par la rareté de l’essence.</p><p>Le feu a également provoqué des dégâts au niveau de l’entreprise de location de véhicules Avis. Au moins 9 véhicules ont été dévorés pas les flammes. « Cela nous a affecté. On a subi des dommages », avait confié le responsable de Avis, Jacques Villejoint, interrogé vendredi par le journal.</p><p>Toujours tôt vendredi, des manifestants de Cité-Soleil ont pris d’assaut la base de l’UDMO située dans le plus grand bidonville du pays. Une source contactée par le journal avait indiqué que “grâce à la couverture d’un véhicule blindé, les agents ont pu déplacer les véhicules, les matériels, les équipements, les armes et les munitions qui étaient dans la base… ». Cependant, dans une vidéo circulant sur la toile, on peut voir des habitants de Cité Soleil, notamment des adolescents, en train de restituer des casques, des boucliers et d’autres matériels.</p><p>Des manifestants ont investi et pillé l’espace de travail et de réseautage dénommé Banj en marge de la manifestation du vendredi 27 septembre dernier. Toujours sur la route de Delmas, des manifestants ont également mis à sac et brûlé les locaux de l’entreprise Kreyatif Hands. Les manifestants ont également attaqué les locaux de la Sogebel et Keijzer Computer également situés dans le secteur. Une maison a été incendiée à Pétion-Ville tandis que plusieurs entreprises ont fait l’objet de jets de pierre. </p><p>Aux Gonaïves, le correspondant du journal, Jodherson Cadet, rapporte que des manifestants ont attaqué les locaux de la délégation départementale de l’Artibonite le 27 septembre dernier. Il indique que le sous-commissariat de police de Bigot a fait l’objet de jets de pierre au cours de cette journée. “L’opposition locale informe que 6 personnes ont été blessées lors des manifestations, parmi lesquelles une adolescente de 16 ans”, rapporte-t-il.</p><p>Lundi dernier, rapporte Jodherson Cadet, des manifestants ont attaqué le complexe médical du sénateur Carl Murat Cantave. “Le même jour, ils ont également attaqué l’hotel Ô Divin, propriété du directeur départemental des Ministères des travaux publics. Des véhicules se trouvant sur la cour ont été endommagés”</p><p>A Saint-Marc, les manifestants ont attaqué et pillé le sous-commissariat de Frescineau vendredi dernier, a rapporté notre collaborateur sur place. “Ils ont désarmé les policiers qui étaient sur place. Ensuite ils ont pillé le sous-commissariat. Un véhicule a été incendié. Après Frescineau, ils ont tenté de prendre d’assaut le commissariat de Saint-Marc. Ils ont lancé des pierres sur le bâtiment durant une vingtaine de minutes. Les policiers présent ont résisté”, rapporte-t-il, soulignant également que le bureau du député Samuel D’Haïti ainsi qu’une clinique qui se trouve dans le même bâtiment ont été également saccagés. Lundi dernier, des établissements scolaires, des banques commerciales ainsi que le bureau de l’EDH ont fait l’objet de jets de pierres. “Nous avons constaté 3 blessés à l’hôpital”, a indiqué Sem Nonor au journal. Une maison, un véhicule et une motocyclette ont été incendiés mardi après qu’un protestataire avait reçu une balle en caoutchouc. </p><p>Le département du Centre était tendu le 27 septembre dernier, selon notre correspondant Joram Moncher. “La ville de Mirebalais était particulièrement en effervescence. Il y a eu cas plusieurs cas d‘arrestation. Il y a eu également 5 blessés: Alténor Divenson 28 ans, Joseph Hughenson alias Boby, 45 ans, Junior Mahotière (39 ans), Wilbert Espiègle (19 ans) et Paul Wesly. Madame Boston Israël est décédée à l’Hôpital universitaire de Mirebalais après avoir inhalé du gaz lacrymogène”, détaille-t-il, ajoutant qu’une dizaine de personnes interpellées la semaine dernière ont été libérées le vendredi 27 septembre. Joram Moncher a également rapporté que le commissariat de Thomonde a été attaqué hier samedi. </p><p>Vendredi 27 septembre, des civils armés ont fait plusieurs blessés par balle à Samarie (entrée nord du Cap-Haïtien) au moment où l'opposition locale s'apprêtait à manifester, rapporte Gérard Maxineau, correspondant du journal. “En représailles, un groupe de manifestants ont incendié plusieurs maisonnettes à Shadah, quartier limitrophe de Samarie où les civils armés se seraient regroupés, selon les manifestants en colère.</p><p>Ces affrontements entre manifestants et civils armés ont fait plus de 20 blessés dont au moins 15 par balles, selon une source proche de l'hôpital universitaire Justinien. Ces affrontements ont créé une vive tension dans cette zone occupée par la police. Au cours de la semaine des manifestants ont attaqué une école professionnelle dirigée par le député Jean Etienne ”, a-t-il informé. Le correspondant a également indiqué que la police a déployé les grands moyens pour empêcher que les manifestants s’en prennent aux bâtiments publics. “Certains de ces bâtiments ont quand même fait l’objet de jets de pierre”, précise-t-il. </p><p>Le journal a appris que des individus ont mis le feu, jeudi 26 septembre, au lycée Capois La Mort, de Ouanaminthe. Le censorat ainsi que les matériels qui s’y trouvaient ont été ravagés par les flammes. </p><p>A Jacmel, six personnes ont été blessées vendredi 27 septembre parmi lesquelles cinq par balles et une par arme blanche, selon Claudy Bélizaire. Pour les bâtiments publics, le correspondant du journal à Jacmel indique que le tribunal de paix de ville a été incendié dans l'après-midi par des individus non identifiés. Il y a eu aussi une tentative d'incendie de la Direction hénérale des impôts (DGI). Mercredi, des individus non identifiés ont tenté d'incendier les lycées Pinchinat et Célie Lamour de Jacmel. Le bureau administratif du centre semi-autonome de l'Ed'H de Jacmel a été aussi l'objet d'une tentative d'incendie. Les portes donnant accès à l'entrée de ces institutions ont été incendiées par des individus dans la nuit du 25 au 26 septembre.</p><p>A Petit-Goâve, des individus ont mis le feu au parking des locaux de l’EDH vendredi dernier. “Des câbles électriques, des batteries ainsi qu’une motocyclette ont été consumées par le feu. De plus, les greffes du parquet de du tribunal de première instance ont été incendiées. Tous les dossiers qui s’y trouvaient ont été complètement détruits. La barrière principale du bureau de l’OAVCT a été saccagée . Les manifestants ont également détruit la majorité des compteurs Ed'H des ménages. Des individus ont mis le feu à la barrière principale du commissariat. Il y a un mort et un blessé par balle ”, a rapporté une journaliste locale contactée par le journal.</p><p>Dans la ville des Cayes, la situation est particulièrement tendue depuis début septembre. Les activités scolaires sont paralysées. Plusieurs établissements scolaires, notamment Externat Saint Joseph et le Collège des frères Odile Joseph, ont été la cible de manifestants. Des entreprises privées sont également attaquées. “Des individus non identifiés ont pillé une station d’essence à Charpentier hier samedi. Ils ont emporté le coffre-fort et les armes des agents de sécurité. On avait déjà saccagé une autre station d’essence vendredi dernier au niveau du boulevard des Quatre-chemins. Deux magasins ont été pillés le même jour au niveau de la deuxième Grand-Rue. Certains propriétaires ont dû payer des rançons pour éviter que l’on ne pillent leurs commerces. Le parking de la compagnie Dignité a été vandalisé. Des batteries ont été volées. La même chose s’est produite dans le parking de la direction départementale du ministère des travaux publics”, a confié une source au journal. </p><p>Cette source a également indiqué que deux organisations non-gouvernementales ont été saccagées entre vendredi et samedi. “Vendredi, des manifestants ont saccagé et pillé la Caritas. Ils ont pris les produits alimentaires qui s’y trouvaient. Samedi, on a également pillé l’ONG Caris. Les locaux de l'institution ont été vandalisés, et les individus ont aussibincendié un véhicule retrouvé sur les lieux”, détaille-t-il.</p><p>A Jérémie, le journal a appris que quatre personnes sont blessées lors d’affrontements à l’arme blanche entre deux groupes de manifestants vendredi dernier...</p><p></p><p></p>
<p>Après des semaines de « peyi lòk » provoqué par la rareté de l’essence et l’aggravation des conditions socioéconomiques et sécuritaires du pays, le président Jovenel Moïse, incapable de trouver un accord avec ses opposants dont ceux au Sénat de la République pour faire voter un nouveau Premier ministre en remplacement de Jean Henry Céant, a sur les bras une nouvelle série de contestations populaires et violentes. </p><p>Ce vendredi, en milieu de journée, une manifestation géante a été signalée à Delmas, clôturant une nouvelle semaine mouvementée, dans le sillage de la tentative de séance avortée de ratification de la politique générale de Fritz William Michel au Sénat, lundi dernier. Pour certaines entreprises, ce vendredi est un jour noir. Pillages, incendie et destruction ont été signalées un peu partout. Les forces de l’ordre peinent à contenir des manifestants aux crocs acérés, décidés à en découdre avec ce président perçu comme un entêté et qui se "<em>shoot" </em>de sa propre réalité, conçue, dit-on dans les allées du pouvoir, avec quelques rares fidèles.</p><p>N’étaient les consignes de sécurité et les restrictions à leurs employés et ressortissants, certains iraient jusqu’à dire que pour les Américains et l’ensemble de la communauté internationale, enfermés dans un mutisme sonore, que tout va bien Madame la Marquise. Le président Jovenel Moïse, enfermé dans la bulle de ses certitudes et de sa lecture biaisée de la situation, fait le dos rond, cherche une bouée de sauvetage, fonde quelques espoirs de dialogue politique sur « Religions pour la paix » et affronte cet énième choc politique de la première moitié de son quinquennat.</p><p>Le président Jovenel Moïse fonde ses espoirs, a appris le journal, sur le soutien des Américains, chef de file du Core Group et donneur d'ordres à la mission de l'ONU en Haïti. Le vote du 10 janvier 2019 contre le Venezuela de Maduro a permis au président Moïse de se remettre des chocs de l'année 2018 et de survivre aux chocs de février et de juin 2019. Le 22 mars 2019, au mini sommet, à Mar a Largo avec le président Américain Donald Trump et des leaders caribéens, sans nuances, les Américains, à travers le conseiller à la sécurité national, John Bolton avait donné un brevet de bonne conduite au président Moïse, décrié chez-lui et indexé, comme des membres de sa famille politique, dans un vaste scandale de captation, de détournement et de mauvaise usage de fonds publics, les fonds petrocaribe .</p><p>« Nous attendons avec impatience une journée productive de réunions avec les dirigeants des Caraïbes : Bahamas, Haïti, République dominicaine, Jamaïque et Sainte-Lucie, à Palm Beach et à Mar-a-Lago. Ces pays choisissent la prospérité et la démocratie plutôt que la souffrance et la corruption”, avait écrit sur Twitter l’ambassadeur John Bolton, conseiller à la sécurité nationale du président Donald Trump, le 22 mars 2019.</p><p>Le même John Bolton, démis de ses fonctions récemment par le président Donald Trump, est aussi celui qui avait reçu à la Maison-Blanche le ministre haïtien des Affaires étrangères Bocchit Edmond et l'actuel chargé d'affaires d'Haïti à Washington Hervé Denis en plein « peyi lòk » en février 2018. Le message était sans équivoque à l'époque, avait noté l’éditorialiste en chef du journal Le Nouvelliste, Frantz Duval. Le président de « l’ Overseas Private Investment Corporation » (OPIC) est venu en Haïti. Des projets du bancables du secteur privé ont été présentés mais aucun décaissement n’est aujourd’hui d’actualité même si les Américains font mijoter et miroiter des milliards pour Haïti d'ici novembre et tiennent ainsi en laisse le secteur privé haïtien. La branche proche du président tout au moins. </p><p>Le président Jovenel Moïse, incapable d’avoir autre chose que le soutien politique des Etats-Unis, a joué presqu’à la roulette russe en décapitant, à travers sa majorité à la chambre des députés, le Premier ministre Jean Henry Céant en mars, quelques semaines avant l’introduction d’un prêt de 229 millions de dollars sur trois du FMI qui, en substance, avait lancé un SOS en faveur d’Haïti, un Etat classé fragile.</p><p>Si les Américains soutiennent le respect du mandat des élus, du processus démocratique, constitutionnel et donc du président Jovenel Moïse, ils ne sont cependant pas prêts, ces temps-ci, à lui décerner un quelconque satisfecit pour son leadership politique. Les Américains, a appris le journal, ont été partiellement surpris du choix de Fritz William Michel comme Premier ministre. S’ils connaissent l’amour du président Jovenel Moïse pour des Premiers ministres dociles, transparents, ils espéraient que le président Jovenel Moïse pouvait mesurer la gravité de la situation sociopolitique et économique qui laissait peu place aux tâtonnements, au passage en force pour satisfaire des alliés politiques qui apportent plus de problèmes que de solutions.</p><p>Comme d’autres présidents avant lui, Jovenel Moïse a gaspillé un temps précieux et s’est contenté du bouclier américain, sans jamais rechercher un vrai consensus national, nécessaire pour faire face aux innombrables défis liés essentiellement à la pauvreté, à l’absence de réformes pour sortir des désordres au niveau fiscale, politique et économique. Le président haïtien mise gros sur son homologue Donald Trump, sur la tête de qui est suspendu l’épée de Domoclès, la première phase d’une procédure de destitution lancée par la chef de file des démocrates au Congrès américain, Nancy Pelosi. Le président américain, Donald Trump, est englué dans un nouveau scandale, dénoncé par un lanceur d’alerte, en rapport à une conversation téléphonique avec le président de l’Ukraine, Volodymyr Zelenskiy. Le président Trump a demandé au président de l’Ukraine de dilligenter une enquête contre le fils de Joe Biden, ex-vice président et candidat à l’investiture du parti démocrate pour la prochaine présidentielle. Lors de cette conversation, une aide militaire de plusieurs centaines de millions de dollars été temporairement gelée.</p><p>Personne ne sait pour le moment si le président américain volera au secours de son homologue Jovenel Moïse et entraînera la communauté internationale dans son sillage. </p><p>Pour le moment cependant, après plus de quinze jours de crise, pas un mot, pas un geste n'est venu de l'ambassade de Tabarre ni de Washington. </p><p></p><p></p>
<p><p>Le président de la République avait beaucoup misé sur l’organisation Religions pour la paix pour faire venir sur la table du dialogue l’opposition politique. Face au refus inconditionnel de l’opposition de dialoguer avec Jovenel Moïse, cette organisation interreligieuse a fait savoir au chef de l’État qu’elle n’a pas d’autres choix que de se retirer…</p> <p>Dans une correspondance adressée le 30 septembre au directeur de cabinet du président de la République, Religions pour la paix indiqué qu’elle avait écrit aux trois principaux regroupements de partis politiques qui exigent sa démission pour leur demander s’ils sont d’accord de prendre part à un processus de dialogue visant à trouver une solution à la crise. La réponse de ces structures politiques de l’opposition est sans équivoque : pas question de dialoguer avec Jovenel Moïse.</p> <p>Selon les principes de Religions pour paix, pour que cette organisation interreligieuse joue le rôle de médiateur dans un processus de dialogue, il faut que les partis en conflits acceptent de dialoguer et accepte aussi l’organisation comme médiateur et font la demande formellement.</p> <p>Après avoir informé le chef de l’État sur les réponses de l’opposition, Religions pour paix expliqué et nous citons : « Pou rezon sa a, relijyon pou la pè ap fè ou konnen li pap posip poul aksepte jwe rol fasilitatris la paske lòt pati yo pa dakò . » « Nou swete Bondye bay tout lidè politik yo sajès pou jwenn ansamm yon fenèt la vi pou pèp ayisyen an ki pakap ankò », conclu Religions pour la paix dans sa réponse à Jovenel Moïse.</p> <p>Le regroupement de partis politiques composé de Fusion, OPL, VERITE branche Génard Joseph, MOCRHENHA et Veye yo, dans sa réponse à Religions pour la paix a indiqué qu’après la manifestation du 27 septembre, « le peuple a révoqué le mandat qu’il avait donné à Jovenel Moïse pour emmener le pays sur la route du développement… »</p> <p>« Nou tande nan 10 depatman peyi a pèp souvren an di Jovenel Moïse li pa fè l konfyans ankò. Se pou sa, nou panse Religions pour la paix dwe mande Prezidan an pou nou, nan konjonkti politik difisil sa a, se pou li konprann tout posiblite dyalòg pase pa demisyon li. Se sèl fason pou kriz la debloke tout bon vre. Konsa, Religions pour la paix kapab kontribiye nan fasiilte mizanplas yon gouvènman ki pou fè tranzisyon an », lit-on dans la réponse des organisations politique Fusion, OPL, VERITE branche Génard Joseph, MOCRHENHA et Veye yo à Religions pour la paix.</p> <p>« J’ai sollicité les bons offices de Religions pour la paix afin de faciliter les discussions avec les différents secteurs devant aboutir à un accord politique face à la crise. Elles ont accepté. La nation est heureuse de pouvoir ainsi compter sur ses filles et ses fils », avait écrit le président de la République sur son compte Twitter, le 26 septembre 2019.</p> <p>En février 2018, Religions pour paix avait déjà refusé la demande du chef de l’État de jouer le rôle de médiateur dans le dialogue politique qui devait permettre de trouver une solution à la crise.</p> <p>Depuis environ trois semaines, le pays fait face à des mouvements de protestation qui paralysent l’ensemble des activités économiques, sociales et scolaires à travers tout le pays. Dans son adresse à la nation le mercredi 25 septembre, Jovenel Moïse avait appelé à une trêve et proposé la formation d’un gouvernement d’union nationale comme sortie de crise. Ce que l’opposition dans toute sa composante avait rejeté.</p> </p>
<p></p><p>« Le discours de l’international, de juillet 2018 à nos jours, n’a pas évolué. L’international croit que quelle que soit la solution, elle doit passer par le dialogue », a confié au journal l’ex-sénatrice Edmonde Supplice Beauzile, actuelle présidente de la Fusion des sociaux-démocrates après à une réunion avec les ambassadeurs regroupés dans le groupe des pays amis d’Haïti, lundi 30 septembre 2019. </p><p>« Pour nous, Jovenel Moïse doit partir. Cela doit être un départ ordonné. Il ne peut pas gouverner », a poursuivi Edmonde Supplice Beauzile de l’opposition institutionnelle qui a participé à cette réunion sollicitée par le <em>Core Group</em> à une réunion, à Pétion-Ville.</p><p>Les sénateurs Youri Latortue de l’opposition radicale, Joseph Lambert de la nouvelle opposition, l’ex-sénateur Edgard Leblanc Fils (OPL) de l’opposition modérée et l’ex-Premier ministre Evans Paul (Kid), représentant des partis politiques alliés du président Jovenel Moïse ont aussi pris part à cette réunion. La présidente de la Fusion a indiqué que le <em>Core Group</em> a exprimé une position unitaire. </p><p>Le sénateur Nenèl Cassy a minimisé la réunion et la position du Core Group sur la crise. La position de l’opposition s’aligne sur celle du peuple qui exige la démission immédiate de Jovenel Moïse, a indiqué le sénateur des NIppes, estimant que la position du <em>Core Group</em>, qui invite à un dialogue politique au cours duquel tous les sujets y compris le départ de Jovenel Moïse, a évolué. Nenèl Cassy a par ailleurs souligné que l’ex-premier ministre Evans Paul est pour un départ ordonné mais dans un an. </p><p>Le Nouvelliste n’a pas pu joindre l’ex-premier Evans Paul pour obtenir son commentaire et confirmer s’il a exprimé ou non cette position. </p><p>Des sources interrogées par le journal ont confié « la préoccupation » du <em>Core Group</em> par rapport à la situation en Haïti. Il y a un manque de lisibilité sur l’avenir et une volonté des adversaires du président Moïse de le renverser afin de prendre le pouvoir. Cette position, a confié une source, ne sera jamais acceptée par la communauté internationale. L’accepter est ouvrir la voie à ce que cela se reproduise à chaque fois. « Ceux qui s’activent à renverser le président Moïse ne pourront pas prendre le pouvoir sans passer par les élections », a poursuivi cette source. Si la communauté internationale pousse en faveur d’un dialogue, elle ne dédouane pas pour autant le président Moïse.</p><p>« Sa gouvernance est chaotique. Il rate systématiquement les momentum », a regretté cette source. Les rapports avec le président Moïse sont loin d’être apaisés, a révélé notre source, qui craint cependant la poursuite des confrontations. </p><p>Le journal a appris que le <em>Core Group </em>doit tenir d’autres rencontres avec d’autres acteurs de la vie nationale. Entre-temps, des manifestations se poursuivent à Port-au-Prince et dans d’autres points du pays. Deux postes de police ont été incendiés ce lundi. L’un à Marigot, dans le Sud-Est après qu’un policier eut abattu un jeune homme e,t dans le Sud, aux Cayes, à Quatre-Chemins.</p><p>Plusieurs rapports font état d’affrontements entre manifestants et policiers un peu partout. Pendant qu’à coup de gaz lacrymogène et de tirs de sommation la PNH essaie de maintenir l’ordre après des journées d’émeutes, le premier ministre démissionnaire Jean Michel Lapin a remodelé son cabinet qui s’est allégé de plus de six ministres. </p><p>Le Core Group est composé de la Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies, des Ambassadeurs d’Allemagne, du Brésil, du Canada, d’Espagne, des États-Unis d’Amérique, de France, de l’Union Européenne et du Représentant spécial de l’Organisation des États Américains.</p><p></p>
<p> <p>« Je ne peux rien faire pour vous madame, la SOP (salle opératoire) n’est malheureusement pas en service. Nous sommes désolés, nous ne pouvons pas prendre en charge votre cas », explique l’interne qui était de garde vers les 12 heures a.m. à une jeune fille qui accompagnait un homme blessé à la tête. Un autre médecin, à quelques pas de lui, explique la même situation à un homme visiblement paniqué qui vient d’acheter une paire de gants. « Allez à un autre hôpital, c’est la moindre chose que je peux vous conseiller », ajoute le médecin.</p> <p>En dépit du « peyi lòk », les cas d’urgence continuent d’affluer dans les hôpitaux. Mais, nombreux sont ceux qui repartent avec la certitude que la fin de leur existence est plus proche que plus lointain. Le plus grand centre hospitalier du pays ne peut que traiter les cas de « bobologie »(les cas non compliqués), soutient l’un des rares médecins qui était de garde ce mardi 1er octobre. « Le bloc opératoire ne fonctionne pas, pas d’intrants et de matériels, la pharmacie est vide, les médecins ne peuvent venir travailler, problème de disponibilité de l’eau…, sont entre autres difficultés auxquelles nous faisons face », a-t-il exposé.</p> <p>Trois internes critiquent l’administration de l’hôpital qui n’a pas encore convoqué une réunion sur la gestion de la crise. Aux salles d’urgences (médecine interne, orthopédie,chirurgie)… les patients sont là, mais pas les médecins. « La dernière fois quej’ai été consulté remonte à jeudi dernier. Regarde par toi-même, tu verras que mon pied commence à putréfier », se désole un jeune homme qui a eu un accident de la voie publique. Il a déjà subi son intervention chirurgicale, mais les suivis médicaux ne sont pas effectués.</p> <p>Les manifestations de rue contre le président Jovenel Moïse intensifient à travers les dix départements impactent le système sanitaire. « L’impact de cette situation sur le secteur de la santé est catastrophique », a affirmé le président de l’Association des hôpitaux privés d’Haïti (AHPH), le Dr Franck Généus, qui dit constater avec inquiétude que les crises politiques, sociales, économiques et de gouvernance auxquelles fait face Haïti ne vont qu’en empirant depuis plus de douze mois.</p> <p>Durant cette crise, le personnel soignant ne peut se rendre au travail. « Les hôpitaux d’Haïti vivent chaque jour dans l’angoisse de devoir arrêter les services à la population pour des raisons tant de sécurité, d’accessibilité géographique, de finances et de disponibilité de carburant. L’accès aux sources d’énergie devient un luxe de moins en moins accessible jour après jour », a indiqué le président de l'AHPH, relatant que «depuis près d’un an les hôpitaux sont en difficulté pour trouver du sang pour les malades».</p> <p>Le président de l’Association des hôpitaux privés d’Haïti (AHPH) qui intervenait lundi à Radio Vision 2000 a plaidé en faveur de la mise en place d’un corridor humanitaire sanitaire autour de quatre grands axes : - l’approvisionnement des médicaments, d’oxygène, d’eau, etc. – une organisation du transport par les autorités étatiques- la disponibilité du carburant dans les hôpitaux- un support financier aux hôpitaux privés.</p> <p>« En temps de crise, il y a nécessité de mettre des moyens financiers à la disposition des hôpitaux privés qui prennent le relais quand les hôpitaux publics ne fonctionnent pas ou sont dysfonctionnels. Il faut bien comprendre que les hôpitaux privés paient le coût de l’incapacité des hôpitaux publics », a expliqué le Dr Franck Généus, plaidant pour la mise en place d'un corridor humanitaire avec la Police, l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’Association nationale des distributeurs des produits pétroliers (ANADIPP), etc.</p> </p>
<p> <p>J’ai entendu avec effroi le compte-rendu fait par Edmonde Beauzile Supplice de la rencontre de leaders politiques haïtiens avec le Core Group. Je salue le courage de ces leaders politiques qui ont gardé la position, qui est celle de la population, de l’impossibilité et du refus de tout dialogue avec Jovenel Moïse s’il n’annonce pas sa démission. Ce qu’il y a d’effrayant c’est cette prétendue position de principe qui n’est qu’une licence pour voler et tuer que des pays dits amis entendraient donner au gang Moïse/PHTK, s’ils maintenaient une telle position. Ce ne peut être qu’une mauvaise blague.</p> <p>Ce n’est pas l’opposition qui ne veut pas dialoguer avec ses voleurs et ses assassins, c’est la population. L’opposition aujourd’hui, c’est ce gosse de huit ans qui crie : Jovenel, tire-toi, je veux aller à l’école, c’est cet employé de l’Etat qui n’aime pas la politique mais qui crie qu’il n’avait jamais vu autant de corruption, c’est tout un chacun, c’est cette foule dans une ville du Nord qui porte sur sa tête un cercueil vide et célèbre l’enterrement symbolique du président-fantôme, ce sont ces militants sur lesquels on tire et qu’on arrête, ce sont ces petits malins de la toile qui publient des avis de recherche du type : « délinquant en fuite, porte chemise rouge, se dit président ». L’opposition, ce sont ces Haïtiens qui ont fait entendre leurs voix au premier ministre canadien ; ce sont ces agents de police qui sont fatigués de devoir réprimer leurs frères ; ce sont ces jeunes de toutes les origines sociales qui réclament le procès Petro Caribe. L’opposition aujourd’hui, c’est tout le monde sauf les quelques uns qui profitent de la corruption et dirigent la répression.</p> <p>Jamais homme politique n’aura été aussi méprisé, moqué dans l’histoire de ce pays. Cet homme et son parti ont perdu toute crédibilité, tout pouvoir de convocation aux yeux des Haïtiens. Et des diplomates prendraient sur eux de dire à ses victimes qu’elles doivent s’asseoir avec lui. Au nom de quoi ? D’une prétendue élection à laquelle moins de 20% de la population a participé ? D’une prétendue continuité institutionnelle alors que Jovenel Moïse/PHTK ont avili les institutions ?</p> <p>Il n’y a pas de raison haïtienne pour que qui que ce soit de digne, d’honnête, de dialoguer avec Jovenel Moïse. Et ils ne le feront pas. Tout soutien à cette idée de dialogue aura pour effet de légitimer la répression et la corruption et d’entraîner encore plus de radicalisation chez la population.</p> <p>Et où donc étaient les amoureux des institutions quand Jovenel Moïse et son parlement croupion violaient systématiquement la Constitution, les lois de la république et les droits des citoyens ! Et quel respect ont-ils pour la société civile haïtienne, les représentants des différents cultes, les associations de défense des droits humains, les professeurs d’université, les corporations, les syndicats, la jeunesse ? Tout ce monde fait donc partie de « l’opposition »? Les Haïtiens auraient-ils perdu le droit de décider des affaires haïtiennes ?</p> <p>Tel homme politique qui a lui aussi, à force de revirements, perdu tout pouvoir de convocation, répète la phrase apprise par cœur sur le support accordé aux institutions et non à la personne. Mais c’est bien de l’avilissement des institutions qu’il s’agit. Un gang s’en est accaparé et les a détruites, il s’agit de le déloger pour qu’elles puissent renaître.</p> <p>Avec tout le respect que j’ai pour madame Beauzile-Supplice, je ne veux pas croire ce qu’elle rapporte. Que des diplomates de carrière, représentants de dites démocraties, FACE A UNE SITUATION INSURRECTIONNELLE, ne trouvent pas mieux à penser que de demander le dialogue avec UN FANTOCHE INDEXE POUR CORRUPTION PAR UNE INSTITUTION ETATIQUE NATIONALE , et dont le gouvernement est accusé de crimes de sang comme le massacre de la Saline.</p> <p>Demander à ce pays - et qu’on arrête de minimiser les choses en parlant de « l’opposition » - de dialoguer avec Moïse/PHTK, c’est contribuer à maintenir les conditions de plus d’affrontements entre la population et la police se transformant au fur et à mesure en outil de répression politique. Je doute que les sociétés civiles des pays ayant des représenttions diplomatiques en Haïti soutiendraient une telle politique. Plus que jamais la diaspora a un rôle à jouer pour faire connaître au monde ce qui se passe en Haïti.</p> <p>Un peuple qui n’en peut plus, demande une transition et l’orientation du pays vers plus d’équité et d’équilibre social, et la fin d’un règne de corruption, de désacralisation des institutions. Et il reviendra aux citoyens des pays représentés en Haïti de demander à leurs représentants s’il est vrai que, objectivement, (on évalue une politique à ses conséquences) ils soutiennent une position qui ne peut conduire qu’au bain de sang. Seule la démission est négociable entre Haïti et Jovenel Moïse. On l’a déjà dit plusieurs fois, et la triste preuve en est faite chaque jour : la paix reviendra quand Jovenel Moïse aura démissionné, en attendant des gens meurent.</p> <p>Non, ce ne peut être qu’une mauvaise blague que l’on a voulu faire à nos amis du Core Group.</p> </p>
<p>L’ex-premier Evans Paul, en interview avec Le Nouvelliste, a confié que le Core Group, dans le cadre de ses efforts de bon offices pour aider à résoudre la crise politique, n’est pas dans une position partisane. « Le Core Group supporte les institutions. C’est ce qui a été dit. A aucun moment, personne n’a dit qu’on supportait le président Moïse ou pas. Ce que j’ai entendu, c’est que le Core Group supporte les institutions. De la même façon qu’il supporte le Sénat, il supporte la présidence d’Haïti. Pas la personne de Jovenel Moïse », a expliqué Evans Paul qui a participé à une réunion avec les ambassadeurs du Core Group et des représentants de l’opposition, lundi 30 septembre 2019.</p><p>« Il n’y a aucune divergence au sein du Core Group », a poursuivi Evans Paul, en réactions aux bruits qui laissent croire que des diplomates seraient pour et d’autres contre le départ du président Jovenel Moïse. « … Aucune divergence n’a été exprimée au sein du Core Group pour ou contre. Le Core Group voulait seulement faciliter une rencontre », a insisté Evans Paul, révélant que cela a « débouché sur l’idée d’un dialogue sans pré-condition ».</p><p>« Chacun garde sa position. Il est clair que les gens de l’opposition veulent toujours un départ ordonné et immédiat du président Jovenel Moïse. Moi, je suis pour un dialogue qui déboucherait sur un accord susceptible de faciliter la mise en place d’un gouvernement d’union nationale. Voilà ce qui a été dit. C’était une rencontre cordiale. Il n’y avait pas d’injonction du Core Group. Ce sont des diplomates. Ils étaient là pour nous encourager à parler entre-nous. Ils exprimaient des préoccupations par rapport à la violence. C’était tout », a dit l’ex-Premier ministre qui a démenti les affirmations du sénateur Nenèl Cassy indiquant qu’il veut que Jovenel Moïse reste au pouvoir pendant un an.</p><p>« Premièrement, le sénateur Cassy n’était pas présent à la réunion. Deuxièmement, il n’était pas question de donner des dates (…) Le sénateur Cassy n’était pas là. Je n’ai avancé aucune date. J’ai toujours dis qu’il faut tout mettre sur la table. Je ne vois pas comment est-ce je pourrais, sans négociations, demander que le président reste un an, six mois ou deux ans. Cela n’a pas été dit et ce n’est pas ma position non plus », a poursuivi l’ex-Premier Evans Paul, l’un des figures du KID, parti allié du président Jovenel Moïse.</p><p>Le Core Group est composé de la Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations unies, des ambassadeurs d’Allemagne, du Brésil, du Canada, d’Espagne, des États-Unis d’Amérique, de France, de l’Union européenne et du Représentant spécial de l’Organisation des États américains (OEA). </p><p></p><p></p><p></p>
<p>*La Concavaf a décidé de retirer l'organisation de la première phase des éliminatoires des Jeux olympiques dans le groupe C à Haïti à cause de la situation politique complexe sévissant dans le pays*.</p><p>Porto Rico accueillera le groupe C des éliminatoires des Jeux olympiques de Tokyo. Ainsi en a décidé la Concacaf ce dimanche à cause de la situation politique cauchemardesque qui sévit en Haïti.</p><p>La sélection nationale haïtienne de football féminin devra donc se déplacer mardi à destination de Porto Rico devenu l'hôte du groupe C depuis ce 29 septembre. Les dirigeants haïtiens doivent désormais plancher sur le déplacement des filles dont les dernières devraient arriver à Port-au-Prince ce lundi 30 septembre.</p><p>Haïti devrait accueillir la compétition comptant pour le premier tour des éliminatoires des Jeux olympiques de Tokyo dans le groupe C de la zone caribéenne du 3 au 7 octobre. Un groupe composé de Suriname, de Haïti et de Porto Rico.</p><p>Par contre, le calendrier de la compétition ne sera pas modifié. Haïti ouvrira le bal contre le Suriname jeudi avant que Porto Rico ne relève le défi de Suriname le 5 et Haïti clôturera la compétition dans ce groupe C face à Porto Rico le 7 octobre. Le vainqueur du groupe accèdera au second tour de la compétition.</p><p></p><p></p><p></p><p></p><p></p><p></p>
<p>L'ancien président dominicain, Leonel Fernández, lors d'un entretien accordé au groupe Telemicro, a estimé que les événements survenus en Haïti, l'année dernière et ces dernières années, montrent qu'il "s'agit bel et bien d'un État failli" qui s'est effondré sur les plans économique, politique et social.<br /></p><p><br /></p><p>Fernández a expliqué que la situation et le désespoir en Haiti représentent un grand défi pour la République dominicaine, en particulier avec le renforcement de la frontière.<br /></p><p><br /></p><p>En détaillant les facteurs qui ont influé sur l’effondrement de la situation en Haïti, il a pointé du doigt une croissance économique en déclin qui ne dépasse pas les 2% et un produit intérieur brut équivalent à 8 milliards de dollars, alors que celui de l'économie dominicaine est de 85 milliards de dollars.<br /></p><p><br /></p><p>"Notre économie est mille fois supérieure à celle de l'économie haïtienne", a expliqué Fernandez lors de cet entretien.<br /></p><p><br /></p><p>Il a ajouté qu'outre les problèmes structurels rencontrés par Haïti avec notamment la demande de départ du président Jovenel Moïse, la situation s'est aggravée avec le départ définitif de Minustah qui est restée pratiquement dix ans sur le territoire national. L'armée haïtienne a été réhabilitée à nouveau, mais Fernandez doute qu'elle dispose de la formation, de l'expérience d'une mission des Nations Unies.<br /></p><p><br /></p><p>La Minustah, selon lui, avait également un impact sur l’économie puisque son retrait signifie un milliard de dollars de moins pour l’économie haïtienne et qu'avec ce milliard des biens et des services étaient achetés.<br /></p><p><br /></p><p>Un autre facteur qui contribue à affaiblir Haïti, a déclaré le candidat à la présidentielle dominicaine, est que Petrocaribe ne facilite plus l'acquisition des hydrocarbures dans des conditions avantageuses.<br /></p><p><br /></p><p>Petrocaribe disparaît et survient une crise de carburant qui a déchaîné la crise actuelle. Il n'y a pas de carburant en Haïti, le pays est totalement paralysé, des gens ont gagné les rues pour demander le départ du président. "S'ils obtenaient gain de cause, cela conduirait Haïti dans une phase d'ingouvernabilité chronique", a-t-il déclaré.<br /></p><p><br /></p><p><strong>Défi pour la République dominicaine</strong><br /></p><p><br /></p><p>Selon Fernández, la situation en Haïti est un défi pour la République dominicaine, car ce pays est également menacé de ne pas avoir d'eau dans les années à venir, et tout cela a un impact sur une migration plus importante qui se diversifie vers des nations telles que Bahamas, Chili, Brésil et autres.<br /></p><p><br /></p><p>«Vous remarquez que le peuple est désespéré parce que le pays s'est manifestement effondré sur le plan politique, parce qu'il s'agit d'une situation d'ingouvernabilité chronique qui existe actuellement, le pays s'est effondré sur le plan économique avec une économie stagnante, s'est effondré sur le plan social et écologique. De toute évidence, c’est un grand défi pour la République dominicaine."<br /></p><p><br /></p><p>À cet égard, il a suggéré que les autorités dominicaines étaient obligées de renforcer la zone frontalière, tout en reconnaissant les progrès réalisés dans ce domaine grâce aux nouvelles technologies, telles que les drones et le renforcement des agents du Corps spécialisé de la sécurité des frontières terrestres (Cesfront), qu’il a qualifié de "correct et adéquat".</p><p><br /></p><p>Source Listin Diario</p><p></p>
<p><p>Le mois de septembre ne porte pas chance à Haïti. En 1991, sept mois après une élection triomphale, le premier président démocratiquement élu après la dictature des Duvalier laissait le pouvoir après un coup d’Etat sanglant. Les suites, entre répression, embargo et retour du président accompagné de l’armée américaine, marquent encore notre trajectoire de peuple. On ne s’en est jamais vraiment remis des fractures de 1991.</p> <p>Ce 30 septembre 2019, 28 ans après le coup d’Etat contre Jean-Bertrand Aristide, la démocratisation continue sa lente agonie. L’économie est toujours étranglée. Les tâches de sécurité sont imparfaitement assurées. Il n’y a pas de rêves communs aux Haïtiennes et Haïtiens. Nous n’avons pas beaucoup progressé depuis la fin de la dictature en 1986.</p> <p>Cette année, le 30 septembre nous retrouve avec un président décrié et aux abois. Nos institutions ont une légitimité mince comme un souffle. Le Parlement est vilipendé et dysfonctionnel. La justice à tous ses étages est ravagée par l’inaction. La corruption est la doctrine triomphante. Le déficit budgétaire chronique, l’incapacité de trouver de nouvelles ressources pour faire fonctionner l’Etat, la contrebande, les gaspillages, les crises énergétiques et électriques rongent le peu de disponible. Nous n’avons ni pied ni ailes.</p> <p>L’installation de ministres ad interim pour remplacer des ministres ad interim et démissionnaires depuis plus de six mois souligne une nouvelle étape dans le naufrage national. Il n’existe plus de mécanismes institutionnels pour gouverner en Haïti. Nous bricolons. On invente la légalité comme jamais cela ne fut encore fait sans textes de loi ni références coutumières.</p> <p>La dernière réunion en date entre le Core Group et des leaders de l’opposition souligne si besoin est que nos tuteurs traditionnels depuis 1991, eux non, n’ont plus aucune solution de rechange au chaos. Ils tâtonnent comme nous tous. La Minustah, la Minujusth et le reste n’ont pas servi à grande chose, sinon à stabiliser nos fragilités.</p> <p>Les représentants de toutes les composantes de l’opposition qui ont rencontré les diplomates du Core group lundi n’avaient ni proposition unitaire ni alternative crédible. La politique devient de l’art pour l’art quand elle ne peut pas formuler ses désirs ni rencontrer les besoins de ceux qu’elle dit servir. Qui s’en rend compte ici ?</p> <p>La radicalisation est en train de devenir le seul langage dans les deux camps.</p> <p>L’exécutif et ses soutiens résistent pendant que des commissariats de police sont attaqués, des entreprises privées pillées, des institutions publiques dévastées, des manifestants criblés de balles.</p> <p>Les semaines se suivent sans reprise des activités scolaires, sociales et commerciales. Le pays, déjà au chômage, se met en congé forcé. Nous sommes en état de siège ou assiégé. Tout s’additionne pour que la spirale du pire s’installe.</p> <p>Contrairement à nos crises passées, ce ne sont plus seulement des politiciens ou des groupes aux intérêts antagoniques qui s’affrontent. Nous sommes en train d’exciter des passions, de raviver des haines, de mettre de l’huile sur tous les foyers possibles d’incidents.</p> <p>Avant le naufrage, nous risquons l’embrasement. Et sûrement les deux au rythme auquel la course vers le pire est engagée.</p> <p>Nous sommes en septembre. Ce mois ne nous porte pas chance. Il faut le dire, même si la chance n’a rien à voir dans la vie d’un pays et d’un peuple.</p> <p>Déconstruire comme construire demande de la réflexion et un plan. On n'y échappera pas, sinon bonjours des années de chaos. L’embrasement et le naufrage. Chacun y met sa part. Les sortants comme les arrivants.</p> </p>
<p><p>Les ambulances du Centre ambulancier national(CAN) font l’objet des attaques ciblées par des manifestants. Pas moins de trois véhicules d’urgence ont essuyé des jets de pierres au niveau de l’aire métropolitaine au cours de ces trois dernieres semaines où les manifestations contre Jovenel Moïse, président de la République, n’affaiblissent pas. La dernière agression remonte à lundi au niveau de Nazon. « L’ambulance était en route pour répondre à une alerte d'accident au niveau de Canapé Vert aux environs de 2 h.eures p.m. quand elle a été attaquée », a indiqué le ministère de la Santé publique et de la population (MSPP).</p> <p>« Heureusement le personnel n’a pas été victime », a souligné le directeur du CAN, le Dr Didier Hérold Louis, joint par le journal mardi. Il a toutefois précisé dans la foulée que tous les pare-brise du véhicule ont été cassés. « Malgré l’ambulance et le personnel ambulancier CAN étaient clairement identifiés, des individus mal intentionnés ont quand même décidé de lancer des pierres contre le véhicule et le personnel tout en menaçant de l’incendier », a dénoncé, dans une note de presse, le ministère de la Santé publique et de la Population (MSPP) qui a condamné, une fois de plus, les attaques perpétrées contre une ambulance du Centre Ambulancier Nationale (CAN).</p> <p>« Revendiquer est un droit, attaquer les ambulances est un crime. Les ambulances sont au service de la population toute entière. Protégez-les », a exhorté les autorités sanitaires qui demandent à la population en général de témoigner sa solidarité et de faciliter la libre circulation de toutes les ambulances, qu’elles soient publiques, privées, hospitalières et philanthropiques.</p> <p>Le MSPP rappelle que les ambulances servent à fournir les soins pré-hospitaliers d’urgence, assurant le transport des malades, des blessés, des femmes enceintes, et de toute personne dont le cas le nécessite, vers l’hôpital ou le centre de santé le plus proche et le plus techniquement approprié. Au regard du code de la route, les ambulances bénéficient de la priorité dans la circulation.</p> </p>
<p></p><p>La Caribbean Craft, basée à Maïs Gaté, spécialisée dans la fabrication de produits artisanaux dont des articles en « papier maché », en métal recyclé pour la décoration intérieure a été la proie des flammes vers les 2 heures du matin, vendredi 27 septembre 2019, a confié la propriétaire de cette entreprise Magalie Noël Dresse en fin d’après-midi.</p><p>Les commandes pour de grandes compagnies américaines qui n’ont pas pu être expédiées à cause des semaines de " peyi lòk" provoquées par la rareté de l’essence ont été dévorées par les flammes, a déploré Magalie Noël Dresse, qualifiant d’injuste ce qui s’est passé. « Je pense que c’est injuste vis-à-vis de ceux qui ont le droit et qui veulent travailler dans leur pays, pour un meilleur avenir dans leur pays », a-t-elle indiqué, regrettant aussi les conséquences de ces genres d’incidents sur l’entreprise et d’autres entreprises dans le pays. </p><p>« Les autorités ne comprennent pas que ces genres d’évènements provoquent la fermeture de comptes à l’export », a poursuivi Magalie Noël Dresse. Sur le compte Twitter de Caribbean Craft, Magalie Noël Dresse a indiqué que cet incendie est un appel visant à réveiller ceux qui ont investi leur vie, leurs passions et leurs ressources dans l’espoir de changer Haïti. « Par notre inaction, nous leur permettons de voler le futur de notre pays », a-t-elle écrit soulignant que Caribbean Craft est frappée, c'est toute l’industrie artisanale haïtienne qui est frappée. </p><p>« Quand l’incompétence, le déficit de leadership et de gouvernance, la rage de voler, la corruption, l’impunité sont alignés : c’est toute la société qui s’effondre », a tweeté Magalie Noël Dresse. « Notre engagement est vis-à-vis des artisans qui ont fait de notre compagnie une grande compagnie et envers ce pays qui nous a tant donné. Le temps est à l’action. Si ce n’est pas maintenant, ce sera quand ? Si ce n’est pas nous, ce sera qui ? », s’est demandée Magalie Noël Dresse, qui a confié au Nouvelliste qu’elle a l’obligation de continuer à avancer après avoir encaissé ce mauvais coup. </p><p>Le feu a également fait des dégâts au niveau de Avis, une entreprise de location de véhicules. Au moins 9 véhicules ont été dévorés pas les flammes. « Cela nous a affecté. On a subi des dommages », a confié le responsable de Avis, Jacques Villejoint, interrogé en début de journée par le journal. Il a déploré et indiqué qu’il travaille depuis 29 ans dans ce pays.</p><p>Sur les réseaux sociaux, l’économiste et influenceur Marc-Alain Boucicaut a posté des photos montrant des pilleurs au moment de l’attaque contre les locaux de son entreprise Bang, à Delmas. </p><p>Ces entreprises n’ont pas les seules a avoir été attaquées dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince qui a connu une nouvelle journée de manifestation monstre pour exiger le départ du président Jovenel Moïse. Aux images d’entreprises attaquées, il faut ajouter celles du sous-commissariat de Frecineau, à Saint-Marc, le quartier général de l’UDMO à Cité Soleil. Il est rapporté également des attaques contre des tribunaux de paix dans certaines villes du pays, dont Petit-Goâve.</p><p></p><p></p>
<p>Me Paul Eronce Villard a refusé le poste de substitut de commissaire du gouvernement à la cour d’Appel de Port-au-Prince. En interview avec Le Nouvelliste, jeudi soir, il confie l’avoir clairement indiqué à son interlocuteur. Il soutient être stupéfait d’avoir vu sur les réseaux sociaux une lettre de nomination qu’il n’a pas reçue.</p><p>« En référence à votre correspondance au numéro SP-788 en date du 26 septembre 2019 circulant sur les réseaux sociaux, j’ai l’avantage de vous informer que, pour des raisons éthiques, je décline votre choix de nommant substitut du commissaire du gouvernement près la cour d’Appel de Port-au-Prince », a écrit le Me Paul Eronce Villard au ministre de la justice, Jean-Roody Aly.</p><p>Paul Eronce Villard qui, en début de soirée, n’avait pas donné de détails sur les raisons de son départ du parquet de la capitale, a finalement révélé l’existence d’un désaccord profond avec son supérieur. « On est véritablement intéressé à mater la rue. J’ai juste voulu faire un équilibre. Si l’on s’en prend à Ti Joël, il faut mettre l’action publique en mouvement contre tout le monde. Ce n’est pas leur position », a poursuivi Paul Eronce Villard, soulignant qu’il n’était pas venu travailler aujourd’hui (jeudi) avec l’intention de démissionner.</p><p>« Il a démissionné parce que le pouvoir lui avait demandé de réprimer systématiquement ceux qui revendiquent leurs droits fondamentaux (droits sociaux et économiques) ainsi que le départ du président Jovenel Moïse. Pourtant, on lui interdit de mettre l'action publique en mouvement contre le sénateur Féthière, pris en flagrant délit, commettant une tentative d'assassinat, avec début d'exécution.Pour le Centre d'analyse et de recherche en droit de l'homme(CARDH), le nouveau commissaire va, fort probablement, faire le "job". D’ailleurs le nouveau "ministre" de l'intérieur vient d'annoncer les couleurs », a confié Me Gédéon Jean, responsable du CARDH. </p><p>Pierre Espérance du RNDDH a indiqué que Paul Eronce Villard a démissionné parce qu’il a « refusé de faire de la répression pour le pouvoir ». Il a aussi refusé de revenir sur des positions exprimées sur le dossier du sénateur Fethière, a poursuivi Pierre Espérance. « Nous le félicitons pour cela », a souligné Pierre Espérance.</p><p></p><p></p>
<p>Des civils armés ont fait plusieurs blessés par balles, ce vendredi 27 septembre 2019 à Samarie ( entrée nord du Cap-Haïtien) au moment où l'opposition locale s'apprêtait à manifester.</p><p>En représailles, un groupe de manifestants ont incendié plusieurs maisonnettes à Shadah, quartier limitrophe de Samarie où les civils armés se seraient regroupés, selon les manifestants en colère.</p><p>Ces affrontements entre manifestants et civils armés ont fait plus de 20 blessés dont au moins 15 par balles, selon une source proche de l'hôpital universitaire Justinien. Ces affrontements ont créé une vive tension dans cette zone occupée par la police.</p><p>Depuis le week-end dernier, les manifestations anti-gouvernementales, parfois émaillées de violences sont quasi- quotidiennes dans la deuxième ville du pays.<br /></p><p>Ce matin (vendredi), la ville était entièrement paralysée et la circulation automobile inexistante.</p><p>Cap-Haitien donne l'aspect d'une ville déserte abandonnée par ses occupants. Hier jeudi, le chef de l'Etat a limogé le délégué départemental Antonio Jules pour le remplacer par Pierrot Augustin Degaul, un ancien militant Lavalas qui a rejoint les rangs du régime en place. C'est lui qui aurait monnayé les civils armés, selon les protestataires, pour mater la manif de ce Vendredi considérée comme " la dernière bataille ".</p><p>" Je ne suis même pas encore investi de mes fonctions... Je n'ai aucun moyen économique à ma disposition...comment pourrais-je financer un tel raid?", se demande le nouveau délégué départemental.</p><p>Pierrot Augustin Degaul se définit comme une personne non violente qui n'a jamais fais usage de la violence. " Je n'ai jamais utilisé une arme à feu...et je je n'ai pas la violence comme élément de solution", indique Pierrot Augustin Degaul.</p><p>En fin de journée, des milliers de personnes ont manifesté à travers les rues pour réclamer la démission du président Jovenel Moïse.</p><p></p>
<p>A Port-au-Prince le cortège a démarré vers les 11 heures du matin au carrefour de l’aéroport. La foule qui a longé l’autoroute de Delmas en direction de Pétion-Ville a été rejointe par des milliers de protestataires venus de Cité Soleil, de Bel-Air et d’autres quartiers populaires de la région métropolitaine. Les premiers heurts ont eu lieu quand des agents de la PNH ont fait usage de gaz lacrymogène au niveau de Delmas 95. Furieux, des manifestants ont lancé des pierres en direction des forces de l’ordre.</p><p>Plusieurs entreprises et une banque commerciale ont été saccagées à Delmas. Des scènes de violence ont été également enregistrées au passage des manifestants à Pétion-Ville. En plus de fouler le béton, les protestataires ont érigé des barricades à plusieurs endroits rendant pratiquement impossible la circulation d’un point à un autre. </p><p>Très sollicitée, les forces de l’ordre étaient en grande difficulté. Tôt dans la matinée, la base de l’Unité départementale de maintien de l’ordre (UDMO) logée dans la commune de Cité Soleil au nord de Port-au-Prince a été vandalisée et pillée par des membres de la population. « Pour paralyser le fonctionnement de l’UDMO, depuis jeudi soir, des gens ont érigé des barricades sur tout le chemin conduisant à la base de cette unité spécialisée de la police. Grâce à la couverture d’un véhicule blindé, les agents ont pu déplacer les véhicules, les matériels, les équipements, les armes et les munitions qui étaient dans la base… », a expliqué au Nouvelliste un haut gradé de la PNH. Selon cette source, des membres de la population de Cité Soleil qui ont envahi la base par la suite n’y ont trouvé rien de grande valeur.</p><p>Plusieurs médias de la capitale rapportent que des agents cantonnés dans le sous-commissariat de Frescineau (Saint-Marc) ont été également défiés par des manifestants. </p><p>La situation était particulièrement tendue à Petit-Goâve après la mort d’un chauffeur de taxi. Les manifestants accusent les policiers de l’avoir tiré dessus. Furieux, les protestataires ont érigé des barricades et ont mis le feu dans les greffes du parquet du tribunal de première instance de la ville.</p><p>Aux Cayes, la manifestation a commencé tôt dans la matinée après la découverte d’un cadavre au niveau du boulevard des Quatre-chemins. Des milliers de manifestants ont été remarqués dans les rues de la 3e ville du pays. Certains manifestants ont lancé des pierres et des tessons de bouteille sur des bâtiments. Plusieurs magasins de la ville et les locaux de la Caritas ont été mis sac au cours de cette journée.</p><p>Au Cap-Haïtien, des civils armés ont fait plus de 20 blessés par balle pendant la journée de protestation, précisément à Samarie (entrée nord du Cap-Haïtien) au moment où l'opposition locale s'apprêtait à manifester. En représailles, un groupe de manifestants ont incendié plusieurs maisonnettes à Shadah, quartier limitrophe de Samarie où les civils armés se seraient regroupés, selon les manifestants en colère. D’autres blessés par balle ont été rapportés dans des villes de province, dont Jacmel et Mirebalais. </p><p></p>
<p> <p>Les rues de Port-au-Prince présentent un tableau de fin du monde. À l’avenue Magloire Ambroise, près de la rue Cadet Jérémie, un cadavre humain compose avec une pile de fatras. Les gens vaquent à leurs occupations. Les passants pressés jettent un œil distrait sur cet homme parmi les pneus calcinés. </p> <p>Tout le long de l’avenue Magloire Ambroise, tessons de bouteille, bouts de métal, pierres jonchent l’asphalte.</p> <p>A Christ-Roi, un cadavre de chien gonflé comme un pneumatique n’est pas loin d’exploser. Des jeunes gens assis pas trop loin des dépouilles de cet animal devisent avec nonchalance.</p> <p>Sur un tronçon de Delmas 31, une pile de fatras occupe une bonne partie de la rue. Des gallons jaunes attachés aux taxi-motos lancent aux consommateurs d’essence le signal d’alerte de la pénurie chronique. </p> <p>Partout à Port-au-Prince, les immondices font office de barricades : bout de bois, récipients, pierres, fer, tôles calcinés, blocs forment des obstacles pour entraver la circulation des véhicules.</p> <p>Partout au centre-ville et dans la périphérie de Port-au-Prince, des déchets de toutes sortes brûlent : pneus, vieilles batteries, matières plastiques, bois, contenus des bennes à ordure oubliés par la mairie depuis des semaines, chiens éventrés, etc. </p> <p>Le marché informel sur les trottoirs a laissé libre cours à la circulation piétonne. Rares sont les marchands de restauration rapide dans le paysage vidé de ces passants qui se bousculaient, s’engueulaient et venaient parfois aux poings en temps singulièrement normal.</p> <p>Les gens passent leur chemin, l’oreille collée à leur poste de radio qui diffuse les dernières nouvelles du jour. Tout le monde est comme drogué de nouvelles. L’actualité ballotent les gens au gré de l’humeur à l’antenne, dans les rues et sur les réseaux sociaux.</p> <p>En face du Palais national, haut lieu symbolique du pouvoir en Haïti, près de la statue de Toussaint Louverture, un homme se baigne en slip. Il se parle à lui-même à haute et intelligible voix : « Gad yon bèl peyi konsa nèg yo ap kraze. Chak jou m leve m sou. Mwen menm m byen dòmi bò palè m nan. Gad tout kote m genyen pou m repoze m. Nèg yo anraje mesye. M pa ta renmen yon vin mòde m la. »</p> </p>
<p></p><p>Le pays a connu ce vendredi 27 septembre une journée de tension et de confusion généralisée. Des commissariats de police ont été attaqués et pillés, des protestataires qui réclament la démission du chef de l’État ont incendié et pillé des entreprises privées et des bâtiments publics. Face à cette situation de troubles sociaux, la Conférence des évêques d’Haïti appellent le président de la République à tirer les conséquences de ses irresponsabilités…</p><p>« Existe-t-il une violence plus atroce que celle de vivre constamment dans l’insécurité ? Y a-t-il pire que la misère noire qui enlève tout espoir ? Aucun peuple ne doit accepter la misère, la pauvreté et la violence de manière défaitiste. Donc, les plus hauts responsables de l’État doivent assumer leurs responsabilités pour garantir la bonne marche du pays et des institutions ; ils sont moralement responsables de la sécurité et du bien-être de la population. Et, en premier lieu, le président de la République », ont écrit les évêques catholiques dans une prise de position publiée ce vendredi.</p><p>Selon les prélats, « Si le pays est à feu et à sang, c’est à cause de leur irresponsabilité. Comment peuvent-ils ne pas savoir ce que tout le monde sait ? Dans un sursaut de prise de conscience qu’ils mesurent l’ampleur de leurs échecs accumulés et en tirent les conséquences. C’est maintenant qu’ils doivent agir pour changer la vie en Haïti. Demain sera trop tard », prédisent les évêques catholiques.</p><p>« Malgré nos appels répétés depuis bientôt deux ans, les actuels dirigeants, élus et responsables politiques d’Haïti restent sourds, occupés à gérer leur pouvoir, leurs privilèges et leurs intérêts mesquins. Pendant ce temps, certains secteurs continuent de s’enrichir sur le dos des pauvres qui ne peuvent ni manger ni payer la scolarisation de leurs enfants », a dénoncé la Conférence des évêques.</p><p>Ils appellent le peuple à s’unir « pour dérouter l’insécurité, la corruption, l’impunité, la violence et tous les germes de mort. Dieu nous a créés pour la vie. Pour cela, nous avons le droit d’exister et de vivre dignement. »</p><p>« C’est comme si nous étions en état de guerre fratricide. Nous en sommes arrivés là à cause du comportement des élus et des dirigeants. Ce n’est plus le moment de clamer que nous sommes tous coupables. Ce n’est pas la vérité. Ni de dire que nous condamnons la violence d’où qu’elle vienne ; elle a une origine », ont affirmé les Évêques.</p><p>Après les grands troubles sociaux de juin dernier, les évêques avaient déjà déclaré qu’il « faut à tous les échelons des pouvoirs et de la fonction publique des femmes et des hommes nouveaux… »</p><p></p><p></p>
<p>Port-au-Prince et les zones avoisinantes sont en ébullition en milieu de journée du vendredi 27 septembre. Les villes de province aussi. A l’appel de l’opposition politique, beaucoup de personnes sont dans les rues un peu partout à travers le pays pour exiger la démission du président de la République. La police nationale est plus que jamais sollicitée soit pour accompagner les manifestations ou pour empêcher des actes de pillages. </p><p>C’est dans ce contexte que la base de l’Unité départementale de maintien de l’ordre (UDMO) logée dans la commune de Cité Soleil au nord de Port-au-Prince a été vandalisée et pillée par des membres de la population. « Pour paralyser le fonctionnement de l’UDMO, depuis jeudi soir, des gens ont mis des barricades sur tout le chemin conduisant à la base de cette unité spécialisée de la police. Grâce à la couverture d’un véhicule blindé, les agents ont pu déplacer les véhicules, les matériels, les équipements, les armes et les munitions qui étaient dans la base… », a expliqué au Nouvelliste un haut gradé de la PNH.</p><p>Selon notre interlocuteur, des membres de la population de Cité Soleil qui ont envahi la base par la suite n’y ont trouvé rien de grande valeur. « Ils ont incendié la base et emporté quelques uniformes, des bottes, des chaises et autres choses laissées sur place, mais rien d’important », a souligné notre contact.</p><p>Pour le moment, a-t-il ajouté, l’UDMO est opérationnelle un peu partout dans les rues pour assurer le maintien de l’ordre. Il a reconnu que la situation est compliquée pour la police nationale qui doit être partout dans les manifestations de ce vendredi. « Mais la situation est sous contrôle… », a-t-il rassuré.</p><p>Des barricades de pneus enflammés ont été constatées de très tôt un peu partout à travers les rues de Port-au-Prince et des zones avoisinantes, rendant ainsi la circulation très compliquée. Toutes les activités sont au point mort dans la capitale. Les transports en commun et privé, le commerce formel et informel, les écoles… tout est paralysé un peu plus de 48 heures après l’adresse à la nation du président de la République appelant à une trêve et à la formation d’un gouvernement d’union nationale comme solution à la crise.</p><p></p><p></p>
<p>La Fédération nationale des maires d'Haïti (FENAMH) se prononce sur la crise aiguë que traverse le pays ces derniers jours marquée par la revolte populaire dans plusieurs grandes villes d'Haïti. </p><p>La FENAMH, qui dit suivre avec intérêt et dans la consternation la dégradation de la situation économique depuis 14 mois, a noté l'incapacité de l'exécutif a assuré une gouvernance responsable de la République et mais aussi celle du pouvoir législatif à jouer pleinement ses attributions constitutionnelles. </p><p>La FENAMH dit constater aussi que l'adresse à la nation du président de la république n'a pas convaincu les acteurs ni calmer les esprits et établir la paix et la sérénité dans les rues. L'adresse, selon la Fédération nationale des maires, n'a pas non plus entraîné le dégel de la crise. "Les vrais sujets n'ayant pas été abordés"</p><p>Face au constat alarmant et le chaos total qui se profile à l'horizon, la FENAMH propose diverses alternatives notamment la démission du Premier ministre Jean William Michel et de son gouvernement. </p><p>Ainsi, les maires enjoignent les acteurs (le pouvoir et l'opposition) à passer un accord politique au terme d'un dialogue où toutes les options seront sur la table sans tabou ni langue de bois. </p><p>La FENAMH requiert le choix d'un médiateur national pour mener ce dialogue politique. "Quelle que soit l'issue, la tenue d'un dialogue est indispensable afin d'éviter le déclenchement d'une guerre civile ou des scènes de pillage et de dechoukay", a avancé la FENAMH.</p><p>Plus loin, la FENAMH appelle à la mise en place d'un corridor humanitaire et la prise en compte d'une exception scolaire.</p><p>La FENAMH n'a pas caché ses préoccupations quant aux conditions de fonctionnement des centres hospitaliers qui ne peuvent être ravitaillés en matériels et intrants médicaux nécessaires pour secourir même ceux-là qui montrent les barricades alors que même en période de guerre des couloirs humanitaires sont toujours mis en place.</p><p>La Fédération nationale des maires d'Haïti profite pour condamner les actes de violences et des scènes de pillage qui émaillent ces protestations sociales du peuple haïtien. Cependant, la FENAMH reconnaît que ces dernières sont pour la plupart la traduction de la colère de la population contre toutes les formes de violences que nos dirigeants lui ont infligées pendant des lustres. </p><p>La FENAMH dit s'inquiéter également des dossiers entre les mains du pouvoir judiciaire dont la lenteur et l'hésitation constatées dans leurs traitements provoquent l'exaspération et le déchaînement des passions de la part de la population mettant en péril la vie et des biens des citoyens y compris la souveraineté nationale. </p><p>"La République ne doit pas mourir pour l'un de ses fils ou l'un de ses secteurs. C'est aux citoyens de se sacrifier pour sa sauvegarde", a conclu la FENAMH comme pour sensibiliser face à la situation chaotique que connaît le pays.</p><p></p><p></p>
<p></p><p>« Le pays fait peur et nous sommes de nouveau la risée de la presse internationale qui se complaît avec l’image du pays maudit, incapable de relever les défis grandioses de son indépendance glorieuse. Nous avons échoué à donner à notre pays des institutions stables et sûres qui garantissent le respect de la volonté du plus grand nombre dans un souci d’équité et de partage », consternent les professeurs qui disent relever l’incapacité des trois pouvoirs à apporter des réponses aux revendications de bien-être et de justice exprimées sous des formes diverses par la population depuis plusieurs mois.</p><p>Conscients et interpellés par la conjoncture, les professeurs estiment, avant tout, qu’il s’agit d’une crise politique, sociale et économique. Leur constat est simple. « Les trois pouvoirs de l’État sont en crise ». Ils pointent du doigt notamment l’Exécutif qui, impliqué dans des scandales de prévarication, de népotisme, de conflits d’intérêts qui, disent-ils, reste sourd aux multiples revendications en faveur du procès PetroCaribe, de la lutte contre la corruption, contre le clientélisme et la cherté de la vie.</p><p>Les professeurs critiquent le pouvoir législatif qui s’est mis en marge des aspirations légitimes de la société et se retrouve décrié par la présence à la Chambre basse comme au Sénat de mandataires véreux qui se sont compromis dans des louches histoires de pots-de-vin et de trafics d’influence qui ne font pas honneur à leurs circonscriptions respectives. Ils dénoncent également le pouvoir judiciaire qui, écrivent-ils, est fort avancé dans sa décomposition, avec des juges à la compétence douteuse, des sentences données selon des principes qui nient les plus élémentaires des droits humains, et des mécanismes qui alimentent l’impunité et engendrent des règlements de compte. </p><p>A un niveau social, les professeurs observent que le pays est traversé par une vague de violence qui mine ses assises et fait régner la loi des brigands. La population est livrée à elle-même, et la police a failli à sa mission, constatent-ils. Ajouter à cela la faillite des institutions dont la CSC/CA, l’OPC, l’ULCC, l’UCREF, les parquets, qui n’ont pas su jouer leur rôle de vigiles dans l’intérêt de la société.</p><p>Les signataires de la note endossée par les professeurs Ronald Jean-Jacques, Jean-Marie Raymond Noël, Odile Reiher et Jean-Marie Théodat évoquent la dégénérescence de la situation sur le plan économique. « La monnaie nationale est en chute libre par rapport au dollar, les usines ferment les unes après les autres, les conditions pour attirer les investissements directs de l’étranger ne sont pas réunies, l’inflation est galopante autant que la détresse de la majorité de la population », écrivent-il, estimant hypothétique l’espoir d’un lendemain meilleur aux jeunes générations.</p><p>Les universitaires relèvent le déficit de crédibilité dont jouissent le Président, le Parlement, le système judiciaire auprès des diverses composantes de la société. Ils affirment prendre acte de la situation d’ingouvernabilité dans laquelle s’enfonce le pays chaque jour davantage, en raison de l’arrogance, du laxisme, de l’incompétence, de l’irresponsabilité et de la gloutonnerie des uns et des autres de ces trois pouvoirs. </p><p>En ce sens, ils appellent à la responsabilité des trois pouvoirs à un dépassement de soi. Ils invitent le président de la République, les présidents des deux Chambres du Parlement, le président de la Cour de cassation et président du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire à reconnaître leur échec collectif et à donner leur démission, en vue de permettre la mise en place d’une solution concertée à cette situation de chaos dans laquelle le pays s’enlise. Les professeurs annoncent qu’ils travaillent déjà à ce que l’institution universitaire joue pleinement sa partition en vue de faciliter la concertation.</p><p></p><p></p>
<p>« En cette journée mondiale du tourisme, le ministère du Tourisme et des Industries Créatives se fait le devoir de mettre en exergue l’importance de préserver et supporter le secteur touristique qui pourrait aider Haïti dans tout processus de relèvement, de rétablissement de la paix pour un développement socio-économique durable », a souligné le ministère du Tourisme dans une note rendue publique ce vendredi 27 septembre 2019.</p><p>À l’instar de toutes les composantes de la société haïtienne, le ministère « déplore la crise sociopolitique qui sévit actuellement depuis de longs mois, affectant l’ensemble des secteurs de la vie économique et particulièrement le secteur touristique haïtien ».</p><p>« Il est peut-être temps d’opter pour que le tourisme soit enfin un secteur stratégique et transversal pouvant contribuer à fournir une réponse viable aux aspirations d’une population aux abois. Le ministère du Tourisme exhorte par conséquent les citoyens motivés par leur fibre patriotique à s’assurer que notre patrimoine naturel, historique, culturel soit protégé aux fins d’être un vecteur de progrès transférable aux générations à venir », a plaidé Marie Christine Stephenson, qui se dit confiante qu’Haïti peut encore se réinventer à partir du tourisme durable. Il faut noter que madame Stephenson n'était pas encore remplacée par Bocchit Édmond quand l'article a été rédigé.</p><p>Principale figure de proue du secteur, l'Association Touristique d'Haïti (ATH), par la voix de sa présidente Raina Forbin, contactée par Le Nouvelliste, tient également à déplorer la dégradation de l'environnement sociopolitique qui affecte grandement le secteur touristique depuis plus d’un an.</p><p>« Cette crise qui affecte profondément tous les secteurs de la vie nationale ne contribue qu’à détruire nos acquis touristiques et à dénigrer notre pays à l'échelle internationale », a affirmé la présidente de l’ATH qui se désole de l’annulation du festival Goût et Saveurs Lakay à cause de la conjoncture.</p><p>« C’est un festival international qui fait briller Haïti », a indiqué Mme Forbin.</p><p>« J’aimerais sensibiliser la communauté locale à l’importance du tourisme et à sa valeur du point de vue social, culturel, politique et économique. Cette industrie a permis à nos pays voisins de se développer et d’atteindre des objectifs économiques très ambitieux, nous avons ici chez nous tout ce qu’il faut pour y arriver aussi », a poursuivi la représentante du secteur touristique exhortant la population en général à respecter les biens des opérateurs touristiques ayant investi dans le pays sur le long terme, créant notamment des emplois stimulant l’économie haïtienne. </p><p>« Depuis le 6 juillet 2018 jusqu'à date, le secteur touristique haïtien est frappé de plein fouet, une vague d'instabilité politique plane sur le pays […] Depuis l'opération «pays lock», le secteur touristique en Haïti a pris une sévère raclée et les choses deviennent de mal en pis. L'instabilité politique est l'ennemi du développement touristique d'Haïti », a, dans une note, rappelé Sco Tour Haïti, une institution à but lucratif, fondée en septembre 2017, ayant un caractère touristique-économique et développement communautaire.</p><p>« Des dizaines de milliers de personnes parcourent les rues de la capitale pour protester contre les autorités en place. Ces différentes manifestations journalières ne présentent que des images négatives d'Haïti, et a eu des répercussions néfastes sur le tourisme haïtien », a relevé Sco Tour Haïti expliquant que la situation actuelle du pays n'est pas vraiment favorable pour le secteur touristique dont l'activité ne cesse de diminuer considérablement en dépit des efforts consentis par les acteurs dudit secteur.</p><p> Alors que partout dans le monde on célèbre la Journée mondiale du Tourisme, ce vendredi 27 septembre 2019, et que des pays comme la Jamaïque ou la Colombie sont aujourd'hui classés parmi les champions du tourisme dans la région, l’ATH en est à « espérer qu'il est encore temps de prendre des décisions patriotiques visant à protéger les vies et les biens et à assurer un climat sécuritaire et productif pour tous ».</p><p>« Le tourisme est la clé du développement social, nous souhaitons qu’il soit mis au cœur des débats tant économiques que politiques pour une Haïti prospère », a conclu Raina Forbin qui ne compte pas pour autant baisser les bras car, dit-elle, elle croit dans le tourisme. </p><p>Au-delà de cette journée mondiale du tourisme, ce vendredi 27 septembre 2019 ramène le 6ème anniversaire de création de la police touristique (Politour) qui doit bien avoir du pain sur planche avec sa mission d’accompagner les opérateurs touristiques, surtout en ces temps de d’instabilité et d’insécurité généralisées.</p><p></p><p></p>
<p>Les nouvelles nominations au sein de l’administration publique cette semaine pourraient influencer le dossier de La Saline qui est pendant au cabinet d’instruction depuis plus de six mois. En effet, Fednel Monchery et Joseph Pierre Richard Duplan, tous deux inculpés pour leur implication présumée dans ce massacre, n’occupent plus leurs fonctions respectives : directeur général du ministère de l’Intérieur et délégué départemental de l’Ouest. Démis de leurs fonctions mardi et évincés par le président de la République mercredi, ces derniers ne sont plus des hauts fonctionnaires de l’État haïtien.</p><p>En vertu des dispositions de l’article 90 du code pénal, le juge instructeur en charge de ce dossier ne pouvait procéder à leurs arrestations sans l’autorisation du président de la République. L’article stipule : «Seront punis de la détention, tous officiers de police judiciaire, tous officiers du ministère public, tous juges qui auront provoqué, donné ou signé un jugement, une ordonnance ou un mandat, tendant à la poursuite personnelle ou accusation, soit d’un grand fonctionnaire, sans l’autorisation du chef de l’État…»</p><p>Cet article n’est plus de mise. Sauf en cas où les présumés coupables occuperaient à nouveau une fonction leur permettant de jouir le statut de «grand fonctionnaire» de l’État haïtien. Il revient à dire que Fednel Monchery et Joseph Pierre Richard Duplan pourraient être arrêtés si le juge d’instruction l’estime nécessaire. D’autant plus qu’il est le juge né des mandats. À noter que la Direction centrale de la police judiciaire avait recommandé d’émettre des mandats d’amener à l’encontre des personnes citées dans ce massacre.</p><p>Cependant, l’information judiciaire est suspendue car les parties visées avaient effectué une demande de dessaisissement auprès de la Cour de cassation. En matière pénale, la loi autorise aux concernés de récuser le juge en charge d'un dossier pour suspicion légitime ou sureté publique. Il incombe aux juges de ladite cour de statuer sur cette demande afin de faciliter la poursuite de l’instruction par devant une autre juridiction, si elle émet un arrêt favorable aux inculpés.</p><p>Bien avant cette action en dessaisissement, Fednel Monchery et Joseph Pierre Richard Duplan avaient exercé un recours de la décision du juge Chavannes Etienne par devant le tribunal des référés. Le doyen du tribunal de première instance de Port-au-Prince, juge né des référés, s’était déclaré incompétent pour révoquer la mesure de sûreté qui pèse sur eux. L’interdiction de départ étant encore d’application, il ne reste qu’à attendre l’arrêt de la Cour de cassation pour que ce dossier franchisse de nouvelles étapes.</p><p></p>
<p>Suite à la journée de trêve observée le jeudi 26 septembre, la mobilisation anti-gouvernementale a repris, ce vendredi 27 septembre. En effet, ce vendredi, partant de leur point de ralliement, les manifestants, de plus en plus agressifs, ont attaqué, au niveau de la route nationale #1, des entreprises privées ainsi que des banques commerciales. La porte vitrée du service ATM de la Sogebank a été brisée.</p><p> À la mi-journée, la tension est montée d'un cran lorsque la foule a pris d'assaut le sous-commissariat se trouvant à l'entrée sud de la ville, à Jeanton. Selon les informations recueillies, les trois policiers présents sur les lieux ont été désarmés, des matériels emportés et une voiture de la PNH incendiée.</p><p>De retour au centre-ville, la foule a tenté, mais sans succès, de prendre le commissariat principal qui, pendant plus d'une dizaine de minutes, a essuyé de jets de pierres et de bouteilles.<br /></p><p><br /></p><p>En fin d'après-midi, la police a, plus ou moins, pris le contrôle de la situation en tirant en l'air et en lançant des gaz lacrymogènes. Contrairement à la veille, Saint-Marc offre l'aspect d'une ville presque déserte avec des rues jonchées de détritus et de barricades. <br /></p><p><br /></p><p>À noter que lors d'une conférence tenue le jeudi 26 septembre, le coordonnateur du Mouvman pou Sove Ayiti (MOSA), Annuel Fortuné, a rejeté l'appel au dialogue du président et appelé à une mobilisation générale en vue de le forcer à quitter le pouvoir.</p><p></p>
<p>Tandis que la mobilisation s'intensifie au Cap-Haïtien contre le régime en place, un nouveau délégué et un nouveau directeur de la police ont été installés, ce lundi 30 septembre dans la cité christophienne.</p><p>Pierrot Augustin Degaul remplace Antonio Jules à la délégation du Nord tandis que Jean Bazelais Bornélus remplace Jackson Hilaire à la Direction départementale Nord de la Police nationale d'Haïti. </p><p>Ce lundi, des manifestants contre le pouvoir ont défilé une nouvelle fois dans les rues de la ville en dépit d'une pluie battante. Les manifestants continuent de réclamer le départ du chef de l'Etat et la tenue du procès PetroCaribe. </p><p>La coordinatrice de "Femmes unies contre la corruption" basée à Samarie qui participait à la manif de ce lundi a dénoncé le raid effectué par un groupe de civils armés, vendredi dernier, à Samarie, lors d'un rassemblement de l'opposition locale. </p><p>Darline Augustin indique que ces bandits ont, par ailleurs, continué leur forfait dans la soirée en incendiant plusieurs maisonnettes. </p><p>Mme Augustin qui s'est positionné en faveur du départ du président Jovenel Moise et la tenue du procès PretroCaribe rapporte que deux membres de son regroupement ont été blessées lors de la journée du vendredi. </p><p>"Nous allons porter plainte contre le nouveau délégué départemental qui serait l'auteur intellectuel de cette fusillade ", a-t-elle indiqué. </p><p>Interrogé, à l'issue de son investiture, le nouveau délégué départemental Pierrot Augustin Degaul a une nouvelle fois rejeté les accusations portées contre sa personne. " On ne fait pas la promotion des valeurs en politique dans ce pays...est-ce pourquoi on veut me détruire ", a indiqué M. Augustin. </p><p>Lundi soir, la ville était sous les eaux et les rues principales remplies de détritus.</p><p>Depuis une semaine, les activités fonctionnent au ralenti.</p><p></p><p></p>
<p></p><p>Un jeune de 32 ans, Chedlet Luccéus a été tué par balle, dans la soirée du jeudi 26 septembre 2019, au cours d’une opération policière à Mapou Rolin, localité d’Ennery. Le drame s’est produit lorsqu’une patrouille de police décidait de rétablir l’ordre dans la zone, suite à une attaque armée contre Me Josué Décima, substitut commissaire près le parquet du tribunal civil de Saint-Marc. </p><p>Le grand frère de la victime, Edlet Luccéus est profondément touché par cette perte. Il a dénoncé énergiquement le comportement des forces de l’ordre. M. Luccéus en a profité pour démentir les allégations faisant croire que son frère était un bandit. « Les agents de l’UDMO ont froidement abattu mon petit frère de deux projectiles au moment où il revenait de l’Ecole nationale de la zone. Il n’était pas un bandit », a-t-il dénoncé. Plusieurs autres jeunes de la localité se sont élevés contre cet acte qu’ils jugent « arbitraire ». </p><p>Hier mercredi, des habitants de Mapou Rolin avait bloqué la route nationale #1 pour exiger le départ du chef de l’Etat. Me Décima, qui devait se rendre à Ennery pour acheter du carburant, aurait eu maille à partir avec les protestataires qui ne voudraient pas lui frayer un passage. Selon un témoin, le magistrat aurait tenté d’utiliser son arme pour disperser les manifestants. Un militant qui était tout près aurait saisi le pistolet et lui a tiré deux balles, l’une au ventre et l’autre au bras, a avancé un jeune de la zone. Les protestataires ont également blessé le chauffeur de la victime. </p><p>D’après une source, les deux hommes ont été sévèrement tabassés avant d’être admis dans un centre hospitalier des Gonaïves. Les autorités compétentes ne se sont pas encore prononcées sur ces incidents. Les démarches entreprises auprès du parquet de la juridiction se sont révélées vaines. </p><p></p><p></p>
<p></p><p>27 personnes dont de jeunes adolescents sont sorties victimes de l’explosion d’une bonbonne de gaz propane dans une maison privée dans la ville des Cayes, le dimanche 29 septembre. Sept d’entre elles qui étaient grièvement touchées ont été transférées dans un hôpital à Port-au-Prince. On a appris que l'ambulance qui transportait les victimes a été bloquée à hauteur de Léogâne. Une source auprès d'une organisation des droits humains locale a toutefois confirmé que des démarches ont été entreprises afin de permettre à ces victimes d'arriver à destination pour recevoir les soins que nécessitent leurs cas.</p><p>Entretemps, la tension règne encore dans la 3eme ville du pays. Ce lundi 30 septembre la ville s'est réveillée en ébullition. Sous les auspices de la Fondation 30 septembre, de centaines de personnes ont manifesté dans les rues pour marquer le 28eme anniversaire du coup d'État qui avait renversé le président Jean-Bertrand Aristide au pouvoir.<br /></p><p>Le coordonnateur de la fondation, Henri-Claude Siméon, a fait savoir que leurs revendications restent inchangées: le changement du système en passant par le renversement du président Jovenel Moïse du pouvoir.</p><p>Il faut souligner que le mouvement prend deux options : un groupe qui manifeste pacifiquement et un autre groupe qui se livre à une opération de violence, de pillage, d'incendie, etc. On a déjà enregistré 6 morts, des blessés par balles et armes blanches dont des policiers dans le cadre de ces mouvements de protestation</p><p>Ce lundi, un groupe d'individus ont mis le feu à une partie du sous-commissariat situé au boulevard des Quatre-Chemins. Ce sous-commissariat a déjà été attaqué le week-end écoulé par des individus.</p><p><br /></p><p>Toutes les activités sont paralysées, la population fait face à une pénurie d'eau potable. Alors entre manifestation et soulèvement, la ville des Cayes est livrée à elle-même. Les autorités locales sont dépassées par la situation. Les forces de l’ordre se retrouvent seuls pour tenter de calmer la tension, mais en vain puisqu'ils sont confrontés à des groupuscules qui sont aussi armés.</p><p></p><p></p>
<p>Tandis que le soulèvement anti-Jovenel Moïse poursuit son cours aux Gonaïves, des individus malintentionnés en profitent pour semer la pagaille dans la communauté. Dans tous les coins de la ville, tous les soirs, des armes crépitent. Des bandits volent et attaquent les citoyens comme bon leur semble. Ces actes d’insécurité créent une psychose de peur chez les gens qui disent n’avoir aucun moyen de défense. </p><p>Au cours du mois de septembre, au moins quatre personnes revenant de la banque sont victimes de braquage. Les deux derniers cas sont enregistrés au centre-ville, en présence de citoyens impuissants. Les victimes ont rapporté que les bandits leur ont demandé le montant exact qu’ils ont retiré de leur compte bancaire. En outre, des braquages répétés, une nouvelle pratique se développe actuellement dans la cité. Des bandits armés montent à bord des camionnettes le soir pour rançonner les passagers. De concert avec le syndicat des chauffeurs, ces derniers demandent aux autorités compétentes de lutter contre cette situation. </p><p>A Trou-Sable, Gattereau, Acipha, Bigot et Parc-Vincent, plusieurs résidents ont dénoncé des actes de cambriolage. Généralement, d’après leurs témoignages, les chevaliers de nuit opèrent entre 1h et 4h du matin. A en croire certains propriétaires, les bandits auraient utilisé des procédés magiques pour commettre leur forfait. « Je ne dors pas profondément. J’ai été surpris ce matin de voir ma maison cambriolée », a déploré une victime. Les habitants de ces quartiers populaires appellent au renforcement des dispositifs de sécurité en vue de mettre les bandits hors d’état de nuire. </p><p>Les bandits s’en prennent au simple citoyen ainsi qu’aux autorités. Il y a environ deux semaines, en pleine nuit, la résidence de Me Ariol Cinéus, substitut commissaire près la cour d’appel des Gonaïves, a été l’objet d’une attaque armée. Durant ce hold-up, l’un de ses enfants, Ariol Cinéus Jr a été touché de trois projectiles au bras. Après l’intervention chirurgicale, son état a été stabilisé. Mais, le garçonnet a encore une balle coincée entre deux os. Selon le magistrat, il est toujours traumatisé. « J’ignore l’origine de cette attaque. J’invite les autorités à redoubler d’efforts afin d’identifier et punir les coupables », a déclaré Me Cinéus. </p><p>Depuis quelques jours, la ville est frappée d’une rareté de courant électrique. Dans les rues obscures, beaucoup de personnes se disent victimes de vol à la tire. Un policier a été également attaqué par un groupe de bandits en regagnant son domicile. En dépit de ces actes répétés, dans les zones sensibles, le soir, aucune patrouille policière n’est remarquée. Les autorités policières n’ont rien dit non plus sur les stratégies qu’ils vont adopter pour sécuriser les vies et les biens des citoyens de la juridiction. </p><p></p><p></p><p></p>
<p>Ce lundi 30 septembre, le ciel de plusieurs villes du département est parsemé de flammes. Les rues sont jonchées de carcasses de véhicules et de grosses pierres. Les adhérents du mouvement "Chèche Jovenel" font la loi. Coups de gaz lacrymogènes, tirs nourris… fusent de partout. Des organisations proches de l'opposition mettent tout en ébullition. Ils veulent poursuivre la mobilisation pour contrer Jovenel Moïse à quitter le pouvoir.</p><p>Dans des déclarations à la presse locale, les responsables du Mouvement des citoyens engagés du Centre (MOCEC), signataires de l’Alternative consensuelle pour la refondation de l’Etat, disent compter sur la collaboration de la population pour rehausser le flambeau de la mobilisation pour libérer le pays des "grands mangeurs, corrompus et corrupteurs".</p><p>Robenson Mazarin, coordonnateur du MOCEC, a expliqué que cette démarche vise à forcer le président à démissionner, rendre des comptes, faciliter le procès PetroCaribe et libérer le pays de l'oppression. « Notre combat consiste révoquer le mandat de Jovenel Moïse dont la place est en prison, a déclaré Robenson Mazarin, chef de file du mouvement à Mirebalais. Jovenel Moïse est une catastrophe. Il est urgent de le neutraliser pour éviter le pire au pays. C'est pourquoi le MOCEC prend les devants dans le centre du pays pour le départ immédiat de ce dernier », a-t-il ajouté.</p><p>Pour sa part, Bodelet Élie, secrétaire général de l'Organisation pour l'avancement et le redressement de Hinche (OLARH), a annoncé une semaine de mobilisation baptisée "dechouke kowonpi". Il appelle toutes les couches vives de la ville de Charlemagne Péralte à participer à la lutte pour obtenir la démission du chef de l’Etat. « Notre priorité est d’installer un président et un gouvernement provisoire pour mener à bien la destinée de la nation », dit-il.</p><p>Les mouvements de protestation pendant le week-end écoulé ont fait au moins six blessés par balle.</p><p></p><p></p>
<p> <p>Dans ma chronique du 10 octobre 2016 (1), j’avais attiré l’attention sur le fait que les catastrophes naturelles avaient engendré des pertes de plus de 10 milliards de dollars américains en Haïti en 12 ans. C’était tout juste après le passage du cyclone Matthew les 3 et 4 octobre 2016.</p> <p>Les images de la ville des Cayes, de Jérémie, la cité des poètes, et du département des Nippes montraient la désolation du Grand Sud. Des maisons détruites, des plantations ravagées, du bétail emporté et près d’un millier de morts relevaient les autorités haïtiennes, la presse nationale et internationale. Une fraction importante de la population du Grand Sud était complètement décapitalisée. On sait que la grande partie de la paysannerie haïtienne ne dispose pas de comptes en banque. Ce sont les plantations et le bétail qui représentent leur épargne.</p> <p>En 2016, Haïti était classée au troisième rang des pays du monde les plus affectés par des évènements climatiques entre 1995 et 2014, selon le Germanwatch Global Climate Risk Index. La Banque mondiale a publié en 2016 un document intitulé : «Diagnostic sur l’impact économique et budgétaire des désastres en Haïti» qui démontre avec un luxe de détails la dépendance de l’économie nationale aux catastrophes naturelles. Il décortique leurs impacts sur l’activité économique et sur les dépenses publiques.</p> <p>Rien que pour donner une idée, le passage de l’ouragan Jeanne en 2004 a occasionné des pertes et dommages évalués à 476.8 millions de dollars américains, soit 7 % du produit intérieur brut (PIB) de l’époque. Quatre ans plus tard, en 2008, on a connu quatre cyclones majeurs (Faye, Gustave, Hanna et Ike). Les dommages et les pertes s’élevaient à 1.1 milliard de dollars américains, soit 14.6 % du PIB. Deux ans plus tard, en 2010, ce fut le séisme meurtrier du 12 janvier qui a emporté plus de 250 000 âmes. Les pertes et dommages matériels s’estimaient à 7.8 milliards de dollars américains, soit 117 % du PIB. Et six ans après, en 2016, Matthew laisse des villes en ruine. Les pertes et dommages s’élevaient à plus d’un milliard de dollars américains.</p> <p>En somme, les catastrophes naturelles ont provoqué des pertes de plus de 10 milliards de dollars américains en 12 ans à l’économie haïtienne, soit 122 % du PIB nominal en 2014-2015 estimé à 425.6 milliards de gourdes (8.21 milliards de dollars américains au taux de référence de 51.81 gourdes pour un dollar affiché par la Banque centrale en septembre 2015). Les pertes en vie humaine sont encore plus pénibles. Plus inquiétant encore, Haïti est devenue plus vulnérable aux catastrophes naturelles.</p> <p>Selon le document de la Banque mondiale, le nombre moyen de désastres naturels a grandement augmenté au cours des 50 dernières années. Il est passé de 0.6 désastre par an durant les années 60 à 1.5 désastre par an durant les années 80 et 4.3 désastres par an dans les années 2000. Par exemple, entre 1960 et 2014, Haïti a connu 62.5 % de désastres de plus que la République dominicaine, moins affectée par la dégradation de l’environnement.</p> <p>Le bilan des catastrophes naturelles s’avère donc très lourd. Mais celui des catastrophes politiques peut se révéler encore plus accablant. En deux ans, on a connu deux catastrophes politiques majeures qui, en termes de dégâts, n’ont rien à envier aux catastrophes naturelles. On détruit le peu de richesse créée sans aucune retenue. Les images de ce vendredi 27 septembre 2019 font penser aux images désolantes des catastrophes naturelles. Le saccage de Banj, cette entreprise à la fine pointe de la technologie, est un exemple parlant. Les casses et incendies témoignent de l’ampleur de ce phénomène de destruction massive.</p> <p>Marc Alain Boucicault, P-DG de Banj, est un jeune très brillant. Après être diplômé du Centre de techniques, de planification et d’économie appliquée (CTPEA), il a été faire une maitrise en économie financière à la « American University » aux États-Unis. Il a travaillé pendant 8 ans à la Banque interaméricaine de développement (BID) à Port-au-Prince et à Washington D.C. Puis, il a décidé de tout abandonner pour se consacrer uniquement à Banj qui accueille en son sein plus de 80 jeunes très brillants, des Banj. </p> <p>Quinze entreprises formelles fonctionnant à l’intérieur de Banj ont perdu tout leur capital, confirme Marc Alain Boucicault. Parmi elles se trouve Banj FM, une station de radio lancée il y a à peine un mois. L’entreprise fonctionnait 24/24 h. Des jeunes travaillent à Banj pour des entreprises se retrouvant n’importe où à travers le monde, en bénéficiant de l’encadrement de mentors compétents. Un excellent effort de création d’emplois pour les jeunes. En quelques minutes, tout a été saccagé et pillé. On a même tenté d’incendier le bâtiment.</p> <p>Banj n’est qu’un exemple. Une petite entreprise de photocopie limitrophe est partie en fumée. Des hommes et femmes d’affaires beaucoup plus fortunés font aussi partie des victimes. Comme des petites marchandes. Toutes les couches de la population subissent et continueront de subir les conséquences des catastrophes politiques. Il nous faudrait une étude pour évaluer l’impact de ces catastrophes politiques comme la Banque mondiale l’a fait pour les désastres naturels. Leurs conséquences vont au delà des entreprises pillées, incendiées et des militants blessés ou morts. L’image d’Haïti à l’étranger a été torpillée ces dernières semaines. Entre les images de sénateurs cowboy et des scènes pillages, la presse internationale se régale à présenter le chaos politique qui règne en Haïti.</p> <p>Les catastrophes politiques sont parfois pires que les catastrophes naturelles en Haïti. Il suffit de penser au coup d’État du 30 septembre 1991. Les pertes en vie humaine étaient nombreuses. Les conséquences économiques étaient tellement graves qu’il a fallu attendre jusqu’en 2006/2007 pour retrouver le PIB d’avant septembre 1991. Les catastrophes politiques comme les catastrophes politiques illustrent bien le concept de trappe du sous-développement. Celui-ci est considéré comme un piège qui retient un pays constamment dans le sous-développement. Il s’assimile à un cercle vicieux de sous-développement qui s’auto-entretient.</p> <p>Sur la période allant de 1976 à 2014, les dommages et les pertes associés aux évènements hydrométéorologiques ont été estimés par la Banque mondiale à 150 millions de dollars américains par an, soit 1.7 % du PIB de l’époque. Le coût budgétaire annuel pour le gouvernement est estimé à 82 millions de dollars américains, soit 4.4 % des dépenses totales du gouvernement pour l’année fiscale 2012-2013 ou encore 43 % des investissements publics du ministère de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle (MENFP) en 2014-2015. Une somme qui aurait pu être allouée à des investissements publics productifs dans les domaines de la santé, de l’éducation et des infrastructures.</p> <p>Les catastrophes naturelles et politiques représentent donc de vraies trappes du sous-développement qui empêchent le pays de décoller véritablement. D’ailleurs, s’il n’y avait pas ces catastrophes politiques marquées par les crises et l’instabilité politique à répétition, le pays serait moins vulnérable aux catastrophes naturelles.</p> <p>Aujourd’hui en Haïti, même les entrepreneurs formels ne sont pas toujours assurés convenablement par les compagnies d’assurance. Les risques politiques et les risques de désastres naturels sont tellement élevés, les coûts d’assurances deviennent donc exorbitants. En cas de désastres naturels ou politiques, les entrepreneurs perdent la totalité de leurs actifs vandalisés, occasionnant ainsi des pertes d’emplois considérables dans un pays où le taux de chômage s’avère très élevé. Tous ces facteurs contribuent à réduire la croissance économique à court et moyen termes et là perpétuer le sous-développement économique.</p> <p>Les compagnies d’assurance haïtiennes ne veulent ou ne peuvent pas assurer des investissements dans des villes très risquées comme c’était le cas aux Gonaïves. Mais aussi de Port-au-Prince qui vient de loger aujourd’hui à la même enseigne à cause des risques politiques.</p> <p>Le débat sur les conséquences du 27 septembre 2019 est indépendant de la légitimité de la lutte populaire. Avoir raison de manifester ou de solliciter le départ d’un président ne justifie pas pour autant de tout briser sur son chemin. La raison est très simple : le pays se réveille plus pauvre le 28 septembre 2019 avec des employés qui perdent leur emploi et des entrepreneurs qui nagent au bord de la faillite. Certains disent que s’il n’y a pas de casses, les dirigeants n’écouteront pas les revendications populaires. Cela ne renvoie qu’à la qualité des dirigeants élus en Haïti.</p> <p>Il faut plutôt analyser l’origine des catastrophes politiques en Haïti si l’on veut les éviter dans le futur. Elles proviennent essentiellement des institutions qui ne jouent pas convenablement leur rôle. Quand la justice et les institutions de contrôle ne luttent pas contre la corruption, elles provoquent la colère de la population qui débouche sur la violence et les casses. Quand le secteur privé finances des candidats voyous et incapables pour défendre leurs seuls intérêts économiques, il mène le pays directement à la catastrophe politique. Quand les partis politiques acceptent des bandits comme candidats parce qu’ils sont riches, ils conduisent la population vers le drame collectif. Quand les forces vives de la nation (l’église, la presse, les associations de la société civile) supportent des candidats incompétents, elles provoquent la catastrophe politique permanente dans laquelle patauge le pays.</p> <p>Thomas Lalime</p> <p>thomaslalime@yahoo.fr</p> <p>https://lenouvelliste.com/lenouvelliste/article/164167/Plus-de-10-milliards-de-dollars-americains-de-pertes-en-12-ans</p> </p>
<p> <p>Le gouvernement n’a pas effectué au Parlement le 30 juin dernier le dépôt du projet de loi de finances pour l’exercice 19-20 comme prévu par la loi. Puisqu’aucun projet de loi de finances n’a été voté au plus tard le 30 septembre, automatiquement le budget en exécution est reconduit à partir du 1er octobre 2019. Il s'agit donc du budget 2017-2018, puisqu'il n'y a pas eu non plus un budget voté pour l’exercice 2018-2019. Ainsi, le budget va être reconduit à nouveau.</p> <p>L’économiste Kesner Pharel, P.D.G. de Group Croissance, assimile cette situation à une confusion totale. « Une telle confusion renforce l’incertitude dans l’économie et devrait hypothéquer les perspectives de croissance économique pour 2020 », redoute Kesner Pharel pour qui les chocs subis au cours de ce mois de septembre sont peut-être à l’origine d’une contraction du PIB de l’ordre de 1%. « Pendant cinq années consécutives, l’économie haïtienne n’a pas pu atteindre le niveau de 2% de croissance économique pour créer des emplois nécessaires et générer des revenus afin de réduire la pauvreté », rappelle Kesner Pharel, estimant qu’entamer le nouvel exercice sans un budget constitue un mauvais départ pour le pays.</p> <p>« Ne pas avoir un budget ratifié est une preuve en plus du dysfonctionnement de l’Etat. Une fois de plus, on est passé outre la loi sur l’élaboration et l’exécution du budget de 2016 pour reconduire un budget qui a été lui même initialement reconduit un an de cela. De 2017 à 2019, les hypothèses économiques ne sont plus les mêmes, la situation s’est aggravée, les besoins aussi bien que les priorités évoluent, un budget cousu deux ans de cela aura été inadapté », analyse l’économiste et professeur d’université Etzer Emile estimant que cette décision affectera l’efficacité des interventions gouvernementales.</p> <p>« Le budget, au-delà d’un acte juridique, étant aussi un outil de planification et de gestion pour l’atteinte des objectifs économiques ou sociaux, comment s’assurer de l’implémentation des politiques publiques dans ce contexte de crise humanitaire sans un budget adapté? Comment pourra-t-on négocier des accords de prêts et de dons sans le budget actualisé et ratifié? », s’interroge l’économiste Etzer Emile constatant qu’avec ou sans budget ratifié, la gouvernance économique n’est pas nécessairement différente. « Dans les deux cas, les choix budgétaires ne sont pas au service de la croissance et du développement dans ce pays », juge-t-il.</p> <p>Partageant les préoccupations de son collègue, Enomy Germain, pointe du doigt plusieurs problèmes liés à une reconduction de budget. « La valeur réelle n'est plus la même. Le budget 2017-2018 était d'environ 145 milliards de gourdes. Quand il est reconduit, c'est la valeur nominale qui est reconduite, pas la valeur réelle. Car la valeur réelle est rongée par l'inflation », explique d’une part l’économiste Germain précisant que l'État aura de moins en moins de moyens pour intervenir dans l'économie puisque la valeur réelle du budget 2019-2020 est diminuée d'au moins 19.1% (inflation en glissement annuel).</p> <p>D’autre part, poursuit Enomy Germain, « le budget, c'est l'outil de planification économique par excellence. Autrement dit, l'absence de budget pour un exercice veut dire qu'il n'y a pas eu de planification économique pour l'exercice. Pas d'objectifs articulés ».</p> <p>A quelques heures de la fin de l’année fiscale 2018-2019, le pays n’est pas non plus doté d’un gouvernement. « Et selon la loi, seul un gouvernement peut préparer et déposer un projet de loi de finances au parlement », fait remarquer Francisco Jovin, président de l’Observatoire de la société civile sur les finances publiques haïtiennes (OSCFPH).</p> <p>« Quand il n’y a pas de prévisions des dépenses dans un budget, c’est une source de corruption », alerte Francisco Jovin réclamant beaucoup plus d’implication de la société civile dans la reddition de compte. « Qu’est ce qui va se passer le 1er octobre 2019 dans la gestion des finances publiques de ce pays ? », ne peut s’empêcher de se demander le président de l'Observatoire qui dénonce cette situation qui n’est autre, selon lui, qu’une forme de mauvaise gouvernance.</p> <p>« A ce jour de 30 septembre, l’actualité est politique […] Les autorités fiscales et politiques ont l’esprit ailleurs. Quelles sont les prévisions pour la nouvelle année fiscale? Quels seront les grands chantiers? Les acteurs concernés ont totalement échoué du fait de ne pas pouvoir doter le pays d’un budget », constate le journaliste Hansy Mars, coordonnateur de l’Association haïtienne des journalistes économiques pour le développement durable (AHJEDD), regrettant le fait que l’Etat ne fait que fonctionner. « Deux années fiscales consécutives sans budget, Haïti est loin d’atteindre les objectifs de développement durable voire de croissance et de création de richesse », déplore Hansy Mars.</p> <p>« Les mêmes causes produisent les mêmes effets. En 2019-2020, pas de budget, donc pas de planification, pas d'objectifs pour faire face aux déséquilibres socioéconomiques. Cela laisse présager un autre exercice de perdu », soutient l’économiste Enomy Germain insistant sur le bilan catastrophique de l’année fiscale 2018-2019 qui, selon lui, a battu tous les records en termes de mauvaises performances.</p> <p> L’économiste énumère donc : première fois depuis 20 ans que la gourde perd autant de valeur sur une année fiscale : 30% ; première fois depuis plus de 10 ans que l’inflation est aussi élevée : plus de 19% en glissement annuel ; première fois depuis 2010 que la croissance sera aussi faible (-1% si les prévisions se réalisent). « L’exercice s’en va, laissant derrière elle 5.4 millions d’âmes en insécurité alimentaire, dont 2.6 millions en situation d’urgence », assène Enomy Germain.</p> </p>
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