<p><p>Le président Jovenel Moïse a sa courte liste de remplaçants potentiels du directeur général de la Police Nationale d'Haïti, Michel Ange Gédéon, dont le mandat de trois ans arrive à expiration cette semaine.« Le choix du président Moïse, sauf changement de dernière heure, se portera soit sur Normil Rameau, ex-directeur central de la police judicaire (DCPJ), soit sur Charles Nazaire Noël, actuel directeur de l’administration pénitentiaire », a confié au journal une source proche de ce dossier. </p> <p>Le président Jovenel Moïse, a poursuivi notre source, a fait part à Michel-Ange Gédéon de sa décision de ne pas le reconduire pour un nouveau mandat à la tête de la PNH. Michel-Ange Gédeon, dans un contexte politique tendu, a garanti l’ordre public lors de manifestations contre un président Jovenel Moïse qui a toujours eu une certaine méfiance envers ce chef de police nommé par l’ex-président Jocelerme Privert.</p> <p>Michel Ange Gédéon a connu une fin de mandat difficile avec la prolifération et la montée en puissance des gangs en plusieurs points du territoire où il n’y a plus de bases de la MINUSTAH. Les gangs, chevillés à des élus et autres autorités de l’exécutif, ont et continuent de défier la police. Le plus notoire, le chef de gang Arnel Joseph, a finalement été arrêté après avoir nargué la PNH pendant plusieurs mois.</p> <p>Le partenariat dans le crime entre bandits et élus et autres chefs s’est renforcé sur fond d’assassinats record de policiers et de retour des zones de non-droit. Au service de politiques, des quartiers du bas de la ville ont été tenus par des bandits connus dont un ex-policier, Jimmy Chérizier alias Barbecue.</p> <p>Le prochain directeur général de la police, outre la prolifération des gangs, se retrouvera aux côtés d’un président Jovenel Moïse qui entame la seconde partie de son quinquennat sur fond de difficultés politiques.</p> </p>
<p><p><strong>Le Nouvelliste (LN) : Monsieur le directeur général, vous bouclez votre mandat de 3 ans à la tête de la PNH. Pouvez-vous faire votre bilan ?</strong></p> <p>Michael-Ange Gédéon (DGPNH) : Dès le début du processus de ma nomination à la tête de la PNH, j’avais élaboré un plan d’action de 3 ans, dans lequel j’avais exprimé mon souhait de transformer la PNH en une institution plus professionnelle, plus mobile et opérationnelle et plus respectueuse des droits de l’homme. Cette vision qui a été reprise dans le Plan de développement 2017-2021 a conduit mon administration à adopter un certain nombre de mesures de renforcement institutionnel, associées aux cinq axes stratégiques consacrés par ledit plan, dont :</p> <p>L’Axe I : Renforcement du cadre institutionnel et règlementaire : Nous avons finalisé un nouveau projet de loi organique pour la PNH et adopté une dizaine de nouvelles directives, destinées à renforcer le cadre règlementaire des principales directions centrales ou unités spécialisées de la PNH ;</p> <p>L’Axe II : Développement des ressources humaines : Grâce au renforcement des structures d’accueil au niveau des centres de formation, nous avons fait passer l’effectif de la PNH de 10 mille en 2015 à 15 937 policiers aujourd’hui, dont 1563 femmes. De plus, nous avons mis l’accent sur le renforcement du niveau technique des cadres intermédiaires, ce qui nous a permis de former trois cohortes de commissaires de police.</p> <p>Des boursiers ont été formés à l’extérieur, dont les principaux sont :</p> <p>Neuf cadres ont été formés au Collège interaméricain de défense (IADC) de Washington ;</p> <p>Trois à la PDI (Police d’investigation du Chili) ;</p> <p>Deux à l’École des carabiniers du Chili ;</p> <p>Avancement et élévation en grade à titre exceptionnel des agents 4 issus des promotions de 1995 y compris ceux de Regina et de la Police intérimaire. Cette mesure visait à stimuler, motiver les pionniers et en même temps combattre la frustration de cette catégorie de policiers.</p> <p>L’octroi de la carte de débit prépayée à tous les policiers des unités spécialisées de l’institution.</p> <p>Un meilleur encadrement des familles des policiers décédés par l’organisation de rencontres, de dialogues, de distribution de jouets aux enfants dans des occasions appropriées comme la Noël, sensibilisation des autorités pour des chèques ponctuels lors de l’ouverture des classes, entre autres.</p> <p>L’organisation de plusieurs concours de franchissement de grade à l’intention des inspecteurs visionnaires et des agents 4 pour régulariser la pyramide des grades au sein de l’institution.</p> <p>L’académie nationale de police va recevoir une classe de médecins qui seront des commissaires et des inspecteurs de police dans un avenir pas trop lointain. Ils complèteront le personnel médical de l’hôpital de la PNH.</p> <p>L’Axe III : Renforcement de l’administration et de la communication : Dans le souci de rendre la gestion financière de la PNH plus rationnelle et transparente, nous y avons introduit de nouvelles mesures de contrôle et de gestion comptable, tels, des logiciels de gestion des comptes courants, l’emploi de commissaires pour assurer le respect de l’intégrité des processus d’appel d’offres (…). Pour ce qui est du système de communication de la PNH, nous avons procédé au renouvellement de tous les appareils et bases de radio et mis en service une fréquence plus sécurisée afin d’empêcher les tentatives d’interception de la communication de la police par le milieu mafieux.</p> <p>Nous avons pris des mesures d’épuration notamment relatives aux chèques des policiers résidant à l’extérieur ou séparés du service. Sur cette base, 99 443 225.99 gourdes ont été récupérés.</p> <p>Les armes des policiers révoqués ou séparés du service pour une raison ou pour une autre ont été également retrouvées. 834 armes, tout type et calibre confondus, ont été remises à la PNH par des parents, amis et proches d’anciens policiers.</p> <p>L’Axe IV : Amélioration de la gouvernance sécuritaire : Mon administration a produit dès le lendemain des élections de 2016 une « Analyse de risque » qui laissait croire que le pays ferait face bientôt à deux grands faits négateurs de l’ordre et de la sécurité publique, à savoir la multiplication des phénomènes de mobilisation collective (manifestations antigouvernementales, débordements de rue, émeutes) et une multiplication des gangs armés. Dans le souci de contenir ces menaces à la sécurité, nous avons pris des dispositions pour renforcer les capacités opérationnelles des directions actives et des unités d’intervention de la PNH. À preuve, nous avons procédé au renforcement des effectifs et des moyens matériels du CIMO, des UDMO et du SWAT. Nous avons réorganisé le CBIM et créé une direction de la Police frontalière forte déjà de 480 policiers. Ainsi, bien que nos capacités offensives face à certains gangs armés restent limitées, du fait que nos demandes d’acquisition de camions blindés et de munitions n’ont pas encore abouti, nous avons néanmoins pu réussir à contenir la violence urbaine à un niveau en deçà des années antérieures à mon mandat. En effet, selon le rapport de 2018 de l’organisation « Insight crime », avec un ratio de 6.67 homicides sur 1000 habitants, Haïti est classée à la 17e place parmi 22 pays du sous-continent. Les trois pays les plus violents sont le Venezuela (81.7), le Salvador (51) et la Jamaïque (47). La République dominicaine occupe la 14e place avec un ratio de (10.4). </p> <p>L’Axe V : Développement infrastructurel : Dans le cadre du renforcement des patrimoines physiques de la PNH, nous avons été motivés par trois raisons particulières : (1) améliorer les conditions matérielles de travail des policiers dans les commissariats, ainsi que les conditions de détention dans les prisons ; (2) adapter les établissements de police aux besoins spécifiques des femmes policières, de manière à promouvoir l’intégration et le maintien davantage de femmes dans la PNH ; (3) renforcer le maillage du territoire, en multipliant les sous-commissariats et les postes de police dans les communes ou zones stratégiques qui en étaient jusque-là dépourvues.</p> <p>Notre engagement dans ce domaine nous a permis de :</p> <p>Aménager ou construire au profit de la Polifront quatre nouvelles bases pour permettre à cette unité de mieux couvrir les zones frontalières ;</p> <p>Construire trois nouvelles bases en région pour le BLTS, deux nouveaux Commissariats, trois sous-commissariats, quatre Antennes, un Atelier de couture, deux prisons ;</p> <p>Nous avons rendu opérationnelles les directions de la règlementation juridique et des Renseignements généraux ;</p> <p>Nous avons créé :</p> <p>la coordination des directions départementales pour une meilleure articulation entre le commandement et les directeurs départementaux ;</p> <p>Le service de santé de la PNH, un corps médical avec des cadres médecins policiers ;</p> <p>Un atelier de couture pour une uniformisation de l’uniforme de la PNH ;</p> <p>Une unité de cybercriminalité au niveau de la DCPJ</p> <p>Etc.</p> <p>En plus, nous sommes en train d’équiper le bâtiment qui sera l’hôpital de la PNH à Bon Repos.</p> <p>Nous sommes en train d’implémenter un projet de fusionnement CIMO-UDMO en une unité nationale de maintien de l’ordre.</p> <p><strong>LN : Le Plan de développement de la PNH a-t-il été exécuté avec satisfaction, en tout ou en partie, à quelles difficultés vous êtes-vous confronté ?</strong></p> <p>DGPNH : Le Plan stratégique de développement 2017-2021 a été approuvé officiellement par le Premier ministre en juillet 2017. Les cinq axes stratégiques du plan, que j’ai mentionné plus haut étaient initialement déclinés en 25 activités prioritaires et en 133 actions. Pour assurer l’exécution de ces actions, ledit plan prévoyait pour la première année de son exécution (juillet 2017-juin 2018) un financement de US 71 595 517,76 de la part de l’État haïtien. Malheureusement, celui-ci n’a pu consentir pendant cette période qu’un montant de US 9 779 340, 01, ce qui équivaut à moins de 86,39% du financement initial. Au cours de la période 2018-2019, la PNH n’a reçu jusqu’à présent de l’État haïtien que seulement 4,24% du financement prévu pour la deuxième année d’exécution du plan, soit moins de 96%, du montant global consacré pour ledit Plan 2017-2021.</p> <p>Toutefois, en dépit de ce sous-financement, nous avons dû optimiser l’utilisation des ressources humaines et financières disponibles pour mettre en œuvre le plus grand nombre d’actions possibles, ce qui nous a permis d’accuser un taux de progression de 27.6% durant la première année de mise en œuvre du plan et un taux de 33.9% au cours de la deuxième année en cours.</p> <p>Malgré tout ce que nous avons accompli en terme de mise en œuvre du Plan de développement 2017-2021 de la PNH, pendant les deux premières années, j’estime que nous aurions pu faire encore beaucoup mieux si mon administration n’était pas handicapée par des soucis budgétaires.</p> <p><strong>LN : Avez-vous le sentiment d’avoir obtenu le plein appui du président Jovenel Moise, du Parlement et de la justice ?</strong></p> <p>DGPNH : Comme je l’ai toujours dit, la Police nationale d’Haïti est et doit demeurer une institution républicaine, apolitique et de service public. Malheureusement, bien que nous nous réclamions de tous des principes démocratiques, nous sommes peu nombreux à être tolérants envers ceux qui veulent mettre en pratique ces principes démocratiques. Ceci dit, dans une société aussi polarisée et conflictuelle qu’est Haïti, la volonté d’avoir le contrôle sur la force publique du pays, qu’elle soit l’armée ou la police a toujours tenté presque tous les gouvernements. Lorsqu’en plus celui qui dirige la PNH n’a pas été nommé par le pouvoir, il parait presque naturel que les préjugés et la méfiance, souvent entretenus par des gens malhonnêtes proches du pouvoir, parasitent les relations entre le président de la République et le chef de la police.</p> <p>Pour répondre à la question, je dirais tout d’abord que si mes relations avec le président de la République ont été souvent bonnes, elles ont été quelque fois pas trop correctes. Cette évolution en dents de scie de nos rapports aura d’ailleurs des conséquences contreproductives aussi bien sur la gouvernance sécuritaire que sur la gouvernance politique en général.</p> <p>Par ailleurs, si on fait l’impasse des rapports entretenus par certains parlementaires avec des chefs de gang, je qualifierais d’excellentes mes relations avec le Parlement. À preuve, des cadres de mon administration ont collaboré à leur niveau à plusieurs initiatives ou aux travaux réalisés par le Parlement, tels que les projets de réforme du code pénal et du code d’instruction criminelle, ainsi que les travaux préparatoires à la réforme de la Constitution conduits par une commission de la Chambre basse. Jusqu’à aujourd’hui, je continue à travailler avec les parlementaires afin d'établir les meilleures stratégies qui permettraient d’implémenter la Police rurale et la police parlementaire.</p> <p>En outre, la situation avec la justice est plus complexe, car si l’opinion publique ne retient que les cas de libération par certains juges de quelques dangereux suspects appréhendés par la police, beaucoup ignorent que les parquetiers et les magistrats exercent leurs fonctions dans des conditions matérielles extrêmement précaires. C’est justement cette précarité structurelle qui est à la base de la mauvaise gouvernance judiciaire et qui complique la tâche des policiers dans la lutte contre la criminalité. La justice et la police étant deux éléments importants dans la lutte contre l’impunité et l’insécurité, je ne peux que plaider en faveur de meilleures conditions de travail pour le personnel de la justice, de sorte que toute la chaîne pénale s’en retrouve renforcée.</p> <p><strong>LN : La PNH est souvent pointée du doigt à chaque poussée des actes de banditisme. Avez-vous le sentiment qu’elle a été laissée seule dans la production de la sécurité et qu’elle fait les frais des faiblesses d’autres entités de l’appareil sécuritaire répressif et juridique de l’État.</strong></p> <p>DGPNH: La PNH est souvent pointée du doigt à chaque poussée des actes de banditisme parce que notre société fait face à un déficit de formations et d’informations. D’après les sociologues et en particulier, les théoriciens de la sécurité publique, la sécurité, en tant que besoin primaire, ne relève pas exclusivement de la police. Elle exige la participation de divers acteurs des secteurs public et privé. « La police ne peut, elle seule, combattre le désordre et assumer le contrôle social. D’autres acteurs et groupes sociaux doivent être mis à contribution. ».[1] La sécurité est un travail collectif. </p> <p>À la lumière de ces réflexions, on peut comprendre que le problème des gangs armés n’est pas né un beau matin ; il est la résultante d’une série d’occasions manquées, d’une série de facteurs d’ordre structurel et conjoncturel dont l’impunité, l’instabilité politique, l’insouciance de l’État, la faillite de l’éducation, la faillite des organes de socialisation (famille, église, école), entre autres.</p> <p>Quand toutes les institutions ont échoué, la police se retrouve avec tous les canards boiteux sur les bras et les prisons deviennent pléthoriques. Voilà le problème aujourd’hui. Les moyens de prévenir l’insécurité dans une société sont entre autres : une bonne éducation, un bon contrôle social, une bonne socialisation. La police n’est responsable d’aucun de ses facteurs. À bien regarder aujourd’hui, la police en est victime. C’est la déchéance de toute une société. Face à ces problèmes constants, la police haïtienne devrait être une police suréquipée alors qu’elle est sous-équipée quand des bandits sont protégés et superéquipés. Le monde à l’envers, diriez-vous. Nos policiers sont les nouveaux Capois Lamort de notre histoire.</p> <p>Puisque nous avons passé tout notre temps à considérer l’éducation comme une activité de seconde zone, nous n’avons pas su former des gens qui marchent au temple de l’honneur, mais plutôt ceux qui vont tout droit et avec frénésie à la caverne de l’infamie. Les bandits sont partout dans toutes les institutions. Parfois, ils portent chemise blanche et cravate et roulent en grosses cylindrées. Ils sont et resteront dans la caverne de l’infamie. Le travail de la police devient de plus en plus compliqué.</p> <p>Cela fait longtemps que des chefs de gangs tombent, d’autres ont pris la relève et ainsi de suite. Le système se renouvelle au grand dam de l’État. La police travaille en aval, que fait l’État en amont pour éviter qu’on en arrive là ? Là est toute la question.</p> <p>Je me permets en plus d’apporter un double éclairage à cette conception simpliste et restrictive du concept de sécurité :</p> <p>D’abord, l’insécurité d’ordre criminel n’est ni la seule ni la plus grande menace de sécurité qui caractérise la société haïtienne, les accidents de la circulation, liés souvent au mauvais état de nos routes, aux catastrophes naturelles, au trafic de médicaments contrefaits, à l’insécurité alimentaire (…) font longtemps plus de victimes que la violence criminelle.</p> <p>D’un autre côté, la lutte contre la criminalité ou les violences requiert des moyens ou des actions qui ne sont aucunement à la charge de la PNH, tels que la répression des contrebandes d’armes ou de munitions (les douanes), l’éclairage des quartiers pour prévenir la délinquance (les mairies), la lutte contre l’impunité (la justice), l’aménagement territorial pour lutter contre les bidonvilles et les constructions anarchiques (le ministère des Travaux publics)… Autant dire, il arrive souvent que l’aggravation du niveau d’insécurité n'est que la conséquence de mauvaises décisions ou comportements adoptés par des politiques ou le résultat du sous-financement de la PNH ou de l’insuffisance des fonds destinés aux renseignements. Tout cela prive l’institution policière de ses moyens de prévention et de répression des gangs. </p> <p><strong>LN : L’arrestation du chef de gang Arnel Joseph a montré un certain niveau de proximité entre au moins un élu et des chefs de gang. Comment la république doit gérer ces genres de problèmes qui handicapent la police, la justice et conforte l’idée que l’impunité est érigée en système ?</strong></p> <p> DGPNH : Depuis quelque temps, certaines informations ou rumeurs tentent effectivement d’associer le nom de certains hommes politiques à des gangs. Ce phénomène de collaboration entre les politiques et les chefs de gang, notamment lors des périodes pré-électorales ne fait pas qu’avilir l’image du pays et celle de nos représentants politiques à l’étranger. Il a aussi pour effet d’impacter négativement la situation sécuritaire générale du pays, du fait de la protection dont peuvent bénéficier ces bandits recherchés. Ainsi, pour assurer une lutte efficace contre la criminalité et l’impunité, il est essentiel d’intervenir à deux niveaux :</p> <p>Dans un premier temps, il revient au gouvernement d’identifier ces mains politiques de l’insécurité, pour ensuite les neutraliser, en les dépouillant de leurs fonctions ou de leur immunité, afin de permettre à la justice de sévir.</p> <p>Dans un second temps, la responsabilité morale reviendrait à l’ensemble des citoyens, lesquels doivent éviter de choisir lors des élections des hommes politiques suspectés de connivence avec des gangs.</p> <p><strong> LN : Comment pourriez-vous qualifier le support des États-Unis, du Canada et de la France à la PNH ?</strong></p> <p>DGPNH : Ces trois gouvernements n’ont pas cessé de supporter la PNH depuis 24 ans, tant au niveau bilatéral qu’en terme d’initiatives adoptées au niveau multilatéral. Même si aujourd’hui leur soutien financier a diminué considérablement pour permettre à l’État haïtien de s’engager davantage et de jouer pleinement sa partition en faveur de la PNH, ils continuent néanmoins d’appuyer l’institution policière dans plusieurs domaines majeurs, tels que le domaine de la formation (augmentation de l’effectif du personnel policier et amélioration de la formation des commissaires), le domaine opérationnel (renforcement des capacités opérationnels du BLTS, des garde-côtes, de la Polifront, appui du projet de fusionnement CIMO-UDMO), le domaine stratégique (appui technique et matériel à l’unité de planification stratégique de la PNH), au niveau administratif (soutien à l’hôpital de la PNH et à l’Administration pénitentiaire), soutien des États-Unis en particulier à la formation de base depuis plus 24 ans, entre autres. Il va sans dire que sans le support continu de ces partenaires étrangers, l’Institution policière ne serait jamais arrivée à atteindre ce niveau de professionnalisme qui fait aujourd’hui sa force. C’est peut-être l’occasion pour moi de joindre une nouvelle fois ma voix à celle de tous les policiers, tous grades et fonctions confondus, pour témoigner à nos différents partenaires internationaux nos sentiments de gratitude publiquement.</p> <p><strong>LN : Policier issu des rangs jusqu’au sommet, quel regard portez-vous sur la PNH, quel que soit le cas de figure vous concernant, que vous soyez confirmé à votre poste ou pas ?</strong></p> <p>DGPNH : Étant le premier policier de carrière à accéder à la fonction de commandant en chef de la PNH, cette haute responsabilité était apparue tout d’abord comme un nouveau défi à relever, non seulement pour moi-même personnellement, mais aussi pour tous les autres cadres de ma génération et le reste. En effet, mon accession à ce poste était quelque chose d’inédit pour l’institution,qui, en plus de 20 années d’existence n’a jamais été dirigée par un Policier issu de la base. J’ai pu jusqu’ici remplir avec succès mes lourdes fonctions en tant que Directeur général de la PNH, grâce à deux atouts majeurs :</p> <p> Premièrement, mes longues années de carrière m’ont été d’une grande utilité pratique, vu qu’elles m’ont permis de bien connaitre le terrain, les défis et les besoins de l’institution policière. Ma grande connaissance du contexte institutionnel m’a donc aidé à adopter des mesures tant dans les domaines administratifs, opérationnels et stratégiques qui correspondent au mieux aux enjeux dans le domaine de la gestion de l’ordre et de la sécurité publique.</p> <p>Secondement, pour relever ce défi, j’ai pu compter sur la loyauté et le sérieux de mes collaborateurs les plus proches et surtout sur le soutien des cadres policiers qui, dès ma nomination à ce poste, se sont empressés de serrer les rangs autour de moi et de m’offrir leur pleine collaboration. Je veux profiter de cette opportunité pour leur adresser mes plus vifs remerciements. Ils se connaissent.</p> <p><strong>LN : Certains disent que vous avez un mauvais bilan et que vous ne devriez pas être reconduit. Que répondez-vous à cette opinion ? </strong></p> <p>DGPNH : Dans les réponses fournies aux questions antérieurement posées, vous pouvez bien voir si le bilan est positif ou négatif. Vous voudrez bien comparer les indicateurs de criminalité pour Haïti aux autres pays de la région. Alors que dans les autres pays, il y a la co-production de la sécurité, ici, il n’y a que la PNH. Je mentionnerai pour contextualiser que nous avons obtenu ces résultats au moment du départ des soldats de l’ONU, de la réduction des UNPOL (les policiers des Nations unies), du retrait définitif des FPU (Formed Police Unit), donc à un moment où on n’a pas eu le même support dissuasif des forces onusiennes. Malgré tout, nous avons obtenu ces résultats avec des problèmes logistiques de toutes sortes, des moyens limités, nous avons pu garder la tendance à la baisse.</p> <p>Quoi qu’il en soit, en tant que professionnel de la force publique, mon souci premier n’a jamais été ma reconduction à la tête de la PNH, mais la sécurité de la population en fonction de l’art 269-1 de la Constitution. Mon souci a été également de contribuer à ce que la PNH offre une meilleure image d’elle-même, que nos policiers fassent ce qu’on appelle en football des interventions propres, c’est-à-dire sans faute, sans vaine agressivité. Bref, en respectant les droits de la personne ; ma priorité a été de voir augmenter la qualité de vie de nos policiers. </p> <p>J’étais agent de police, je connais les problèmes des agents qui sont au bas de l’échelle, je sais qu’ils mènent une vie difficile. Je voulais contribuer à changer tout cela. Mais les moyens nous parviennent au compte-goutte. </p> <p>La reconduction n’est que la cerise sur le gâteau. Je voulais une police professionnelle avec des agents et des cadres compétents, sérieux, honnêtes, neutres, non inféodés à la politique. C’est ce message que je lance encore aujourd’hui. Je souhaite une Haïti où toutes les forces vives de la nation se mettent autour de la police pour la sécurité des vies et des biens. Voilà ce qui m’intéresse.</p> <p>[1] M. CHALOM et L. LÉONARD, Insécurité Police de proximité et Gouvernance locale p. 104</p> </p>
<p><p>La commission spéciale chargée d’analyser les dossiers du Premier ministre nommé Fritz William Michel et des membres de son cabinet ministériel avance à grands pas vers la finalisation de son rapport, mais n’a pas encore décidé de qui pourra faire partie ou non du gouvernement du PM Michel. Ce, jusqu’à ce lundi 26 août 2019, selon le président de cette commission spéciale le député Hermano Exinor.</p> <p>Selon l’élu de La Chapelle, les commissaires ont travaillé pendant toute la journée du dimanche et ne sont pas encore parvenus à finaliser le travail. La phase finale du travail n’est autre que le vote des commissaires qui auront à décider du sort des membres du cabinet, garantit le président de la commission spéciale.</p> <p>Lors d’une conférence de presse, ce lundi 26 août 2019, au Parlement haïtien, le député Jean Marcel Lumérant, qui joue le rôle de secrétaire rapporteur de la commission, indique que l'équipe est déjà à 95% de son travail. Il souligne que pour l’heure, les commissaires ont déjà voté pour mettre à pied trois ministres dont Carline Choute du ministère des Sports, pour n’avoir pas fait état de sa gestion des fonds publics dans son dossier alors qu’elle a été comptable de deniers publics dans la gestion d’un programme au FAES; Roxane Kerby Hurley du ministre Tourisme pour problème d’identité, de titre de propriété et de nationalité; et Marjorie Alexandre Brunache du ministère des Affaires étrangères à cause d’un problème de décharge de sa gestion dans la diplomatie haïtienne.</p> <p>Selon Jean Marcel Lumérant, d’autres têtes de ministres restent encore dans le viseur de la commission comme celle du ministre de la Culture Pradel Henriquez, la ministre de l’Éducation nationale Ronyde Bélisaire Imbert et le Premier ministre lui-même, vu que ce dernier fait l’objet d’un pourvoi en cassation d’un CASEC contre son arrêt de quitus.</p> <p>Sur ce point, Jean Marcel Lumérant est catégorique : « Rien n’est clair pour personne » au sein de ce gouvernement. L’avenir est entre les mains des commissaires qui auront à se réunir pour se fixer sur le sort des trois autres prétendants afin de pouvoir soumettre le rapport d’ici mardi au bureau de la Chambre basse.</p> <p>Les commissaires qui auront à voter sur le sort des ministres sont Hermano Exinor, Jean Wilson Hyppolite, Jean Marcel Lumérant, Jean Willer Jean, Samuel d’Haïti, Benoit Jean Guerrier, Alexandre Germain Fils, Roger Milien et Worms Périlus.</p> </p>
<p>La ministre des Affaires étrangères nommée, Me Marjorie Alexandre Brunache, a présenté sa démission au Premier ministre Fritz William Michel, a appris dimanche Le Nouvelliste qui a eu accès à sa lettre. </p><p>En perdant sa ministre des Affaires étrangères, le Premier ministre Fritz William Michel est déjà dans l'obligation de replâtrer son gouvernement. La sortie de Madame Brunache est d'autant plus significative qu'elle avait été sur la courte liste des Premiers ministres possibles en avril dernier. C'est un ministre important que perd Michel avant même de passer devant le Parlement. </p><p>« Des considérations personnelles m’obligent à décliner cet honneur de servir mon pays », a écrit Me Marjorie Alexandre Brunache, soulignant avoir le cœur lourd en « présentant sa démission », tout en confirmant sa volonté de continuer à se mettre au service de la patrie.</p><p>Dans sa lettre datée du vendredi 23 août, Me Brunache a exprimé sa « profonde gratitude » envers le président Jovenel Moïse qui a accepté le choix de sa personne par le Premier ministre Michel.</p><p>La démission de Me Marjorie Alexandre Brunache intervient après le report sine die jeudi de la séance de ratification de la politique générale du gouvernement par le président de la Chambre des députés, Gary Bodeau. Officiellement, le report a été demandé par la commission chargée d’analyser les pièces des membres du cabinet pour déterminer leur éligibilité au poste de ministre, selon une nouvelle procédure convenue cette année. </p><p>Le journal a en outre appris que le report vise surtout à donner du temps aux négociations car de nombreux groupes politiques n'étaient pas satisfaits de la composition du gouvernement. Le journal a appris que cinq ou six ministres nommés pourraient être poussés vers la sortie pour permettre à Michel, lui aussi en délicatesse, de réussir son examen devant les députés et les sénateurs. </p><p>Dimanche 25 août 2019, une source à la Chambre des députés a confié au journal que la commission devra remettre son rapport lundi. Le journal a appris que des députés et le président Jovenel Moïse ont eu « de nouvelles négociations » sur la composition du cabinet ministériel.</p><p>« La ministre des Affaires étrangères n’avait pas beaucoup de supports, à l’exception de celui du président Moïse », a confié une source gouvernementale. Me Brunache, qui a servi dans la diplomatie haïtienne comme consul général, n’a pas reçu à temps de la Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif de décharge pour ses fonctions. Elle paie le prix de la non-transmission à la Cour des comptes par le ministère des Affaires étrangères de documents en rapport à sa gestion. </p><p>Le journal a appris d’une autre source gouvernementale qu’un nouvel arrêté modifiant le cabinet de Fritz William Michel doit être rendu public incessamment. « Me Brunache ne sera pas la seule à jeter l’éponge », a assuré une source proche des tractations. </p><p>Me Marjorie A. Brunache est détentrice de deux licences et d'une maîtrise. Elle a effectué ses études de droit à la Faculté de droit et des sciences économiques (FDSE) à Port-au-Prince et en gestion des entreprises à l’École nationale supérieure de technologie (ENST). Elle est détentrice d’une maîtrise en gouvernance et résolution des conflits de l’Université de Massachusetts, Boston USA. </p><p>Me Marjorie Alexandre Brunache, épouse de l'ancien ministre de la Justice Michel Brunache et fille de l'ancien président de la République Boniface Alexandre, a pratiqué activement le droit tant pour le gouvernement haïtien, des ONG que pour des clients privés. Elle a une longue expérience dans l’administration publique. Elle a été consultante au Ministère des Travaux publics Transports et Communication (MPTC) où elle s’est familiarisée aussi bien avec les procédures d’expropriation pour cause d’utilité publique que celles relatives aux passations de marchés publics et de gestion des fonds externes alloués à l’État haïtien. A été ensuite avocate-conseil au ministère des Haïtiens vivant à l’étranger où elle a préparé le projet de loi accordant certains privilèges aux Haïtiens d’origine et accompagné le ministre dans le processus de présentation dudit projet par-devant le Parlement. Par la suite, pendant deux ans, Me Marjorie Alexandre Brunache a conseillé le président de la République Boniface Alexandre. Elle a été responsable du Consulat général d’Haïti à Boston pendant cinq ans. A l’ambassade d’Haïti à Washington, elle était en charge de la section Culture et Éducation. Elle s’adonne actuellement à la pratique du droit et est membre du cabinet du ministre des Affaires étrangères.</p><p>Roberson Alphonse </p><p></p><p></p>
<p> <p> Port-au-Prince, le 26 août 2019</p> <p>Monsieur Gary BODEAU</p> <p>Président de la Chambre des députés</p> <p>Palais Législatif.-</p> <p>Honorable président,</p> <p>Je vous présente mes compliments pour le travail combien colossal que vous réalisez au sein de la Chambre des députés.</p> <p>Cependant, je suis extrêmement choqué de voir mon nom personnel figurer dans une soi-disant liste de ministres non éligibles, laquelle liste s'est mise à circuler sur tous les réseaux sociaux, hier dimanche.</p> <p>Je pense qu'au sein du système parlementaire, il existe des mécanismes faits pour protéger l'intégrité des ministres et encourager la discrétion dans le travail des commissions, voire sanctionner si possible, ce genre de «fuites en avant» qui peuvent être préjudiciables aux personnalités concernées. Celles-ci, parfois, ne sont même mises au courant de quoi que ce soit. Elles entendent leurs noms dans la presse ou ailleurs, alors qu'entre-temps il y a un rapport qui, par définition, doit d'abord s'élaborer dans la sérénité, puis s'achever de la meilleure manière, pour enfin être présenté à votre auguste Assemblée qui le lit, l'évalue, l'assume, le vote à la majorité et se l'approprie en dernier lieu.</p> <p>En un mot, le rapport final reste et demeure, avant tout la propriété de toute une assemblée, au nom de laquelle la noble commission travaille.</p> <p>Je ne voudrais pas vous écrire ici au nom d'une fonction à convoiter, ou à envisager. Mais plutôt, au nom du respect des règles et des valeurs qui doivent prévaloir en toute circonstance.</p> <p>Vous vous efforcez, tant bien que mal, lors des assemblées que vous présidez sous l’œil des caméras du monde entier, de faire appliquer ces règles et ces principes nécessaires à la bonne marche de notre République. Allons-y jusqu'au bout de la loi. Car, après tout, nul n'est au-dessus de la loi.</p> <p>Veuillez agréer, Honorable président, l'expression de ma haute considération et de mes patriotiques salutations.</p> <p>Pradel HENRIQUEZ</p> <p>003-211-342-7</p> </p>
<p> <p><strong>La tempête tropicale Dorian pourrait côtoyer le Nord jeudi</strong></p> <p>Avec une structure peu définie, la tempête tropicale « Dorian », qui menace les Antilles, pourrait côtoyer les régions du Nord du pays, le jeudi 29 août prochain avec un possible affaiblissement, annoncent les responsables. Par ailleurs, des averses isolées restent possibles sur divers endroits du pays, notamment les départements du Nord-Ouest, du Centre, de l’Ouest et de l’Artibonite, dans la soirée du lundi 26 août, indique le dernier bilan de l’Unité hydrométéorologique d’Haïti (UHM). </p> <p><strong>Me Dieunise Benjamin, commissaire du gouvernement par intérim de Hinche</strong></p> <p>Pour assurer l’intérim de commissaire du gouvernement près le tribunal de première instance de Hinche, la substitute du gouvernement, Me Dieunise Benjamin, a été promue et installée le vendredi 23 août 2019. En tant que première femme à ce poste dans cette commune, elle remplace Me Serge Desrameaux, installé en mars 2019, et qui a été mis en disponibilité pour fautes administratives graves et partialité.</p> <p><strong>Des accusations de corruption dans un projet d’éclairage à Capotille</strong></p> <p>L’ex-directeur général du Bureau de monétisation et des programmes d’aide au développement (BMPAD) et son directeur adjoint d’alors, respectivement Patrick Noramé et Serge Philippe Pierre, Lucles Adrien, représentant de la société ELMETECH, ainsi que les dénommés Steven Exala, Jeff Dominique et Wandy Pierre sont indexés dans le rapport de la commission Éthique et Anticorruption du Sénat en collaboration avec l’Unité de lutte contre la corruption (ULCC). Ils enquêtaient sur le projet d’éclairage de Polo, 2e section communale de Capotille. Ces personnalités sont accusées de détournement et de complicité de détournement de biens publics, de blanchiment du produit du crime. En effet, les travaux n’ont jamais débuté, tandis que 9.5 millions de gourdes ont été décaissées pour l’exécution du projet.</p> <p><strong>Cri d’alarme des médecins de l’HUEH</strong></p> <p>Les médecins résidents de l’Hôpital de l'Université d'État d'Haïti (HUEH) menacent d'entamer une nouvelle grève pour dénoncer les promesses non tenues des autorités en place concernant l’amélioration des conditions de travail à l’HUEH. Ils déplorent la dégradation du matériel médical, l’incapacité du personnel à soigner les cas de blessés par balle par manque d’intrants et de médicaments.</p> <p><strong>Des dispositions pour interdire l’utilisation des produits en styrofoam à la SONAPI</strong></p> <p>Le directeur général de la Société nationale des parcs industriels (SONAPI), Bernard Chettini, a annoncé que des dispositions sont prises afin d’interdire l’utilisation des produits en styrofoam sur le site. Cette décision a été prise en concertation avec des investisseurs, des responsables de restaurants et de syndicats à la SONAPI et une entreprise chargée de distribuer des assiettes à quelque 13 000 employés. Il s’agit d’une initiative conjointe prise par les responsables de la SONAPI et l’investisseur Ashley Laraque dans le but de contribuer à la lutte pour un environnement sain. </p> <p><strong>18 morts dans des accidents de la circulation, selon Stop Accidents</strong></p> <p>L’organisme Stop Accidents a répertorié 169 victimes, dont 18 morts et 151 blessés pour un total de 35 cas d’accidents de la voie publique, au cours de la semaine allant du 19 au 25 août 2019. Les principales zones où ces accidents ont été enregistrés sont : Tabarre, morne-à-cabrit, Laboule 12, Puits-Blain, Bois-Neuf (Saint-Marc), Canapé-Vert, Thomonde, Fermathe, Montrouis, Pèlerin, place St-Pierre (Pétion-Ville), Papette (Grand-Goâve), Fond Verrette, Gressier, Delmas 31, Canaan, Gonaïves, Kay Ako (Cornillon), route de l’aéroport, Léogâne, Camp-Louise et Lillavois.</p> <p><strong>L’OPC se dit toujours préoccupé par le climat de violence à La Saline</strong></p> <p>Dans une note de presse rendue publique en date du dimanche 25 août 2019, l’Office de la protection du citoyen (OPC) se dit « toujours préoccupé en raison du climat de violence qui s’installe dans le quartier de La Saline ». L’OPC déplore que « des mesures concrètes n’aient pas été adoptées pour garantir et protéger la vie et la sécurité des résidents de ce quartier » et d’autres quartiers de l’aire métropolitaine, dont Martissant, suivent cette même voie. Aussi « exhorte-t-il les instances concernées à adopter des mesures immédiates pour accompagner et assister les victimes ».</p> <p><strong>Célébration de la fête patronale Sainte-Rose de Léogâne</strong></p> <p>À l'occasion de la commémoration de la fête patronale Sainte-Rose de Léogâne, l’Association touristique des Palmes et de l’Ouest ont organisé, le dimanche 25 août 2019, une série d’activités autour du thème «Léogâne en fête ». Selon le Dr Ulysse Jean Chenet, président du comité organisateur, cette célébration a été marquée par l’exposition de produits artisanaux, une foire gastronomique, un défilé de bandes de rara et une conférence sur l’histoire des boucaniers. </p> <p><strong>Protestation des Carrefourois contre l’insécurité</strong></p> <p>La population de Carrefour s’apprête à faire entendre sa voix contre l’insécurité qui prévaut à Martissant. Plusieurs sympathisants regroupés autour de la structure «Kri Pèp Kafou» ont donné rendez-vous le jeudi 29 août 2019 pour un sit-in devant la marine haïtienne pour dénoncer le silence complice des autorités en place face au banditisme paralysant la circulation à Martissant et affectant les échanges entre la commune située entre les départements de l'Ouest et du Sud.</p> <p><strong>Des étudiants finissants de l’ENS réclament leurs frais de stage</strong></p> <p>Des étudiants finissants de l’Ecole normale supérieure (ENS) revendiquent les frais de sept mois de stage qu’ils ont effectués dans les écoles publiques, lors d’une conférence de presse organisée la semaine écoulée par le ministère de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle (MENFP). Ils en ont profité pour demander au titulaire dudit ministère, Pierre Josué Agénor Cadet, d’entamer les procédures légales relatives à leur nomination et leur intégration au sein du système éducatif haïtien.</p> <p><strong>« Platfòm peyizan 4G kontre» organise un forum national des organisations/partis politiques et sociales</strong></p> <p>La structure politique, Platfòm peyizan 4G kontre organise du 27 au 31 août 2019, un forum national des organisations/partis politiques et sociales au Centre national de formation des cadres paysans, à Papaye (Hinche). Cette rencontre permettra à la majorité des représentants des différents secteurs de la vie nationale d’analyser la crise systémique et conjoncturelle du pays et de trouver une entente politique.</p> <p><strong>La rue Capois a été paralysée par des candidats ajournés au bac</strong></p> <p>Des dizaines de candidats ajournés au bac, issus de différents établissements scolaires de la capitale, ont paralysé la rue Capois en manifestant devant les locaux du lycée du Cent-Cinquantenaire, le lundi 26 août 2019. À moins de 24 heures des examens, les noms de ces recalés n’ont pas figuré sur la liste officielle ni leur siège d'examens.</p> <p><strong>3e conférence annuelle de la Fédération des associations du Sud-Est </strong></p> <p>Autour du thème «An nou rebwaze Sud-Est jodi pou demen ka miyò», une cinquantaine de représentants d’organisations œuvrant pour le reboisement et la protection des bassins versants ont débattu de la question environnement à La Vallée de Jacmel. Jean-Claude Cajoux, secrétaire général de la FEDASE, a fait un plaidoyer pour une meilleure considération de la cause environnementale de la part des autorités en place. </p> <p><strong>Des syndicalistes dénoncent l’inaction des autorités face à l'insécurité </strong></p> <p>Des syndicalistes ont manifesté le vendredi 23 août 2019 contre la recrudescence de l’insécurité à Port-au-Prince et à travers le pays. Ces derniers ont dénoncé l’inaction des autorités qu’ils accusent de ne rien faire pour protéger la population des bandits et ont menacé d’entrer en grève si aucune mesure concrète n'est prise pour pallier la situation. Les syndicalistes, qui devaient se rendre dans les parrages du Parlement, ont dû modifier leur parcours, la police leur ayant déconseillé de se rendre au Bicentenaire où les gangs armés font la loi et sèment la terreur. </p> </p>
<p><p>La subvention de manuels scolaires, une question qui ne laisse pas de tout repos les acteurs du livre. Le ministre de l’Éducation nationale, Pierre Josué Agénor Cadet, avait déclaré la semaine dernière « Le processus est long, mais toutes les mesures ont été prises pour qu’avant la rentrée des classes les ouvrages soient disponibles ». Les éditeurs qui élaborent des manuels scolaires ne sont pas tout à fait rassurés par ses propos. Le pdg de la Maison Henri Deschamps, Peter Frisch, avance : « Nous apprécions l’annonce du ministre Cadet, mais restons très inquiets car le processus pour la mise en place de la subvention est très en retard cette année. Nous sommes à deux semaines de la rentrée des classes. Vu la complexité d’un tel dossier, nous nous demandons si la subvention arrivera à se faire même la semaine de la rentrée. » </p> <p>La directrice des éditions Canapé-Vert, madame Franck Paul, elle aussi, s’estime lésée. Son entreprise est inscrite dans ce processus depuis 1993 lorsque le Premier ministre Marc Louis Bazin l’avait mis en branle avec quatre éditeurs : la Maison Henri Deschamps, les éditions Canapé-Vert, l’Action sociale des frères Tardieu et Bòn Nouvèl de Hinche. </p> <p><strong>Pas d’illusion</strong></p> <p>Madame Franck Paul ne se fait pas d’illusion. Gardienne de mémoire, elle raconte que « jusqu’en 2015 tout a bien marché pour les éditeurs dont le nombre a augmenté. À partir de cette date, les difficultés ont commencé. Il a fallu accepter les coupures pour faciliter les élections ou autres besoins de l’État, signer très tard les contrats, parfois jusqu’au mois d’août. »</p> <p>L’éducatrice, inscrite sur la liste des éditeurs qui ont signé avec le ministère de l’Education nationale un contrat de gré à gré pour la dotation de l’année 2019 – 2020, attend encore aujourd’hui le paiement de la troisième tranche des années 2017-2018 et 2018 -2019. </p> <p>Que faire ? « En dépit de toutes les démarches que j’ai effectuées, nouvelles garanties bancaires, quitus à jour, le dernier contrat signé est resté lettre morte. Les dettes de l’État sont restées impayées plus de deux ans après la livraison des stocks », dit-elle.</p> <p>La directrice du Collège Canapé-Vert ne croise pas les bras, elle agit. « Cette année, Les éditions Canapé-Vert a produit des ouvrages pour ses clients habituels, pas spécifiquement pour la dotation. Dans le cas où le ministère prend toutes les mesures pour qu’avant la rentrée des classes les ouvrages soient disponibles, nous sommes disposés à faire tourner nos machines, car nos employés n’attendent qu’un mot d’ordre. » </p> <p>Pendant que madame Franck Paul attend le mot d’ordre, Peter Frisch, lui, distille ses frustrations dans ces propos : « Cette année, pour la subvention, le MENFP a eu exclusivement recours à la procédure d’appel d’offres. Les années précédentes les choix de manuels se faisaient selon accord et contrat de gré à gré avec les éditeurs. Cette année les soumissions pour l’appel d’offres pour la subvention des manuels ont été faite le 15 avril, lequel appel d'offres avait été lancé par le ministère à la mi-mars. Or, plus de 120 jours plus tard, nous ne connaissons toujours pas le résultat de cet appel d’offres. Impossible de savoir si la Maison Henri Deschamps a remporté des lots jusqu’à ce jour, à deux semaines de la rentrée des classes. Nous ne pouvons donc même pas parler de contrat de subvention à cette date. »</p> <p>Pour sa part, le directeur général de la maison d’édition Toussaint, Frantz Toussaint, est taraudé par la même inquiétude : « Je ne suis pas rassuré par ces propos officiels. Ce sont les maisons d’édition qui produisent les manuels, pas le ministère de l’Éducation nationale. En plus, nous prenons du temps pour les produire. Diriger c’est prévoir. Si le ministre voulait que les livres subventionnés soient prêts bien avant la rentrée des classes, il devait faire enclencher le processus le plus tôt possible et signer le contrat avec les maisons d’édition au moins six mois avant la rentrée. »</p> <p>En bonne pédagogue, madame Franck Paul explique ce qu’est la subvention et la dotation dans le cadre du contrat entre les parties. « Quand on parle de subvention, on parle de deux processus : subvention et dotation. Pour la dotation, les livres achetés par l’État sont destinés à la distribution dans les écoles qui en font la demande. Tandis que pour la subvention proprement dite, les livres sont subventionnés à 70% de leur prix. L’éditeur, quant à lui, doit les vendre pour le pourcentage restant. Pour la dotation, les éditions apportent les livres dans les directions départementales indiquées par le ministère. »</p> <p>La Maison Deschamps a-t-elle reçu une notification du ministère de l’Éducation nationale ou de la Commission nationale de marchés publics (CNMP) ? Lui a-t-on dit qu’elle a gagné ou perdu l’appel d’offres sur la subvention des livres ? Peter Frisch répond : « Jusqu’à aujourd’hui nous n’avons pas de nouvelles du ministère ni de la CNMP, à savoir si nous aurions remporté quoi que ce soit, bien qu'il revient au MENFP d’aviser les éditeurs et non pas la CNMP. Nous n’avons eu aucune notification formelle. Ce n’est que par l’article paru dans Le Nouvelliste du 22 août, relatif à la subvention de manuels scolaires, que nous avons lu que la Maison Henri Deschamps aurait remporté une partie de l’appel d’offres. Mais aucune idée pour quels titres et quelles quantités. Impossible de préparer quoi que ce soit en pareille situation, et nous ne sommes qu’à deux semaines de la rentrée des classes. » Même inquiétude pour la maison d’édition Toussaint.</p> <p>La maison Deschamps, les éditions du Canapé-Vert et la maison d’édition Toussaint, comme elles n’ont pas jusqu’à date un contrat de subvention de livres, elles écoulent les manuels scolaires aux prix normaux car les écoles et les parents se préparent bon gré mal gré pour la rentrée des classes. </p> </p>
<p> <p>La Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif est ouverte toute l’année. Les honorables membres et le personnel viennent travailler tous les jours ouvrables. La Cour, cependant, comme tous les tribunaux, a de longues vacances qui vont de juillet à octobre. Les juges ne siègent pas pendant cette période. Aucune décision ne peut sortir.</p> <p>Cela n’est plus possible.</p> <p>Nous sommes loin de la petite institution qui logeait en partie au ministère de l’Economie et des Finances et en partie dans un petit local en briques au bas de la rue des Casernes. Nous sommes loin de l’époque où la Cour était une simple caisse enregistreuse des dépenses publiques.</p> <p>La Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif a aujourd’hui un pouvoir immense depuis qu’elle est devenue le seul et impartial dernier rempart qui absout, en principe sans motivation politique, les agissements des plus hauts responsables publics, comptables et ordonnateurs.</p> <p>L’affaire PetroCaribe aidant et la nécessité pour tout aspirant ministre de présenter sa décharge, tout cela oblige la Cour à être alerte en tout temps. Le pays attend de la Cour la précision et la célérité, deux qualités qui ne sont pas dans son ADN.</p> <p>La Cour aime prendre son temps. Tout son temps. La Constitution dit bien que la décharge est annuelle, la Cour, dix, vingt, trente ans plus tard, a des milliers de dossiers en retard. Ce n’est donc pas un hasard si ni le dossier PetroCaribe ni les décharges des fonctionnaires ne sont à jour.</p> <p>Pour ce qui est de la précision attendue de la Cour, on peut aussi la mettre en question. On ne peut pas bien travailler quand on essaie en toute matière de rattraper des retards.</p> <p>La Cour a besoin d’un budget plus conséquent, de personnel spécialisé en plus grand nombre et d’adapter son horaire annuel à ses nouvelles responsabilités : on peut avoir besoin de décharge et de jugement en tout temps.</p> <p>Des vacances, de juillet à octobre, sont un luxe que la Cour ne peut plus s’offrir. Le pays a besoin d’une juridiction permanente en matière administrative, contentieuse et d’audit comptable.</p> </p>
<p> <p>« Le renforcement de la filière mangue passe impérativement par l’engagement réel et concret de l’État qui a la responsabilité de réguler et de faciliter la cohésion entre les différents acteurs de la filière», a déclaré d’entrée de jeu le professeur Robers Pierre Tescar qui a énuméré une liste de dispositions à prendre par les autorités compétentes si elles veulent donner ses lettres de noblesse à la mangue.</p> <p>« Comme c’est à l’État qu’il revient de définir les politiques publiques du pays et que la mangue, le deuxième produit agricole d’exportation du pays, est une filière prometteuse, nous voulons que l’État considère la filière mangue comme une filière stratégique et prenne ces dispositions :</p> <p>- Faciliter les investissements dans la filière ;</p> <p>- Encourager la recherche dans la filière en y mettant des fonds pour la recherche; </p> <p>- Faciliter la mise en place et le fonctionnement d’un cluster mangue où tous les acteurs de la filière sont représentés ;</p> <p>- Améliorer l’état des pistes agricoles des zones de production à l’approche de la période de récolte ;</p> <p>- Assurer la sécurité de déplacement des citoyens et des marchandises d’un point à d’autre sur le territoire. »</p> <p>Interrogé sur la participation haïtienne à cette dernière édition du FIM, Robers Pierre Tescar, comme tous les autres membres de la délégation, a mis en relief la performance remarquable des mangues haïtiennes qui ont même suscité la curiosité des festivaliers.</p> <p> « Durant les deux journées de festival, moment d’exposition et de dégustation des mangues, Haïti était acteur et source de curiosité. Les gens commençaient à venir demander pour les mangues haïtiennes le matin avant le début des expositions et à la fin de la journée après la fermeture de l’exposition. Du début à la fin des dégustations, les gens patientaient à faire la queue parfois durant 15 minutes. Globalement, ils ont été très satisfaits des goûts et des variétés exposées et chacun avait sa préférence», a constaté le professeur/chercheur de la FAMV.</p> <p>Présentée comme étant la Mecque des producteurs de mangue, le FIM offre cet avantage de fournir beaucoup d’informations et de nouvelles découvertes aux participants. Les membres de chaque délégation participant à cet événement sont retournés chez eux requinqués. À ce sujet, M. Tescar, se montrant assez satisfait des jours du festival affirme avoir gardé trois grands souvenirs de la 27e édition du FIM, en Floride, la mangue haïtienne a bonne presse ; les consommateurs de mangues aiment les mangues haïtiennes ; les mangues dominicaines étaient à l’honneur et le gouvernement dominicain a accompagné les mangues dominicaines au festival.</p> <p>Le rayonnement extraordinaire de la Républicaine dominicaine dans la production et la commercialisation de la mangue dans un laps de temps record n’a pas laissé indifférent le professeur Tescar qui salue les grands travaux réalisés par ce pays notamment :</p> <p> le financement de l’État dominicain dans la filière mangue pour l’année 2019 qui estimé à 2.6 millions de dollars ;</p> <p>En 15 ans, de 2003 à 2018, les Dominicains ont multiplié par 5 leur surface de production qui est passée de 1 332.5 ha à 7 000 ha et par 10 leur volume d’exportation qui est passé de 1 980 à 19 288 ha</p> <p>Malgré cette avancée fulgurante des voisins dominicains dans la filière de la mangue, le professeur/chercheur Robers Pierre Tescar demeure confiant que la mangue haïtienne possède des atouts majeurs pour tirer son épingle du jeu sur le marché juteux dudit secteur. Et son principal atout est sa qualité qui en fait un très apprécié, selon le professeur.</p> <p>Propos recueillis par</p> <p>Le Nouvelliste</p> </p>
<p> <p>Il est difficile de savoir aujourd’hui qui sont vraiment les vrais alliés du président Jovenel Moïse. Tellement les défections ou les mises en garde sévères sont devenues monnaie courante dans son camp. Le président du Sénat de la République, Carl Murat Cantave, invite le chef de l’État à mettre de l’ordre dans sa majorité au grand Corps s’il veut voir son Premier ministre, Fritz William Michel, franchir l’étape de la ratification (1). Le sénateur informe qu’il « y a des frustrations parmi beaucoup de groupes de sénateurs et que c’est au président d’intervenir pour résoudre ce problème ».</p> <p>Le président de la Chambre des députés, Gary Bodeau, y va également de sa petite pique contre le président. « S’il y a encore un président de la République dans ce pays, que des dispositions soient prises», pestait le très influent parlementaire, offusqué de devoir renvoyer la reprise de la séance de mise en accusation du président de la République pour cause d’insécurité le lundi 12 août 2019. Difficile de croire que ces propos proviennent d’un allié indéfectible du président de la République.</p> <p>Mais le coup de grâce allait provenir de l’ex-sénateur du Sud-Est Edwin « Edo » Zenny. Dans une entrevue au micro du journaliste Luckner Désir à l’émission Matin Débat du mercredi 14 août 2019, l’ami proche de Michel Martelly a déclaré que le président Jovenel Moïse est un « fou doux ». Il a pris le soin d’expliquer ce qu’il entend par là : « Quelqu’un qui est à un stade de folie avancée, qui ne s’agite pas, mais qui devrait absolument consulter un psychiatre. » En conséquence, l’entrepreneur demande à l’ex-président Martelly de présenter ses excuses à la nation d’avoir fait le choix de Jovenel Moïse comme son remplaçant au Palais national. </p> <p>L’ancien maire de Jacmel a prêché par l’exemple en demandant pardon à la population du Sud-Est qu’il avait encouragée à voter massivement pour Jovenel Moïse. Il affirme que, dès son élection, l’actuel président a pris ses distances à l'égard de son mentor Martelly. « Il avait promis de corriger les erreurs de Martelly mais il en commet davantage », poursuit-il en prenant pour preuve le fait que le tourisme allait mieux et que l’insécurité était contrôlée avant de conclure de façon péremptoire que le pays allait beaucoup mieux sous l’ère Martelly. En fait, il faut juste admettre que c’était moins mauvais. Mais la base de la déchéance d’aujourd’hui était déjà posée avec lui.</p> <p>Interrogé sur l’appréciation de Martelly concernant ses déclarations fracassantes, l’homme d’affaires du Sud-Est affirme ne faire « qu’interpréter les propos de Martelly tenus récemment à la Henfrasa par le chanteur-président». M. Zenny décrit une situation chaotique dans laquelle est plongé le pays dans son ensemble sous l’ère Jovenel Moïse. Des gens du secteur privé, ajoute-t-il, ne peuvent plus payer leurs hypothèques et les intérêts sur les prêts contractés à la banque. Or, les agents de crédit, poursuit-il, vont jusqu’à risquer leur vie sur des taxis-motos afin de venir réclamer des versements mensuels aux entrepreneurs lors des épisodes « pays lock ».</p> <p> Edwin Zenny croit que Jovenel Moïse ne pourra plus rien faire pour le pays. Sauf que le reste de son mandat suffit à provoquer sa précipitation dans l’abime. Il dit faire désormais partie de l’opposition et demande à Michel Martelly de faire un choix clair concernant Jovenel Moïse. « Si Martelly ne peut plus faire de la politique, qu’il choisisse de faire de la musique. Il doit choisir entre l’un ou l’autre», a-t-il tranché catégoriquement.</p> <p>Comment alors éviter le chaos ?</p> <p>Sur l’alternative pour sortir le pays du chaos, M. Zenny pense que l’ex-président Martelly « doit rassembler ses forces pour réorienter les choses ». Selon lui, tout doit passer par le chanteur puisque « s’il n’y avait pas de Martelly, il n’y aurait pas de Jovenel Moïse. Celui-ci ne serait même pas Casec chez lui». Une façon claire de reconnaitre que l’échec de Jovenel Moïse est également celui de Michel Martelly qui a d’ailleurs influencé toutes les grandes décisions et les choix des dignitaires de l’ère Moïse. Peut-on avoir participé à générer le chaos et ensuite prétendre pouvoir faire éclore de l’ordre de ce chaos ?</p> <p>Le sénateur Zenny pense que les amis de Martelly sont contre Jovenel Moïse et qu’ils ne peuvent pas regarder le pays s’écrouler sous le poids des mauvais choix de l’actuel président. Tout le monde voudrait savoir la position claire de Michel Martelly à l'égard de son poulain. On se demande comment stopper l’hémorragie et empêcher le pays de s’effondrer complètement. L’ex-sénateur du Sud-Est ne se prononce pas clairement en faveur d’un départ du président Moïse mais il ne voit pas non plus de lendemain rutilant de soleil avec « nèg bannann nan » à la magistrature suprême de l’État.</p> <p>Dans un texte publié au journal montréalais Le Devoir le 26 juillet 2019 (2), le professeur Roromme Chantal souligne le fait qu’«Haïti s’enfonce dangereusement dans une crise sociale, politique et économique qui menace d’aggraver davantage la situation déjà tragique du pays ». Sans gouvernement légitime, sans budget, avec des recettes en baisse et une inflation en hausse, le pays semble aller à la dérive. « Le risque qu’Haïti sombre dans le chaos est si réel que des voies autorisées de la société civile nationale, des milieux religieux et du secteur des affaires se relaient à réclamer la démission de Jovenel Moïse, qui s’accroche à un pouvoir dont le contrôle paraît lui échapper irrémédiablement », prévient le politologue Chantal.</p> <p>Frantz Duval, rédacteur en chef du Nouvelliste, parle, de son côté, de la mise en place du chaos en Haïti dans son éditorial en date du 12 août 2019 (3). Selon le journaliste, « les députés qui avaient dû battre en retraite à cause de l’insécurité dans le périmètre du Parlement où manifestants, pneus enflammés et détonations d’armes à feu faisaient décor à la séance ».</p> <p>Un ensemble de défaillances a été signalé par M. Duval : « au Parlement comme en salle d’examen de la Police nationale d’Haïti (PNH), la police a failli à sa mission. Ceux qui doivent veiller à la bonne marche de nos institutions aussi. La déliquescence de l’État et les manquements des hommes qui conduisent la destinée de la nation sont évidents. Pire, cela passe comme une lettre à la poste à chaque fois en dépit du fait que nous dégringolons les échelons dans la course vers le fond. »</p> <p>Quelle est la responsabilité du président Moïse dans la mise en place du chaos ?</p> <p>L’entretien du journaliste Valéry Numa avec le sénateur Joseph Lambert le mardi 20 août 2019 donne des éléments de réponses à cette question. L’animal politique déplore l’inélégance du chef de l’État à son égard qui porte, selon lui, atteinte à sa dignité, son honneur et à sa personnalité. Cette inélégance relevée par plusieurs alliés et/ou ex-collaborateurs du président Moïse a engendré beaucoup de frustrations dans son entourage.</p> <p>Pourtant, le sénateur Lambert ne semblait pas demander beaucoup : un simple appel ou un message texte pour lui dire qu’il n’avait pas été nommé comme Premier ministre lui aurait suffi. « Il m’a craché dessus à deux reprises sans me prévenir. Je ne peux pas continuer à pisser contre le vent », regrette l’ancien conseiller et ami personnel du président Martelly.</p> <p>Le sénateur Lambert ne croit pas vraiment aux motifs avancés par le président Moïse pour de ne pas le retenir comme Premier ministre. Le chef de l’État prétend que c’est la société civile qui ne voudrait pas de lui mais l’ex-sénateur croit plutôt que le président Moïse ne lui fait pas confiance et qu’il est finalement sorti comme le dindon de la farce. Selon lui, Jovenel est méfiant à un point tel qu’il ne fait même pas confiance à Moïse.</p> <p>Comme une grande partie de la population, Joseph Lambert se dit déçu des promesses non tenues de Jovenel Moïse envers lui et son département. Il cite celles de créer des activités économiques à Belle-Anse, de construire la route menant à La Montagne et de fournir le courant électrique dans certaines zones du département du Sud-Est.</p> <p>Jovenel Moïse ne pourra conduire aucun dialogue avec cette posture de promesses non tenues, selon Joseph Lambert. Il confirme pour Valéry Numa que le président lui a confié que « Fritz William Michel, même s’il est ratifié par le Parlement, ne sera pas son dernier Premier ministre». Comme pour donner une lueur d’espoir au sénateur du Sud-Est. Mais cela prouve également que le président n’a aucun problème avec l’instabilité gouvernementale.</p> <p>« Je ne pourrai plus être votre Premier ministre parce que vous n’avez pas confiance en moi», a confié le sénateur Lambert à Valéry Numa comme réponse qu’il a donnée au président Moïse. Il confirme qu’il ne pourra pas non plus supporter Fritz William Michel dans le contexte actuel et qu’il votera contre lui. Il admet aussi que les choix stratégiques et tactiques du président Moïse ne permettront pas au gouvernement de M. Michel d’avoir des résultats probants.</p> <p>Mais pour changer le cours de l’histoire, Jovenel Moïse doit, selon Joseph Lambert, se dépouiller de ses vieux réflexes de méfiance à outrance et de promesses non tenues. Il lui faudrait mettre en place un vrai gouvernement de consensus. Mais dans le cas de ses relations personnelles avec le président Moïse, le sénateur Lambert admet qu’il y a des humiliations que l’on ne peut pas corriger. Au niveau du pays aussi, il y a des choix irréversibles que l’on ne pourra pas renverser.</p> <p>Le président Moïse semble se rapprocher de ce point de non-retour. Il a perdu une pléthore de conseillers, amis et alliés politiques en très peu de temps. Wilson Laleau, Réginald Boulos, Edwin Zenny, Youri Latortue et Joseph Lambert sont des exemples éloquents. Certains proches conseillers ont été renvoyés par un simple report de leur arrêté de nomination sans justification aucune. Sans aucune forme d’élégance non plus. Les résultats concrets du régime Moïse se font encore attendre. Et les moyens s’estompent.</p> <p>Avec Edwin Zenny et Joseph Lambert en moins de deux semaines, Michel Martelly et son clan se soulèvent-ils contre Jovenel Moïse ? Certains disent qu’il s’agit d’une stratégie orchestrée par le leader Tèt Kale pour mieux rebondir en 2022 en dépit de l’échec du président actuel.</p> <p> Quoi qu’il en soit, un président qui n’arrive même pas à entretenir ses alliés peut-il conquérir des membres influents de l’opposition pour assurer une certaine stabilité politique? Cette stabilité incontournable à la relance économique. Des alliés qui deviennent subitement des opposants les plus farouches au pouvoir constituent un élégant indicateur du chaos politique actuel. Les alliés d’hier peuvent être les tombeurs de Jovenel Moïse de demain.</p> <p>Thomas Lalime</p> <p>thomaslalime@yahoo.fr</p> <p>https://www.lenouvelliste.com/article/205823/jovenel-moise-doit-mettre-de-lordre-dans-sa-majorite-au-senat-exhorte-carl-murat-cantave</p> <p>https://vigile.quebec/articles/l-eloge-du-chaos-en-haiti</p> <p>https://lenouvelliste.com/article/205697/la-mise-en-place-du-chaos</p> </p>
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