Elle vivait dans une petite maison à Pétion-Ville, suspendue au vide d’une ravine. Quelqu’un lui avait offert un chevalet. Alors elle se postait, deux cigarettes aux lèvres, sur la terre battue, en maudissant les ferrailleurs, les mécaniciens avec leur moto, les porteurs de charbon, tout ce qui faisait du bruit et de la fumée. Pour compenser, elle peignait le silence et la beauté: dix tableaux en parallèle, une bande de ciel avec un soleil, des nuées d’oiseaux comme des étoiles, des avions gros porteurs, des bus, des maisons, des cérémonies et